CABRIÈRES-D'AIGUES - Sentier géologique

Au bout de la rue, se niche une fontaine directement taillée dans la roche. Le mur de pierres situé au dessus du bassin ferme l'entrée d'une galerie horizontale, une mine d'eau, qui a été creusée sur plusieurs mètres. Celle-ci draine les eaux d'infiltration jusqu'au tuyau. La roche creusée est un calcaire, relativement dur, formé de nombreux débris d'organismes (coquilles, coraux...). Cette roche, appelée molasse laisse circuler les eaux d'infiltration : elle est perméable.

La corniche qui domine le vallon du Règue est constituée de roche calcaire. Elle affleure de manière quasi continue vers l'ouest, sur près de 15 km, jusqu'à Vaugines, en passant par Cucuron. Les géologues ont donné à cette formation géologique le nom de Molasse de Cucuron. Cette roche est très riche en grains de sables, graviers et débris fossiles (coquilles St-Jacques, huître, coraux...). Les fossiles témoignent de la présence d'une mer chaude, ici, il y a environ 10 millions d'années.

De nombreux galets tapissent le sol. Certains sont de couleur noire, verte, rouge. Ils sont de même nature que certaines roches des Alpes. Ils ont été transportés jusqu'à Cabrières par un puissant cours d'eau : l'ancêtre de la Durance, il y a 10 millions d'années ! Certains galets sont creusés de petites cavités arrondies. Elles résultent de l'activité de mollusques marins, des pholades, qui perforent les roches pour s'y loger. Ces bivalves vivent ajourd'hui dans les zones litorales.

Cuire le calcaire pour faire de la chaux, voilà le principe ! Au bord du chemin, le talus est creusé d'une cavité aux parois rougies, dans la partie supérieure, et vitrifiées dans la partie inférieure. C'est un four à chaux qui a sans doute été utilisé pour un usage local. On ne connaît pas son âge. Plusieurs jours étaient nécessaires pour creuser ce type de four, construire une voûte en encorbellement, comme dans les bories, et placer les blocs de calcaire. La cuisson, entre 800°C et 1000°C, nécessitait une surveillance constante pendant environ 4 jours.

Sur la droite, un chemin permet de suivre un petit escarpement qui souligne le passage d'une faille et marque la limite nord d'une ligne de collines. Les calcaires qui constituent ces collines sont du même âge que ceux des crêtes du Luberon. Entre les deux, les roches marneuses sont plus récentes. Ces quelques informations permettent d'esquisser la géométrie du Luberon : un pli en voûte (anticlinal) dissymétrique. Le coeur du massif, plus tendre a été évidé par l'érosion et constitue une combe.

Dans ces zones de pâturage, vous pouvez rencontrer entre janvier et avril, plusieurs chiens de protection, dont un Patou. Ce grand chien blanc est un impressionnant gardien. Sa mission n’est pas des plus aisées : il doit protéger son troupeau contre le loup. Le patou prend son rôle très au sérieux, alors pas de menaces, de cris, chiens bien en laisse, et ne vous avisez pas de traverser son troupeau ! Contournez-le et marchez tranquillement, le patou viendra vous flairer et repartira tranquillement à sa tâche.

Ces piémonts étaient largement pâturés et cultivés avant la déprise agricole, la forêt de pins les a depuis colonisés. Cette bergerie sert aujourd’hui encore de base pour un troupeau en fin d'hiver ou au printemps. En complément des débroussaillements assurés par l’homme, il entretient ce pare-feu stratégique. Sa création remonte aux années 1980, il est établi sur le flanc sud du massif de part et d’autre de la piste et est équipé d’un point d'eau.

Ici, de nombreux cailloutis couvrent le sol. Il s'agit de fragments calcaires arrachés au Luberon par l'alternance du gel et du dégel lors de la dernière phase froide du quaternaire. Ces dépôts, appelés gélifracts sont très fréquents dans les massifs calcaires où ils peuvent atteindre 40 m d'épaisseur ! Au quaternaire, les torrents ont également façonné les paysages soit en creusant profondément leur lit, soit en accumulant des sédiments, sous l'influence des variations climatiques.

Un arbre creux ou un gros arbre mort est un écosystème à lui tout seul, servant de gîte, de support ou de garde-manger à tout un cortège d’espèces animales (pics, chouettes, chauve-souris, coléoptères) ou végétales (mousses, lichens, champignons) qui en ont besoin dans leur cycle de vie. Certaines d’entre elles sont devenues très rares et menacées car les arbres âgés, les bois morts dépérissants ou creux, ne sont pas suffisamment conservés dans les zones gérées par l’Homme.