Partez à la découverte de Schoenbourg ! Au fil de ses rues, cette commune vous dévoilera de nombreuses maisons traditionnelles d'Alsace Bossue avec leur Schopf, leur façade de grès et de beaux décors d'encadrement de porte. Entre verre et pierre, Schoenbourg vous mènera aussi sur les traces des industries des Vosges du Nord.
1.2 km
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max. 344 m
min. 322 m
8 m
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Styles : BaladeDécouverte Publics : FamilleRandonneurs occasionnels Thématiques : CulturelPatrimoine |
La majorité des habitations de Schoenbourg présente une architecture traditionnelle des Vosges du Nord. Ces maisons de type maison-bloc ou « Eindachhüs », présentent une façade parallèle à la rue. L’appellation de « Eindachhüs » signifie que le logis et les bâtiments d’exploitation sont réunis sous un même toit. Ces maisons se situent en recul de la rue, laissant la place pour l’usoir qui s’apparente à une cour ouverte servant à la fois de lieu de stockage (fumier, tas de bois…), d’espace dédié aux activités agricoles et de lieu de sociabilité. Une autre particularité permet aisément de reconnaître ce type d’habitat : le schopf ou l’appenti dont le toit s’avance vers l’usoir et repose sur des poteaux en bois. Cette avancée du hangar abrite l’entrée de l’étable et de la grange où peuvent être stockés le bois de chauffage, les clapiers, l’outillage agricole. Le schopf permet également d’effectuer du bricolage, de faire sécher les fûts après distillation et même d’y tuer le cochon ! Les matériaux utilisés pour la fabrication de ces maisons sont directement liés aux ressources naturelles du lieu : le bois pour les éléments structurants et le grès pour l’enveloppe du bâtiment. La simplicité de la façade est agrémentée par des éléments en pierres de taille et un décor concentré essentiellement sur les encadrements de portes et de fenêtres, les soubassements et les chaînages d’angles.
En Alsace, on cultive de nombreux fruits : quetsches, mirabelles, pommes, prunes, poires, cerises... On en fait de bonnes tartes, des confitures, des jus… et on les distille pour en faire de succulentes eaux de vie, appelées également schnaps ! Écoutez ces quelques paroles de Freddy Sarg ; pasteur, ethnologue et écrivain alsacien ; pour vous plonger au cœur des coutumes alsaciennes : « Le citadin qui rend visite aux membres de sa famille habitant la campagne alsacienne, au bout d'une demi-heure d'entretien se fait proposer un rafraîchissement («Was kann mer eich anbiede ?» «Was trinksch denn ?»). Parmi les boissons offertes figurent en bonne place, pour les femmes, la liqueur faite maison et, pour les hommes, le «schnaps» fait maison. ». Le schnaps fait partie des nombreuses traditions culinaires de l’Alsace. Mais, comment en fabrique-t-on ? Il faut tout d’abord récolter les fruits et les laisser fermenter dans de grands tonneaux. La distillation se fait généralement en hiver et représente un grand moment pour les habitants, elle annonce un jour de fête et de convivialité. Cinq jours avant la distillation, il faut se rendre chez le buraliste du village pour annoncer la quantité de fruits qui va être transformée. Dans la première moitié du XXe siècle, les habitants avaient le droit de distiller gratuitement 20 litres d’eau de vie à 50°. Dans le cas où la quantité était dépassée, il fallait payer des taxes. Suite à cette déclaration, un agent passait pour vérifier la quantité de fruits annoncée et s’assurer que du sucre n’avait pas été ajouté afin d’augmenter la teneur en alcool. Le jour j, il faut se lever tôt pour tout préparer comme le bois pour chauffer l’alambic tout au long de la journée et les récipients destinés à recevoir l’eau de vie. L’opération la plus importante consiste à chercher à la mairie ou chez l'instituteur, le tuyau qui relie le ballon à la bassine de refroidissement. Sans ce tuyau, pas de distillation et donc pas de schnaps ! En Alsace, on procède à une double distillation : le premier distillât obtenu est redistillé en fin de journée. Cette dernière étape dévoile le degré d’alcool de l’eau de vie et surtout son goût. Ce moment est l’occasion pour les villageois de partager une discussion autour d’un verre et de donner leur avis sur la nouvelle production ! La journée se termine avec le calcul de la teneur en alcool du cru et l’ajout d’eau si nécessaire pour obtenir un mélange à 50° environ. Après avoir nettoyé les lieux et l’alambic, on rapporte le tuyau à la mairie, en attendant la prochaine distillation. Le village de Schoenbourg est particulièrement connu pour ses quetsches. Ici, par exemple, au 59, rue de la rue principale on en distillait. Écoutez Marcel et Erna parler de la distillation à Schoenbourg :
Écoutez Erna et Marcel vous parler des conscrits à Schoenbourg :
Aujourd'hui, la laiterie n'existe plus à Schoenbourg, pourtant c'est avec beaucoup d'émotions que les habitants s'en souviennent. Écoutez Erna, Adeline et Eve vous en parler. Erna lui a même consacré un poème en alsacien.
