Le centre de Herstal (Herstal)

La place Licour (dite aussi de la Licourt, avec un t final) incarne le cœur historique de Herstal. Elle a été pendant le Moyen Âge et l’époque moderne le centre de l’administration de la seigneurie de Herstal. On y trouve aujourd’hui le plus grand ensemble de bâtiments classés de la ville dont la tour dite Pépin, la maison Lovinfosse (qui abrite désormais le musée de la Ville de Herstal) et l’église Notre-Dame de la Licour.Au centre de la place, la première pompe publique de Herstal a été installée dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle par Velbrück, prince-évêque de Liège. Toujours sur l’îlot central, l’arbre de la Délivrance, un hêtre planté en 1919 pour commémorer le retour d’Albert Ier et de ses troupes, côtoie les monuments aux morts des deux guerres mondiales, sculptés par Jules Brouns. Tout autour, de belles demeures témoignent aujourd’hui encore de l’essor d’une certaine bourgeoisie locale aux XIXe et XXe siècles. Elles bordent une place qui, jadis, était close et surprend par sa grandeur et sa hauteur, une bonne quinzaine de mètres au-dessus du niveau de la Meuse.

L’église Notre-Dame de la Licour, dont la fondation remonte au Moyen Âge, a été restaurée en 1758,à la suite d’un incendie survenu en 1738. L’édification d’un oratoire dédié à la Vierge aurait été une volonté de Pépin le Bref, père de Charlemagne. Le chœur et le transept sont romans et édifiés en grès houiller. La tour actuelle en briques date du XIXe siècle. Au cours du XXe siècle, l’église a encore été fortementmodifiée.Des oculus ont été ajoutés à la nef centrale. L’église abrite un mobilier très intéressant, dont un retable du XVIe siècle en chêne sculpté qui représente Le Martyre de saint Erasme. Une statue en chêne datée de 1716 représentait Charlemagne avec ses attributs d’Empereur germanique. Comme la sculpture à l’effigie de sainte Barbe, placée de l’autre côté du maître-autel, le style correspond à celui de l’école dite de Jean Delcour.

Celui qui le souhaite fera un détour en se dirigeant à gauche pour admirer le pont de Wandre, pont à haubans, d’une longueur de 408 m. Conçu par le bureau d’études Greisch, il fut inauguré en 1989 et classé patrimoine majeur de Wallonie en 1993. Il est en quelque sorte le prototype du désormais célèbre viaduc de Millau, prouesse technique à laquelle le même bureau d’études a largement contribué.

La demeure de l’opulente famille herstalienne des Lovinfosse, maison bourgeoise de 1664 de style mosan, fut restaurée et aménagée en musée communal en 1971. À travers ses salles, le musée replonge dans le riche passé culturel, historique et industriel de Herstal depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, en passant par l’époque gallo-romaine, mérovingienne, et carolingienne.Herstal fut en effet, et surtout, un des lieux privilégiés de résidence des Mérovingiens et des Carolingiens. Et c’est Charlemagne qui fit sortir définitivement Herstal de l’ombre. À cette époque, la localité est signalée comme palais royal. Il est attesté que le roi des Francs, futur empereur, passa des nombreux séjours dans son palais de Herstal et que de grandes assemblées y eurent lieu. Cependant, si le musée communal accorde une large place à Charlemagne, il présente également des témoignages du riche passé industriel de Herstal (armurerie, faïencerie, clouterie, horlogerie, fonderie, charbonnages, motos dont « Les célèbres Demoiselles de Herstal ») ainsi que plusieurs œuvres d’artistes locaux.

Avant les fouilles du site de la tour dite Pépin (au numéro 13), classée en 1962, les Herstaliens ont souvent pensé que les fondations de cet édifice en grès houiller étaient celles du palais carolingien. Son appellationtémoigne d’ailleurs de cette croyance. Bien que l’on situe le palais des Carolingiens aux abords de la place Licour, on sait que la tour ne surmonte pas ses fondations. La tour dite Pépin est le dernier vestige d’un château, appelé le manoir Hanxeller construit vers 1575 et détruit en 1854. Son architecture est caractéristique du style Mosan, avec autrefois, l’existence d’un portique.

