VISITE DU CIMETIERE DE MULHOUSE - Site Patrimonial Remarquable / CIRCUIT n°2

Frédéric Lamey est né à Willer-sur-Thur où son père dirigeait les Ets Koechlin. Après une scolarité à Thann puis à Versailles, il prépara l’Ecole Centrale et obtint son diplôme d’ingénieur en 1885. Peu après, il entra à la SACM. Il étudia et fit construire des chaudières de hauts-fourneaux à gaz, des turbines, des machines à imprimer le tissu et le papier, notamment pour l’impression en creux, ce procédé remportant un grand succès dans l’édition d’illustrés. En 1906, Frédéric Lamey devint directeur de la SACM. En 1914, les Allemands l’accusèrent d’espionnage et de communication avec la France. Grâce à ses efforts, il a évité tout dommage aux usines pendant la Grande Guerre. Il démissionna de la SACM en 1927 pour s’intéresser aux cimenteries et à l’utilisation du liège. Nommé président de la Chambre Syndicale de la Mécanique du Haut-Rhin, il présida le Comité de Mécanique de la SIM à partir de 1919. Frédéric Lamey a épousé Claire-Gabrielle Engel, qui décéda quelques mois plus tard. Il se remaria en 1901 avec Suzanne Steinlen. Suzanne Steinlen était apparentée par sa mère à l’ancienne famille mulhousienne Laederich. En 1893, elle s’établit à Gand en Belgique, où elle se maria en 1901 avec Frédéric Lamey*. Personne généreuse, elle se dévoua en faveur des personnes âgées et impotentes. Son patriotisme la conduisit à fonder en 1910 le Cercle des Annales, chargé de faire rayonner l’âme française par la littérature. L’occupant allemand l’expulsa de chez elle, mais elle parvint à rester en Alsace. Pendant la Grande Guerre, elle secourut 3 000 ouvrières que l’arrêt de l’industrie textile avait privées de travail. Pour éviter qu’elles ne soient envoyées dans les usines d’armement allemandes, Suzanne Lamey fonda l’atelier PAGA (de PApier-GArn) qui confectionnait des objets en fibre de papier dans l’usine Schlumberger de la Dentsche. Elle rendit d’innombrables services au Conseil de l’Assistance Publique et à l’Union des Femmes de France dont elle était vice-présidente. Elle fonda le Centre de Puériculture de Mulhouse, qui contribua à faire baisser la mortalité infantile. En 1925, elle reçut la Légion d’Honneur. ☞ VUE PANORAMIQUE

Né à Strasbourg, Louis Loew devint docteur en droit en 1851. Il fut nommé substitut à Colmar, à Strasbourg de 1852 à 1858, puis procureur impérial à Altkirch en janvier 1859 et enfin Président du Tribunal de Mulhouse de 1864 à 1870. Après avoir épousé en secondes noces Caroline Naegely, sœur des industriels mulhousiens Charles et Alfred Naegely, il quitta l’Alsace pour le Havre où il fut Président du Tribunal en janvier 1872. Il se lia avec la famille Siegfried, importateurs de coton. Vice-Président du Tribunal de la Seine à Paris en 1879, il devint en 1880 conseiller à la Cour d’Appel de Paris puis Procureur de la République. Nommé Président de la Cour de Cassation en 1886, il devint Président de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation lorsque celle-ci fut désignée en vue de la révision du Procès Dreyfus en 1898-1899. Défenseur du capitaine, il avait la conviction que celui-ci n’était pas un officier de l’état-major qui avait trahi l’armée ni un enfant de l’Alsace qui avait trahi la France. A sa retraite, Louis Loew fut élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d’honneur. L’une des salles d’audience du Tribunal de Mulhouse porte son nom, ainsi que le parvis du site universitaire « La Fonderie ». ☞ VUE PANORAMIQUE

