Micro-circuit n°2 "Ombret, entre patrimoine industriel et nature"

Ce pont a toute une histoire. Edifié en fer avec un platelage en bois entre1869 et 1872, il n’avait qu’une seule voie. Un pontonnier réglait la circulation. Vous voyez ce pont sur cette carte postale ancienne, emprunté par un homme chargé d’un gros sac, sans doute un sac de farine qu’il allait faire moudre aux moulins d’Ombret. Le 4 août 1914, l’armée belge se résout à faire sauter le pont pour tenter d’arrêter l’avance allemande. Réparé, il est à nouveau détruit en mai 1940. Le pont actuel a été inauguré en 1951. Sa rampe d’accès a été modifiée lors de la construction de la route à4 bandes, le long de la Meuse, côté Ombret.

Au n°15, l'ancienne maison communale, attenante à l'ancien presbytère, accueille aujourd'hui des appartements.Agrandissement d’une maison du 18e siècle, sa façade, de style néoclassique, est caractéristique des bâtiments publics du 19e siècle.L’arrière du bâtiment qui abritait la maison communale a conservé sa façade du 18e siècle avec son balcon de ferronnerie.Le jardin qui allait autrefois jusqu’à la Meuse est aujourd’hui divisé en jardinets pour les résidents de l’immeuble.

Après l’ancienne maison communale, vous ne pouvez manquer la grotte dédiée à Notre-Dame de Lourdes. Construite au chevet de l’église en 1936-1937. sur les plans de l'architecte Jacques de Looz avec les briques et le savoir-faire des habitants du quartier, elle est une réplique fidèle de celle de Lourdes. Elle contiendrait, insérée dans le cimentage, une pierre de la grotte de Massabielle.La bénédiction de la grotte, qui a eu lieu en grandes pompes le 6 juin 1937, est relatée dans un long article du Journal de Huy.Elle a donné lieu à une grande fête paroissiale et à une ferveur qui ne s’est pas démentie par la suite. De nombreuses neuvaines y ont été célébrées. Le 23 mai 2009, la petite Océane Lallemand y a été baptisée. L'abbé Thomas Sabbadini, curé d'Amay depuis l'été 2020, a le projet d'y dire la messe le 15 août, jour de l'Assomption.

Construite en 1871 sur les plans de l'architecte liégeois Eugène Halkin, cette église néogothique aux dimensions imposantes pour la localité, a été endommagée durant la guerre 40-45. Toutefois, on a pu sauver une statue de saint Roch du 17e siècle, un ostensoir-soleil qui fait partie du trésor de la collégiale d'Amay, 3 vitraux qui, après restauration par l’atelier Mano Giusti, occupent depuis 1999 le choeur de l’église Notre-Dame de la Neuville à Neupré et, miracle, les 2 cloches de l’église. Réquisitionnées parles Allemands, récupérées après la guerre et dorées, elles sont maintenant installées sur un petit muret, à l’ombre de la collégiale d’Amay.Un nouvel avenir se dessine toutefois pour l’église avec un projet de réaffectation de celle-ci en 20 logements et l’aménagement d’une liaison cyclable et piétonne avec le pont. Les travaux devraient débuter en 2022.

Le grand espace vide de l'autre côté de l'église était avant-guerre animé d’une vie intense.En 1870, Auguste Jabon décidait d’y implanter un chantier naval. Ses 2 fils formeront le chantier naval A. Jabon et frères.Ces capitaines d’industrie y développent l’activité, qui acquiert une réputation internationale, grâce à leur dynamisme et à leur savoir-faire.Ils sont les premiers à construire des péniches métalliques en Belgique. C’est ainsi qu’en1884, ils obtiennent la commande d’un bateau-mouche destiné à naviguer sur la Seine durant l’Exposition internationale de Paris de 1889 : le Touriste 1.En 1900, le chantier emploie déjà plus de 120 ouvriers. Ils seront 200 en 1932 et le double pendant la guerre. Une grande partie de la population d’Ombret, de Hermalle, de Clermont et d’Amay y travaille.En 1940, la direction de l’entreprise collabore avec l’occupant. Le chantier naval sera alors placé sous séquestre après la guerre et mis en liquidation en 1948.

Face au chemin, au n°11, l’ancien café de la marine...Ils restent aussi les habitations de Clovis Hacha-Jabon (Grand-Route, n°42) et de Van Thiel-Jabon que nous aurons l’occasion de découvrir plus loin et deux bateaux-mouches, le Touriste 1 ainsi que le Touriste 4, construit en 1907. Tous deux sont classés comme monuments.Reste aussi, chez certains habitants, le souvenir du bruit assourdissant du martèlement des tôles qui accompagnait le placement des rivets.Ce quartier est décidément chargé d’histoire. Les Romains y avaient construit un pont pour permettre le passage de la voie romaine Metz-Arlon-Tongres. A proximité de ce pont, à l’abri des inondations, s’était installé un quartier résidentiel ainsi qu’un établissement de bains publics.

