EYGUIÈRES - La Routo : le massif du Défends

Le château de la reine Jeanne et sa chapelle, édifiés entre le XIe et le XIIIe s., sont marqués par une histoire tumultueuse. Cette position stratégique permet de contrôler militairement et économiquement les vallons d'Eyguières et les voies de communication au Sud et à l'Est des Alpilles, garantissant à son propriétaire des revenus considérables. Ces  points de passage majeurs ont longtemps permis aux troupeaux transhumants de la Crau de prendre la Routo des alpages.

A la charnière entre la plaine de la Crau et la basse vallée de la Durance, le village d'Eyguières occupe un vallon abrité par les collines du Mont Menu, du Défends et de Roquemartine. Le village a, dès le XIe s., profité de ce site unique et de l’abondance des sources, vite canalisées et valorisées, pour s'implanter. Ces résurgences ont donné son nom et ses armes à la commune : Eyguières, autrefois orthographié « Aiguières », vient du provençal « Eiguiero » et désigne un vase pour mettre l’eau. Les nappes souterraines du massif du Défends alimentent en eau les trois sources naturelles du village : la fontaine Gilouse, la fontaine des Bormes et la Font Vieille.Au loin se dessinent les Opies, point culminant des Alpilles s'élevant à 498 m.

Sous l'Ancien Régime, un « défends » est une terre dont un seigneur se réserve la jouissance exclusive. Toute activité (chasse, cueillette, collecte de bois mort ou pâturage) y est interdite à la population. De nombreux procès opposèrent les communautés à leurs seigneurs concernant les droits d’usages de ces territoires. À Eyguières, le Comte de Sade (lointain parent du Divin Marquis) avait mis en défends l’ensemble de ce massif. Jusqu’à la Révolution, le pâturage des troupeaux y était donc interdit.

La silhouette reconnaissable du Mont Ventoux, le « géant de Provence », marque la ligne d'horizon. Couronné d'éclats de calcaire blanc qui lui donnent une allure enneigée, il est le point culminant des monts de Vaucluse avec ses 1911 m d'altitude. Sur sa gauche, au premier plan, les falaises qui ferment la plaine de Roquemartine marquent la limite orientale de la chaîne des Alpilles. Le massif du Luberon leur fait face, séparé des Alpilles par le lit de la Durance.Durant des siècles, le franchissement de la Durance était rendu difficile par les crues fréquentes et redoutables de la rivière. L'un des seuls passages sûrs pour les Hommes, les marchandises et les troupeaux pour rejoindre Cavaillon, Apt et, au-delà, les Alpes, était un bac établi dans les environs d'Orgon. 

L’eau a toujours été une préoccupation majeure dans les terroirs provençaux. Avec le canal de Craponne à la fin du XVIe s., les eaux limoneuses de la Durance bouleversent les paysages arides. Pendant tout le XIXe s., les canaux connaissent un développement considérable, et en 1914, le canal de la Vallée des Baux permet l’irrigation des terres du sud des Alpilles. Il arrose environ 2 800 ha de terres agricoles : champs d’oliviers, vignes, arboriculture, céréales et légumes.

La fontaine Gilouse est une source alimentée par une résurgence naturelle des eaux souterraines du massif du Défends. Cette fontaine a été aménagée en 1774. Elle alimente un petit lavoir à ciel ouvert datant de 1664, encore visible aujourd’hui.