À l’angle de la rue Paul Janson, on trouve une borne kilométrique du XVIIIe siècle portant le kilomètre 5. La première borne a été placée devant le palais des princes-évêques de Liège et la dernière à Visé lors des travaux de la route reliant Liège à Visé, débutés en 1754, sous Jean-Théodore de Bavière, prince-évêque de Liège. On lui doit l’ouverture de la Large Voie. La borne a été restaurée dans le cadre du Petit Patrimoine Populaire Wallon. Parallèles à la Large Voie, se déploient les imposants et immenses bâtiments de la FN (Fabrique nationale d’armes de guerre). Fondée en 1889 pour honorer une commande de l’État, la société comptait encore dans les années 60 près de 10 000 ouvriers. Sa superficie recouvre l’équivalent de trois ou quatre pâtés de maisons.

L’usine d’armement, connue dans le monde entier, fut créée en 1889 par un ensemble d’armuriers et d’industriels liégeois pour honorer une commande conséquente de l’État belge : 100 000 fusils Mauser !Ses origines coïncident avec l’introduction de la mécanique dans la fabrication des armes, jusque-là artisanale, et marquent les débuts de la révolution industrielle en armurerie.Dès l’origine, l’usine était très vaste et, derrière le long mur écran de la Voie de Liège, diverses bâtisses s’alignent perpendiculairement : armurerie, cartoucherie, laboratoire, bureaux. Toutes sont couvertespar un toit en sheds (dont la forme a été conçue pour fournir aux ateliers un éclairage égal tout au long de la journée). À l’intérieur de l’enceinte, le portail d’entrée d’origine (1890-1891) est encore en place. Au-delà de la rue Browning, au lieu-dit Pré-Madame, se trouvait l’ancienne usine d’aviation, remplacée vers 1930 par celle des motos et des voitures, longtemps construites ici. Si la FN est très rapidement devenue une référence dans le monde entier pour la qualité de ses armes et cartouches, sa production fut très diversifiée dans le passé : automobiles, motos, électroménager, armes de luxe, etc. On y produisait aussi des moteurs, et la division FN Moteurs devint en 1992 la société Techspace Aero, propriété désormais du groupe français Safran.La FN a surtout façonné l’histoire sociale et humaine de Herstal, en employant plus de 10 000 personnes jusque dans les années 70 et fut le siège de nombreuses luttes sociales, comme la célèbre Grève des femmes de 1966. Aujourd’hui, l’usine est gérée par Herstal Group, qui emploie environ 1300 personnes à Herstal.

L’ancienne maison communale a été construite en 1846. Son carillon a été placé en 1899. Il est composé d’une horloge à cadran métallique, d’une cloche et d’une tourelle en chêne. Situé sur le fronton triangulaire surplombant la façade de l’hôtel de ville, il ne fonctionnait plus. En 1999, il a été restauré dans le cadre du Petit Patrimoine Populaire Wallon.

Inauguré en 2015, le nouveau centre administratif de la Ville de Herstal regroupe la plupart des services administratifs de la Ville et du CPAS. Le bâtiment conçu par l’architecte Frédéric Haesevoets étonne par sa conception résolument moderne : une structure anguleuse, sans murs verticaux, un parement externe en alvéoles lumineuses ou végétales, deux parties bien distinctes et reliées par une passerelle, ce qui crée une large ouverture entre la place Jean Jaurès et la vallée de la Meuse, à l’arrière.

Ce petit édifice roman rattache Herstal à un moment important de l’histoire liégeoise : un miracle y aurait eu lieu lors du transfert, de Maastricht vers Liège, des reliques de saint Lambert vers 716. À l’endroit du prodige, aurait été construit un oratoire, auquel a succédé cette chapelle. En grès houiller, l’édifice est de plan rectangulaire avec un chœur oriental à chevet plat et une tour à l’ouest. Un pan du mur sud du chœur montre un appareillage primitif qui date du XIe siècle. La tour du XVIe siècle est percée d’une fenêtre aux formes gothiques.Elle était entourée d’un cimetière dont les pierres tombales des XVe, XVIe et XVIIIe siècles ont été encastrées dans le mur extérieur lors des restaurations en 1930. Autrefois dédiée à saint Lambert et saintHubert, elle est souvent désignée comme la chapelle Saint-Oremus. Cette appellation populaire est née à la suite de la destruction en 1860, d’une petite chapelle en Hayeneux, consacrée à saint Erasme et à la confusion entre saint Erasmus et oremus, l’invitation latine à prier.