Fils de Daniel Dollfus-Mieg, Emile Dollfus suivit des études en Suisse et à Bruxelles avant d'entrer en 1823 au Conservatoire des Arts et Manufactures à Paris. Il apprit la filature et le tissage du coton chez DMC, dont il devint directeur en 1827. On lui doit la création du célèbre fil à coudre. Il fut l’un des fondateurs de la SIM qu’il présida dès l’âge de 29 ans jusqu’à sa mort. Devenu Colonel de région des Sapeurs-Pompiers, il créa la première caserne d’infanterie de Mulhouse. Emile Dollfus a beaucoup contribué à l’amélioration de la Ville (creusement du Canal de l’Ill, promotion de l’instruction populaire, restauration de l’Hôtel de Ville…). Sa carrière politique fut riche : commandant de la garde nationale, Maire de Mulhouse de 1843 à 1849 et député du Haut-Rhin de 1846 à 1848. Emile Dollfus fut membre de l'Assemblée constituante puis de l'Assemblée législative de la deuxième République. Président de la loge La Parfaite Harmonie de 1835 à 1841 et de 1843 à 1846, il fut décoré de la Légion d’Honneur en 1841. ☞ VUE PANORAMIQUE

Le fils de Daniel Dollfus-Mieg, fondateur de DMC, fut physicien et chimiste, spécialisé dans les colorants. Après avoir fréquenté l’école cantonale d’Aarau en Suisse, il étudia la chimie à Paris de 1814 à 1815 avec son maître Michel-Eugène Chevreul. En 1820, il se maria avec Caroline Ausset, dont il eut seize enfants. A partir de 1818, il prit la direction technique de la fabrique d’impression sur tissus DMC. De ses voyages en Angleterre, il rapporta des innovations dont bénéficia l’entreprise (roues de lavage, chauffage à la vapeur des cuves de teinture, impression en douze couleurs…) En 1855, Daniel Dollfus-Ausset créa un atelier de gravure sur plaques de métal. Membre fondateur de la SIM en 1826, il se retira tôt des affaires pour devenir un pionnier de la glaciologie alpine, d’où son surnom de Gletscher Dollfus. Il publia de nombreux ouvrages scientifiques. Ses premiers daguerréotypes du Mont-Blanc réalisés en 1849 par Gustave Dardel sont conservés à la Bibliothèque de la SIM. ☞ VUE PANORAMIQUE

Née Sandreuter, famille bâloise renommée, Véronique Filozof fut une artiste dessinatrice talentueuse et prolifique. Habitant Bâle jusqu'en 1922, sa famille l'a ensuite envoyée à Troyes pour perfectionner son français.Elle s'est mariée et s'installe en France. En 1941, pendant l'occupation, elle se réfugie en Dordogne.Puis elle retourna à Mulhouse en 1948, où elle a eu la révélation de son talent.Elle trouve une source d'inspiration à travers des textes littéraires ou sacrés mais surtout elle cherche à exprimer son amour pour la nature, les animaux, les hommes. Elle représente la vie quotidienne des gens de son époque, dépeint l'évolution de la société, ses progrès mais aussi, artiste engagée, les grands conflits de l'histoire (révoltes, guerres). Son « Mai 68 » fut acquis par le Musée d’Art Moderne de Paris.Entre 1948 et 1977, elle participa à plus de 130 expositions en France et à l’étranger, dont une vingtaine à Mulhouse. Ses Fables de la Fontaine et les Histoires de l’Ours Hannibal ont obtenu le prix du meilleur livre suisse en 1962. En 1974, elle aborda la décoration murale. Ses dessins au caractère naïf montrent de façon inventive le travail des ouvriers et la vie paysanne. Deux œuvres remarquables se trouvent à Mulhouse : le panneau Jérusalem au temps du Christ, au Temple Saint-Jean et une dalle en marbre blanc dans le porche de l’Église du Sacré-Coeur. ☞ VUE PANORAMIQUE

Jacques Hartmann fit ses études à Mulhouse et à Vevey (Suisse). Il entra en 1811 chez Dollfus Mieg et Cie, puis en 1820 dans la fabrique d’indiennes Liebach-Scheurer à Thann. Vice-président de l’hôpital et adjoint au maire de Thann entre 1827 et 1829, puis Conseiller général du canton de Thann, il fonda la Filature de laine peignée de Malmerspach et fit construire un hospice et une école de perfectionnement des ouvriers. Il publia en 1870 "Voyage dans le Nord et dans l’est de l’Europe". Il fut Chevalier de la Légion d’Honneur. Le mausolée néo-classique de la famille Hartmann est l’expression architecturale la plus aboutie du temple gréco-romain. Quatre colonnes doriques, contribuant à la monumentalité de l’édifice, supportent un entablement au nom de la famille. Le fronton triangulaire est surmonté d’acrotères latérales à décor de palmettes. Le style rigoureux contraste avec la richesse des détails : papillon de l’antéfixe, rare dans l’art funéraire alsacien, sablier ailé, belle grille ornée de pavots et de raisins symbolisant le sang du Christ. ☞ VUE PANORAMIQUE

