Sur les pas de Maurice Genevoix

Ce lieu est le point de départ du circuit Maurice Genevoix et marque le commencement de sa vie dans la cité ligérienne. Pour que le père puisse diriger ce magasin, la famille Genevoix s'est installé à Chateauneuf alors que Maurice avait un an.

La nouvelle maison de la famille Genevoix est construite sur un terrain acheté en 1986 en haut de la rue Saint-Nicolas, en face du "magasin". C'est en grande partie dans cette maison et sa cour que se déroule l'action de Rroû, Roman de Genevoix publié par Flammarion en 1931, dont le principal personnage est un chat nommé Rroû.

Au-delà de la cour de la maison de Grand-mère, aux confins du réel et de l'imaginaire, se situe le cadre enchanté qui inspira à Maurice Genevoix le titre de son roman : Le Jardin de l'Île.

Alors qu'au milieu du XIXe siècle plus de vingt moulins à vent étaient encore en activité à Chateauneuf, Maurice Genevoix les a vus disparaître pendant ses jeunes années, condamnés par la législation qui les jugeait dangereux à proximité des routes et par la concurrence des minoteries.

La Loire, chemin beaucoup plus sûr que les voies terrestres, a permis de temps immémorial le transport de marchandises et de personnes. Les différents bateaux à fond plat utilisés ont su s'adapter aux difficultés de navigation liées au régime du fleuve. L'apogée de la marine de Loire se situe au XVIIIe siècle au cours duquel Châteauneuf-sur-Loire était considéré comme le cinquième port ligérien. Au milieu du XIXe siècle, malgré la mise en service de bateaux à vapeur, la concurrence du chemin de fer provoqua la chute du trafic fluvial.

Parallèlement à la pêche professionnelle qui se développe à Châteauneuf au cours du XIXe et de la première partie du XXe siècle avec les familles Serenne et Motrot, la pêche de loisir est largement pratiquée en Loire : la société de pêche locale, le Gardon du Chastaing, organise des concours mémorables. La réglementation plus stricte de la pêche du saumon, poisson noble destiné aux restaurants de luxe, à cause de la raréfaction de l'espèce, puis son interdiction totale en 1994, ont tué la grande pêche au barrage.

Maurice Schumann, concluait ainsi son discours en hommage à Maurice Genevoix lors de l'inauguration de la stèle, le 6 avril 1987 : "votre vrai berceau, maître de mes vieux jours, c'est à Chateauneuf qu'il sera désormais, puisque c'est ici que Notre-Dame la langue française est allée au-devant de l'enfant Maurice Genevoix et lui a ouvert les bras dans lesquels il s'est blotti pour l'éternité".

La colonne symbolise le courage des mariniers sauveteurs lors de la grande crue de 1846. La place conserve aussi le souvenir de l'intense activité qui y régnait au temps de la marine de Loire : cafés, auberges, imposantes demeures des marchands mariniers qui approvisionnaient Paris en bois et en vin. En revanche, la chapelle dédiée à Saint Nicolas, le saint patron des mariniers, a disparu lors de l'élargissement de la rue Saint-Nicolas.

Maurice Genevoix a fréquenté l'asile, l'école maternelle, dès l'âge de 22 mois, puis la "grande école", l'école primaire, jusqu'à son entrée en 6e comme pensionnaire au lycée Pothier d'Orléans. L'école lui offre l'occasion de sortir du cocon familial et de se "frotter" aux enfants des différentes classes sociales qui y sont regroupés : c'est ce qu'il appelle "l'apprentissage de la sociabilité".

Châteauneuf-sur-Loire en tant que chef-lieu de canton est, depuis le XIXe siècle, un centre commercial important : son marché hebdomadaire et ses huit foires annuelles du vendredi attirent les cultivateurs des environs. Ils y vendent les grains, les animaux ainsi que les produits de la basse-cour et y achètent ce qu'ils ne trouvent pas au village. Favorisé par l'ouverture de la voie ferrée Orléans-Gien en 1873, le marché atteint son maximum vers 1900, mais pâtira ensuite du développement de l'automobile.

Dans Au cadran de mon clocher, écrit en 1960, âgé alors de 70 ans, Maurice Genevoix fait revivre le Châteauneuf de son enfance : "une petite ville d'avant 1914", c'est-à-dire d'avant le bouleversement qu'il qualifie de "frénétique, bruyant et fou".

Ayant failli être tué à trois reprises, Maurice Genevoix a vu "La mort de près", titre d'un de ses ouvrages paru en 1972. Les soixante-cinq années de vie gagnée sur la mort ont été en partie consacrées à célébrer cette victoire. "Aucun écrivain de l'avant où de l'arrière n'a su faire parler les poilus avec un réalisme d'aussi bon aloi qui ne les idéalise pas plus qu'il ne les avilit" a écrit très justement Jean Norton Cru.

La chapelle Notre-Dame de l'Epinoy, dont le nom fait référence à la légende d'une statue de la Vierge retrouvée dans des épines, dite de la Bonne-Dame, est plus ancienne que l'église paroissiale. Vestige d'un ancien prieuré dont la chapelle fut construite plus modestement après l'effondrement de la tour en 1726, elle perpétue le souvenir des vignerons aujourd'hui disparus.

Laissons à Maurice Genevoix le soin de retracer en quelques lignes les siècles d'histoire du château devenu hôtel de ville depuis son achat par la commune en 1925. Le musée de la marine de Loire, créé au début des années 1960, et dont Maurice Genevoix fut l'illustre parrain, d'abord installé en sous-sol dans les cuisines du château, a été déplacé en 1998 dans les anciennes écuries aménagées pour mettre en valeur les collections. Le nouvel espace dédié à Maurice Genevoix décline quatre thèmes principaux : l'enfance, la guerre, les Vernelles, la Loire.