CUGES-LES-PINS - Crête de la Sainte-Baume et Jas de Frédéric

Le gemmage est une technique qui permet d’extraire la résine ("pègue" en provençal) des pins, en pratiquant une incision verticale et superficielle dans l’écorce, nommée "care". La résine s’écoule de cette blessure et est recueillie dans un petit pot en terre fixé à la base de l’entaille. Une lame clouée dans le tronc sert de gouttière pour guider l’écoulement. La résine ainsi récoltée était utilisée pour de nombreux usages, de la fabrication de gomme à mâcher à celle de savons.

Au sommet du pic se trouve la station radar secondaire de la Sainte-Baume, gérée par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Elle regroupe des équipements radio et radar essentiels au contrôle du trafic aérien civil dans le sud-est de la France, en lien avec le Centre en Route de la Navigation Aérienne (CRNA) sud-est, basé à Aix-en-Provence depuis 1948. Installé dans les années 1950-60, le radar a été rénové puis remis en service au début des années 2000.

Il y a plusieurs millions d’années, sous la pression d’une vague calcaire provenant du sud et chevauchant le flanc nord, le sol a basculé, donnant à voir la haute et longue chaîne de la Sainte-Baume. Du haut de ses 1148 m, la montagne de la Sainte-Baume et sa falaise calcaire de 12 km de long dominent la Basse-Provence. Sculptés dans le calcaire, les paysages contrastent entre une nature aride propre au sud de la France, sur ses flancs sud et ouest, et une végétation fraîche dans sa partie nord.

À l’extrémité ouest de la chaîne de la Sainte-Baume, le Pic de Bertagne domine le vallon de Saint-Pons et le village de Gémenos avec sa silhouette caractéristique. Point culminant des Bouches-du-Rhône, ce sommet de 1042 m d’altitude surplombant le littoral méditerranéen constitue l’un des plus beaux belvédères de la Provence.

Cette montagne a suscité un réel intérêt auprès de géologues du monde entier. Leurs observations, notamment celles de Marcel Bertrand, ont fait naître des concepts scientifiques toujours utilisés de nos jours. Les collines du Vieux Beausset et de la Sainte-Baume ont été les sujets d’étude à l’origine des notions de charriage, de chevauchement, et des principes de la tectonique des plaques. Avec une structure renversée où les couches les plus anciennes sont au-dessus, la montagne a les pieds en l’air !

Les bergeries du massif, appelées "jas" en provençal, étaient presque toutes équipées de citernes : elles constituaient les seuls points d’eau disponibles pour abreuver les troupeaux. La citerne de Frédéric, anciennement dite "citerne de Beaumissard", est associée au Jas de Frédéric, situé 2 km plus bas. D’une capacité d’environ 10 m³, elle récupère et stocke l’eau d’une petite source temporaire. Aujourd’hui, son trop-plein alimente la fontaine extérieure du jas.

L’extraction de l’huile de cade fut l’un des métiers les plus répandus dans nos collines. Le bois de Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus, ou "cade" en provençal) était lentement chauffé à environ 110-120 °C dans un four en briques réfractaires. Ce procédé permettait d’en tirer une huile aux vertus thérapeutiques, utilisée pour soigner la peau, aussi bien chez l’homme que chez l’animal. Très prisée, elle entrait dans la fabrication de pommades et de savons, notamment pour l’industrie pharmaceutique.

À 400  m, découvrez cette ancienne bergerie. Les jas sont des bâtiments typiques, liés aux activités agricoles ou pastorales. Celui-ci servait d’abri aux bergers et à leurs troupeaux, pour éviter de longs déplacements jusqu’aux pâturages. Souvent nommés d’après la famille fondatrice ou un occupant, le Jas de Frédéric tient son nom d’un ancien propriétaire. Il a été reconstruit en 1997.