Au premier abord, on est tenté d’imaginer que la rue rend hommage aux mineurs qui ont travaillé dans les charbonnages de Herstal. La figure de mineur présente sur la façade du numéro 3 pourrait en témoigner. Mais en parcourant l’ouvrage d’André Collart-Sacré La Libre Seigneurie de Herstal, nous apprenons que l’origine de l’appellation est tout autre. La rue, autrefois un chemin boueux et tortueux, menait, en Monsin en traversant la Laye, par le gué de Milsaucy, à l’époque où le canal n’existait pas encore. La rue tient son nom de l’ordre des frères mineurs (ordre religieux fondé par François d’Assise en 1206) de Liège qui possédait des biens en Monsin.

Nous rejoignons le quartier Marexhe, en poursuivant la balade sur le RAVeL, le long du canal Albert dont les travaux débutèrent en 1930, pour remplacer le canal Liège-Maastricht, afin de relier la Meuse au port d’Anvers.

Lors de son ouverture en octobre 1850, le canal de Liège-Maastricht est considéré comme un canal important. La liaison entre la région industrielle liégeoise, alors en plein développement, et le Zuid-Willemsvaart est assurée par une voie navigable sûre, passant par Den Bosch et aboutissant aux ports d’Anvers et de Rotterdam. Malheureusement, le faible tirant d’eau et les multiples écluses qui jalonnent le parcours du canal sont autant d’obstacles qui nuisent à sa praticabilité. Un projet d’une nouvelle voie de communication vers le port d’Anvers, plus grande et plus rapide, voit le jour. En 1939, le nouveau canal, appelé Canal Albert, est inauguré, effaçant le canal Liège-Maastricht entre Herstal et Petit Lanaye. Aux Pays-Bas, le canal sert encore sporadiquement mais est définitivement comblé dans les années 1960. (Le canal de Liège à Maestricht : un chenal oublié – Wil Lem / Rob Kamps)

Achevée en 2015, la nouvelle gare, magnifique bâtiment de béton rouge a obtenu le Prix wallon de l’Architecture. Il domine la nouvelle place des Demoiselles de Herstal, recréée dans le cadre de la rénovation urbaine. À l’arrière de la gare, de l’autre côté des voies, se trouve un beau parc paysager récemment aménagé.

Un cimetière qui resta longtemps le plus important de Herstal. Y figure un monument à la mémoire d’Oscar Beck, un des premiers socialistes herstaliens. On doit l’oeuvre à Joseph Rulot, sculpteur herstalien. On y trouve également le monument funéraire de Guillaume Delarge, auteur wallon.

Le quartier Saint-Lambert se déploie autour de l’église construite vers 1839, rue Saint-Lambert. Comme en témoigne la chapelle Saint-Lambert, place Jean Jaurès, cette personnalité à l’origine du développement de la ville de Liège est aussi un personnage important à Herstal. Arnold Clerinx est un facteur d’orgues originaire de la ville limbourgeoise de Saint-Trond (1816-1898). Sa renommée s’établit avec la construction du grand orgue de la basilique Saint-Martin (aujourd’hui disparu).On lui doit les instruments (entre autres) de Froidthier, Thimister, Berneau, Waremme, Chênée, Herstal, Theux ainsi qu’en de nombreux lieux saints de la ville de Liège : Saint-Jacques, Sainte-Véronique, Sainte-Croix, Sainte-Agathe, grand séminaire, Sainte-Catherine, … L’orgue de Herstal est classé depuis le 30 mars 1992. Un projet de restauration a débuté en 1994 et est toujours à l’étude. Il est entretenu par la manufacture d’orgues Schumacher de Baelen.L’église édifiée au XIXe siècle abrite les orgues remarquables d’Arnold Clerinx, classées au patrimoine wallon en 1992.