40 mètres plus loin, toujours dans la rue du Centre au n°8, on découvre, au fond d'une rue pavée, une belle maison en T en brique et calcaire avec, de part et d'autre, deux anciens bâtiments de meunerie.Celui de droite porte encore le nom du propriétaire de la fin du XIXe : Moulins Mouton frères. C'est un des frères Mouton, Marcel, qui, en 1900, a fait construire et a habité la maison de maître de style éclectique que vous voyez au n°7 à proximité du moulin.Par la suite, ces moulins seront exploités par les familles Courtois puis Stasse.Aujourd’hui, les moulins sont silencieux mais écoutons Josée Raes qui y a travaillé : elle réparait des sacs de jute dans un petit atelier. « Il y avait une grande activité… Une personne de l’équipe faisait la tournée pour prendre les commandes… Les camions venaient décharger les grains et charger les sacs de farine… Avant, cela se faisait par des charrettes tractées par des chevaux…Il y avait tellement de bruit et de vibrations qu’il était difficile de se parler sans devoir arrêter la mécanique… Le soir, les meuniers se réunissaient dans la cour avec les voisins autour d’un verre… »

Vous vous trouvez dans une ruelle pavée. De part et d’autre, deux habitations, qui s’appuient sur l’affleurement schisteux, retiennent notre attention. La première à droite (n°26 , rue Fouyet) abrite encore la meule et le mécanisme d’un moulin à eau. L’eau descend en cascade à l’arrière de cet ancien moulin. La roue métallique à augets y est encore présente. Le propriétaire, amoureux du patrimoine, a le projet de la faire restaurer. L’eau y arrive par la dérivation du ruisseau du Fond d’Oxhe qui commence au Pré-Nizet. Cette dérivation ou bief s’appelle la Vignette. Il rappelle qu’autrefois, le coteau était couvert de vignes jusqu’à la Meuse.

Le toponyme Fouyet, lui, rappelle peut-être, qu’il y a longtemps - à l’époque romaine ou carolingienne ? - on a fouillé le sol, creusé dans le schiste un canal de dérivation du ruisseau du Fond d’Oxhe, créant ainsi une chute d’eau d’une vingtaine de mètres, pour y faire fonctionner 3 ou 4 moulins.Leurs roues à aubes étaient disposées en série sur le canal. Amay y possédait un moulin banal, de même que l’abbaye de Flône et le seigneur de Clermont.Ces moulins étaient sources de revenus. Les habitants étant tenus de les utiliser, chacun des propriétaires voulait en tirer profit.La carte de Ferraris de 1777 montre, en bleu, le bief qui alimente les moulins. Ceux-ci sont symbolisés par une roue que nous avons surlignée en jaune.L'autre trait bleu qui part vers la droite du plan est l'Oxhe qui va contourner le Thier d'Olne.Carte issue de la Bibliothèque Royale de Belgique.

S’arrêter un instant sur la passerelle métallique qui enjambe le ruisseau. Revenant sur vos pas avant d'emprunter le Thier d'Olne, vous apercevez en face de vous la Vignette qui descend derrière le vieux moulin.

Une partie de l'Oxhe est déviée pour alimenter les moulins.Sur la photo, le lit de l'Oxhe est celui qui fait face au lecteur ; le bief, plus étroit, se dirige vers la droite de la photo.

En partie du 17e siècle, cette habitation, située à l’entrée de l’ancien Fouyet et disposée en 2 niveaux, pourrait bien être elle aussi un ancien moulin.

Le sommet du plateau du thier d’Olne domine la Meuse. Il est occupé par une forêt de feuillus et de conifères.Ce promontoire, propice à la défense, a été occupé à la préhistoire, dès le paléolithique. Le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz y fait des fouilles depuis 35 ans. Jacques Witvrouw en fait partie, il explique :Au milieu du 7e siècle, une famille de l’aristocratie mérovingienne s’y est installée. Les fouilles ont révélé l’existence d’une habitation et d’un édifice funéraire entourés d’un enclos palissadé.L’habitat est agrandi à l’époque carolingienne et l’édifice funéraire mérovingien est remplacé par une petite église entourée d’un cimetière.Vers 800, le domaine est transformé en une véritable villa carolingienne avec un grand bâtiment résidentiel, une église devenue paroissiale et, autour d’une grande cour intérieure, un second édifice résidentiel et un édifice de stockage des denrées.Le lieu semble avoir été abandonné vers l’an 1000 pour un autre, plus adapté à son époque : le rocher d’Engihoul à Clermont.Autrefois habité et cultivé, le site, classé comme Site de Grand Intérêt Biologique, est maintenant retourné à la nature et fréquenté par les promeneurs et les joggeurs.

En descendant, le chemin empierré quitte la forêt et le paysage s’ouvre sur la ferme de Hottine et ses terres de culture, ancienne propriété de l’abbaye de Flône.Acquise en 1262 par l’abbaye, elle se situe presque en face de celle-ci, sur le territoire d’Hermalle-sous-Huy.La ferme actuelle a été construite entre 1646 et 1715.Le portail monumental, avec ses ailerons àvolutes, est très semblable à celui de l’abbatiale de Flône.Sa clé trapézoïdale contient, outre les habituels crosse et sudarium des abbés, les armoiries de l’abbé Louis de Jaymaert (1693-1721) avec sa devise latine Industria et Fortitudine (Avec détermination et courage).

En face, au n°3, se trouve la maison Van Thiel-Jabon. Sur votre gauche, un passage souterrain passe sous la chaussée pour vous ramener en face de la grotte.