Henri Haeffely s’est installé à Pfastatt lorsque son grand-père suisse loua une partie de l’ancien domaine des Seigneurs Zu Rhein. Il fit construire une blanchisserie artisanale pour y traiter les étoffes écrues. Il succède à son père en 1848 pour diriger l’entreprise de Pfastatt le Château. Il débuta la teinture des doublures en 1849 et leur impression en 1868. En 1870, il s’associa avec Auguste Lalance et Gustave Schaeffer pour hisser la société au premier rang des maisons d’impression sur tissus alsaciennes. Henri Haeffely devint maire de Pfastatt de 1846 à 1871. Élu largement en 1874 au Reichstag, il fit partie des députés protestataires d’Alsace. Ce philanthrope a créé l’hôpital de Pfastatt une école et des salles d’asile. Il fut décoré de la Légion d’honneur.L’édifice funéraire comporte une stèle à quatre faces surmontée d’un fronton triangulaire, structure fréquente au XIXe siècle. Les angles sont marqués d’un flambeau inversé qui évoque la fin de la vie. Une couronne d’immortelles et une urne à couvercle drapée dominent l’ensemble. ☞ VUE PANORAMIQUE

Emilio Noelting fut une personnalité hors du commun, qui a marqué l’univers de la chimie mulhousienne. Élève de l’École centrale de Paris, il termina ses études dans la section de chimie du Polytechnicum de Zurich. Assistant de Victor Meyer et du professeur mulhousien Émile Kopp, il passa son doctorat en 1875. Après plusieurs années passées dans l’industrie de la soie et des colorants, il devint en 1880 directeur de l’École de Chimie de Mulhouse, jusqu’à son expulsion par les Allemands en 1915. Il se réfugia alors à Genève jusqu’en 1919. L’école ne cessa d'être, pendant le demi‑siècle de séparation de la patrie, un foyer de rayonnement des idées françaises sur la petite province détachée de la nation. Emilio Noelting apporta un concours significatif à la connaissance des matières colorantes et de leurs propriétés tinctoriales. Il a considérablement développé l’enseignement et la structure pédagogique. Sous son impulsion, plus de cent thèses de doctorat ont été présentées et 1 200 ingénieurs formés. ☞ VUE PANORAMIQUE

Édouard Beugniot, né à Masevaux, est entré comme apprenti-mécanicien dans l’entreprise Koechlin où il a fait une carrière d’ingénieur. En 1846, il fut nommé directeur du département des locomotives, avant de codiriger l’usine qui deviendra la SACM à partir de 1872 après la fusion avec l’usine de Graffenstaden. Édouard Beugniot a notamment conçu avec Alfred de Glehn* un système d’articulation des essieux-moteurs des locomotives à vapeur de montagne, leur permettant de gravir de fortes rampes et de négocier des courbes de faible rayon. L’enclos funéraire est délimité par une grille en fer forgé décorée de capsules de pavots. Il se compose de trois unités de styles différents : le monument central, surmonté du buste du défunt, avec colonnettes aux angles. La stèle de gauche est néo-gothique, tandis que celle de droite, cintrée, avec couronne de roses en relief, est de tradition néo-classique. Le buste, signé Widmaier, porte l’inscription :  À Edouard Beugniot, ses ouvriers et ses collaborateurs. ☞ VUE PANORAMIQUE

Jean Dollfus fut l’un des dirigeants emblématiques de l’entreprise familiale Dollfus Mieg et Cie (DMC). Il révolutionna l’industrie de la laine peignée en introduisant le procédé Hubner. Il assura à l’entreprise une réputation mondiale pour la qualité de ses tissus imprimés. Jean Dollfus a donné une inflexion majeure à la philanthropie patronale en s’impliquant dans la question du logement ouvrier. Il fonda en 1851 la SOMCO (Société Mulhousienne des Cités Ouvrières), qui édifia 1 200 maisons unifamiliales avec accession à la propriété. Jean Dollfus fit construire les célèbres carrés mulhousiens. Parmi ses nombreuses oeuvres : les salles d’asile et hospices, la Caisse d’Épargne pour les ouvriers, des écoles… Élu maire entre 1863 et 1869, il a profondément modifié la physionomie de la ville. Président de la Chambre de Commerce de 1842 à 1846, il s’impliqua beaucoup dans la SIM. Conseiller général de 1862 à 1870, puis élu au Reichstag en 1877, il fit partie des députés protestataires alsaciens. La chapelle Dollfus est l’une des plus remarquables du cimetière de Mulhouse. Des flambeaux renversés encadrent ses angles, symbolisant la vie qui quitte le corps du défunt et la lumière qui éclaire le monde obscur de la mort. ☞ VUE PANORAMIQUE