En 1506, une première église est attestée dans le village, elle se situait peut-être à l’emplacement de l’actuelle école. En 1556 et 1560, le comte de Lützelstein introduit les idées de Luther dans les territoires relevant de sa juridiction. C’est donc dans la seconde partie du XVIe siècle que la Réforme protestante arrive à Schoenbourg. La nef datée par une inscription de 1807, accueille les deux confessions protestantes : les luthériens, qui suivent la doctrine de Martin Luther fondée sur les écrits et les calvinistes qui suivent celle de Jean Calvin, basée sur le principe de souveraineté de Dieu en toutes choses. Le linteau de la première porte de l’église figure une inscription gravée peu ordinaire : « Ce temple fut construit bénévolement, par des citoyens luthériens et réformés de la paroisse de Schoenbourg, à la gloire du Très-Haut, sous le règne plein de sagesse de Sa Majesté l’empereur et roi Napoléon 1er, en l’an de grâce 1807 ». Ces mots témoignent d’un esprit communautaire et religieux qui poussa les habitants de Schoenbourg à allier leur volonté et leurs forces pour obtenir un lieu de culte. L’église est inaugurée le 27 mai 1807 par le pasteur Daniel Lix de Hangwiller ; mais ce n’est que le 10 octobre 1835 que naît officiellement la paroisse de Shcoenbourg. Cet édifice de style néo-classique fut remanié en 1933 pour des raisons de sécurité. L’ancien clocher qui risquait de s’effondrer fut remplacé par un clocher porche, adossé à la nef préexistante. En 2007, la communauté protestante de Schoenbourg a célébré les 200 ans de son église.
Adeline nous raconte avec beaucoup d'émotion et d'humour ses souvenirs de la guerre de 39-45...
Au n°2 de la rue principale, se situe une imposante demeure construite en pierres de taille et décorée avec soin dans un style classique. Construite au XIXe siècle pour Monsieur Zimmermann, patron de carrière de pierres à Lohr, cette maison signale le statut de son propriétaire. A Schoenbourg, les hommes pratiquaient des activités en lien direct avec la situation géographique du village et ses ressources naturelles, soit le bois, la terre et la pierre. Au début du XXe siècle, trois carrières de grès sont exploitées à Schoenbourg. Les pierres extraites par les carriers avaient plusieurs fonctions : elles étaient utilisées pour la construction des maisons et pour fournir des outils aux tailleurs tels que des meules à aiguiser. Le travail dans les carrières était rude, de l’extraction à la taille, le poids des pierres et la poussière faisaient partie du quotidien de ces hommes. Aujourd’hui encore, les traditionnels encadrements de porte de l’habitat d’Alsace Bossue, témoignent de ce savoir-faire ancien. Le Pays de La Petite Pierre comptait de nombreuses carrières dont certaines étaient actives depuis le Moyen Age : Lohr, Struth, Tieffenbach, Petersbach, Erckartswiller, Sparsbach. Le grès des Vosges qui en était extrait s’est rapidement exporté en Allemagne et en Autriche. Il y a encore une dizaine d’années, une carrière était encore en activité à Schoenbourg, au bas de la rue de la carrière, justement nommée. Écoutez Marcel qui a travaillé dans les carrières de Schoenbourg :
A travers cette rue bordée de maisons traditionnelles, écoutez Adeline vous raconter comment étaient nourris les cochons autrefois...
Erna nous parle de sa passion pour la cithare, cet instrument méconnu aujourd'hui, et nous fait profiter de ses talents de musicienne.
Les origines de Schoenbourg remontent probablement au Moyen Age. C’est à cette époque que les cathédrales ont commencé à voir le jour. Afin d’orner les ouvertures toujours plus imposantes de ces géants de pierre, les maîtres-verriers recherchent du verre en grande quantité et de toutes les couleurs. Les matières premières nécessaires à la fabrication du verre sont : le sable, la cendre de fougères, l’argile et le bois. Ainsi, les forêts se voyaient peu à peu défrichées ; c’est ainsi que Schoenbourg est né, au sein d’une clairière de défrichement. Les familles de verriers jouissaient de privilèges qui leur permettaient de s’installer en des lieux propices à leur activité où toutes ces matières premières étaient disponibles. Aujourd’hui des témoins de l’activité verrière de la commune sont encore visibles au lieu-dit « Glasberg », en contre-bas de la carrière : des débris de verre et un morceau de cul de four enduit d’une pâte vitrifiée y ont été retrouvés. Dès l’époque romaine, l’homme maîtrise le travail du verre. C’est au XVe siècle que des verriers s’installent dans le comté de La Petite Pierre. Ce territoire doit le développement de cette industrie au comte de La Petite Pierre, « Jerri-Hans », « le prince des verriers ». « Schönstes Glas bin ich gennant – Schoenburg ist mein Vaterland », ces quelques vers qui signifient « On m’appelle le plus beau verre, Schoenbourg est ma terre natale », évoquent la légende selon laquelle la grande rosace de la cathédrale de Strasbourg aurait été réalisée à partir de verre de Schoenbourg.