Apprenti dessinateur à douze ans dans l’usine textile Thierry Mieg et Cie, Auguste Lustig entra comme retoucheur dans les ateliers photographiques Kohler-Dietz. Il commença à écrire ses premiers poèmes en français et en allemand au cours de son service militaire. Saisi de doutes après l’Annexion, ayant la nostalgie de la vieille Alsace et de sa langue ancestrale, il publia son premier recueil en dialecte haut-rhinois en 1875. Il se lança quelques années plus tard dans l’écriture de vaudevilles. Toutes ses comédies et drames connurent un vif succès. Il a produit 300 poèmes et 26 pièces de théâtre. Situé dans un enclos, l’obélisque en marbre noir signé Voegelin, est posé sur un soubassement en granit. Le médaillon en bronze du défunt a été réalisé par Mathieu Kohler. Sur sa tombe figure un extrait de son poème Miad (fatigué) : La seule chose que je souhaite encore et qui mettrait fin à tout, c’est de m’endormir paisiblement le soir dans mon lit et ne plus me réveiller. ☞ VUE PANORAMIQUE

Après de premières études à Mulhouse, Robert Breitwieser poursuit sa formation artistique à Stuttgart puis à Munich et à Paris, où il établit son atelier en 1928. Fervent admirateur de Cézanne, Van Gogh et Gauguin, Robert Breitwieser, aquarelliste, graveur et sculpteur, peut être qualifié de post-impressionniste, bien que sa façon de peindre évolue constamment. Son oeuvre témoigne d'une influence régionale certaine. Robert Breitwieser exposa pour la première fois en 1922 à Mulhouse, puis à travers toute l’Alsace et à Paris où, à partir de 1945, il participe régulièrement à diverses expositions. C’est essentiellement un peintre de la nature, bien que s’intéressant aussi au portrait et à la nature morte. Paris l’enrichit, mais l’Alsace le conforte dans son art. L’artiste y capte toutes les particularités en usant de couleurs reflétant l’atmosphère et la lumière des lieux. ll se lie d’amitié avec le poète Nathan Katz* et le compositeur Henri-Alexandre Meyer, sensible à la musicalité de sa peinture. ☞ VUE PANORAMIQUE

Jean Hofer fut l’un des derniers bourgmestres en exercice de l’Ancien régime mulhousien (de 1796 au 15 mars 1798). Il était l’héritier d'une longue lignée au pouvoir dans l’ancienne ville-république indépendante. Jean Hofer avait vu émerger les idées nouvelles qui préparèrent les esprits au rattachement de Mulhouse à la France en 1798, seule issue aux barrières commerciales ayant entravé l’industrie locale à partir de 1785. Jean Hofer fit partie de la députation envoyée à Paris pour défendre les intérêts de Mulhouse auprès du gouvernement royal. Il fut un fabricant dynamique, chef de la maison d’impression Heilmann-Hofer & Cie à l’origine de l’usine de la Dentsche (impression à la main, foulons, rinçage) et de la Mer Rouge, près de Dornach (teinture), dirigée plus tard par son petit-fils Jules-Albert Schlumberger.                                                                                                                                                                              La chapelle à longue nef rectangulaire évoque un édifice à portique de la Renaissance italienne. Il est percé de trois grandes arcades en plein-cintre avec des colonnes à chapiteaux corinthiens. De fines grilles en fer forgé délimitent le territoire des défunts. ☞ VUE PANORAMIQUE

Les frères Schlumpf ont davantage marqué l’histoire mulhousienne par leur passion pour les automobiles anciennes que par leur activité industrielle. De nationalité suisse, Hans et Fritz, descendent d’un père négociant en textile, décédé en 1919. Son épouse Jeanne Becker, d’origine mulhousienne, a élevé ses fils. Habiles spéculateurs financiers, les deux frères firent rapidement fortune. En 1935, après la dépression économique, ils acquirent la filature de Malmerspach dans la vallée de Thann. Ces artisans d’un empire textile rachetèrent des industries lainières en difficulté. C’est ainsi qu’ils acquirent la Filature mulhousienne de laine peignée Gluck, avenue de Colmar. Au début des années 1970, ils subissent de plein fouet la crise du textile, qui met fin à leurs activités. Ils ont constitué une prestigieuse collection d’automobiles anciennes, notamment d’illustres Bugatti, dont la découverte défraya la chronique. Suite à de nombreuses péripéties judiciaires et politiques, la collection donna naissance à l’actuelle Cité de l’automobile de Mulhouse. Si Fritz Schlumpf est bien enterré au cimetière central de Mulhouse, son frère Hans repose lui, au cimetière du Hörnli, à Bâle-Riehen. ☞ VUE PANORAMIQUE

Jules Spengler représentait une figure atypique dans le milieu patronal mulhousien de son époque : d’origine modeste, de confession catholique, alors que les grandes dynasties industrielles étaient protestantes. Sa carrière a débuté comme employé de banque, avant que ses activités ne le mènent entre France et Allemagne. Patron très sociable, il a oeuvré dans les secteurs inédits à Mulhouse de l’aviation et de l’armement, ce qui explique qu’il n’ait pas été membre de la SIM, malgré une carrière exceptionnelle. En 1906, il s’associa avec Georges Chatel pour carrosser des voitures à façon. Ils créèrent ensemble l’usine Aviatik de Mulhouse en 1909, où furent assemblés les premiers aéroplanes. En 1919, il créa l’entreprise Manurhin (machines alimentaires, appareils de mesure, munitions). En 1945, la société se développa (armes légères pour la Police nationale, machines-outils et scooters) comptant jusqu’à 5 500 employés dans les années 1970. ☞ VUE PANORAMIQUE

Entre les deux guerres, l’industrie mulhousienne a eu du mal à se réinsérer dans l’économie française. Sur fond de crise mondiale apparaissent d’importants remous sociaux opposant le parti de l’ordre et celui du mouvement, qui permit en 1925 l’élection d’Auguste Wicky, premier maire socialiste de Mulhouse. Il a promu une oeuvre sociale sans précédent et procuré du travail à des milliers de Mulhousiens, à la faveur de grands chantiers (régulation de la Doller, espaces verts…). Des programmes de logements entre 1928 et 1936 ont sensiblement amélioré les conditions de vie (cités Wolf, Haut-Poirier, Drouot). Auguste Wicky intervint également dans le domaine de la santé et initia d’importants travaux de voirie. Deux grandes églises furent érigées : Sainte-Jeanne d’Arc en 1935, oeuvre de l'architecte Kirchacker et Sainte-Thérèse en 1940. Exilé en Lot et Garonne par l’occupant nazi, Auguste Wicky reprit son poste de maire à la Libération, avant de démissionner en 1946 pour raisons de santé. ☞ VUE PANORAMIQUE

La congrégation catholique des Sœurs du Très Saint Sauveur (Sœurs de Niederbronn) fut fondée en 1849 par Élisabeth Eppinger. En mars 1853, les premières Sœurs arrivèrent à Mulhouse pour s’occuper des pauvres et des malades à domicile. Il s’agissait de la réponse catholique à l’initiative de la communauté protestante qui fit venir une Sœur diaconesse de Strasbourg en 1851. En 1856, le comité de patronage de la paroisse Saint-Etienne fonda une communauté d’ouvrières et d’adolescentes sans famille, la Cénobie et un orphelinat pour les filles. La maison rue du Bourg, acquise par les Sœurs, accueillit 50 pensionnaires. Une clinique fut ajoutée en 1900. En 1899, la Congrégation acquit le Château Rieff-Zu Rhein* de Dornach pour y loger de jeunes orphelins et des apprentis. En mai 1911, l’orphelinat de garçons Saint-Joseph vit le jour. En 1923, les orphelines sont transférées de la rue du Bourg vers Dornach. L’établissement hébergea jusqu’à 320 garçons et filles en 1937. La maison de retraite municipale du Pfrundhaus fut également dirigée par les Sœurs de Niederbronn. ☞ VUE PANORAMIQUE

Né en Haute-Saône, Etienne Miquey a dirigé à partir de 1833 une maison de commerce à Mulhouse. En 1844, il épousa Joséphine Fillat, originaire de Sélestat. De confession catholique, le couple n’eut qu’un seul enfant, mort en bas âge. Dès lors, ils développèrent des actions philanthropiques auprès du curé de leur paroisse, l’Abbé Lutz. Etienne Miquey a acheté en 1856 l’ancienne manufacture Godefroy Heilmann rue du Bourg, où sera hébergé l’Orphelinat dirigé par les sœurs garde-malades de la Congrégation du Très Saint Sauveur de Niederbronn. En 1880, le couple Miquey participa à la construction du Cercle Catholique Saint-Etienne, rue Jacques Preiss. Dans le cadre des Conférences Saint-Vincent de Paul, Joséphine Miquey s’occupa également des soins aux blessés de la guerre 1870-71 et de l’oeuvre sociale du chanoine Winterer. Sur le terrain qu’ils ont acquis rue du Chant des Oiseaux au Rebberg, fut aménagé un jardin d’été à leur nom, pour les jeunes ouvriers. ☞ VUE PANORAMIQUE

Né à Colmar au sein d’une famille d’origine italienne, Henri Cetty a intégré le grand séminaire de Strasbourg et fut ordonné prêtre en 1872. A 25 ans, il devint directeur du Séminaire de Zillisheim, fermé en 1874, pour éviter de subir l’autorité prussienne. Henri Cetty devint ensuite précepteur d’une famille de Guebwiller, où il fut confronté aux réalités de la condition ouvrière, qui inspirèrent ses actions futures. Il fut nommé vicaire à Saint-Etienne de Mulhouse en 1878, aux côtés du Chanoine Winterer*. Située au coeur du quartier ouvrier qu’il affectionnait, l’église Saint-Joseph dont il devint curé, fut érigée en 1883. Pour contrer l’influence croissante des socialistes, il créa de nombreuses œuvres sociales (caisses de maladie, patronages, crèche, chorale…), dont la plus connue fut le Crédit Mutuel Saint-Joseph. Les ambitions politiques d’Henry Cetty furent déjouées par Landelin Winterer, qui ne voulait pas attiser le courant anticlérical. ☞ VUE PANORAMIQUE

Nathan Katz est né à Waldighoffen dans le Sundgau. De confession israélite, il a fréquenté l’école catholique. Il fut d’abord employé de bureau à la filature Emanuel Lang jusqu’en 1914. Mobilisé dans l’armée allemande, il fut blessé sur le front russe. Rapatrié en Alsace pour y être soigné, on le renvoya au front, où il se fit porter prisonnier. Il composa ses premiers poèmes en captivité. En 1916, il est rapatrié en France et travaille dans une usine de munitions au Creusot. En 1930, il publie le recueil de poésies Sundgaü ainsi qu’un recueil de contes en allemand : Die Stunde des Wunders. Pendant la deuxième guerre, il fut mobilisé en Algérie. En 1948, le maire de Mulhouse Auguste Wicky lui procura un poste à la bibliothèque municipale. Auteur incontournable du patrimoine dialectal, il fait du Sundgau sa patrie littéraire, dont il fait redécouvrir les racines et les coutumes. Nathan Katz a par ailleurs traduit en alsacien l’oeuvre de Charles Péguy, d’Edgar Poe et de William Shakespeare. ☞ VUE PANORAMIQUE

Ce robuste sundgauvien, issu d’un milieu paysan, est né à Riespach. Lors de ses études à Berghmans en Belgique, il découvre la littérature et apprend le latin. Défenseur acharné de l’Alsace, écrivain et poète, il fut un pilier du théâtre alsacien. Antoine Troxler débuta comme employé de banque, puis devint officier de police. Son père le fit entrer au Théâtre alsacien de Mulhouse, où il a appris le métier de comédien et de metteur en scène. Incorporé en 1939 sur le front de la Somme, il s’est réfugié en Suisse à son retour, refusant d’endosser l’uniforme allemand dans l'Alsace annexée. Après guerre, il débuta avec courage une carrière de cabarettiste bilingue, puis devint présentateur de variétés, réalisateur d’émissions en alsacien, langue à laquelle il consacra sa vie. Cet homme de théâtre mena avec son complice Freddy Willenbucher, les Herre n’Owa, soirées de cabaret réservées aux messieurs, inspirées de la Commedia dell’Arte. Antoine Troxler porta sur scène les classiques de la littérature alsacienne, dont la pièce Annele Balthasar de son ami Nathan Katz. Se qualifiant de saltimbanque, vagabond et philosophe. Il s’est créé le personnage de Seppi vun der Wàltz. ☞ VUE PANORAMIQUE