AUBIGNAN - Cœur de ville et berges du canal

Aubignan fait partie du Pays d’Art et d’Histoire du Comtat Venaissin. Pour découvrir le patrimoine du village, des panneaux explicatifs jalonnent les rues et ce début d’itinéraire. En 1745 est construit l’actuel Hôtel-Dieu, afin de remplacer l’ancien hôpital, vétuste et trop petit. Comme souvent à l’époque, on choisit un emplacement en dehors des remparts, bien ventilé et pourvu d’un accès à l’eau. Aujourd'hui ce bâtiment héberge les associations municipales. L’Hôtel-Dieu comprend au rez-de-chaussée une chapelle dédiée au Sacré-Coeur ainsi qu’une fontaine dans la cour.

La Porte de France est caractéristique des constructions du Moyen-Âge : on observe des mâchicoulis (coursière de pierre en surplomb) et un chaînage d’angle à harpe (pierres plus importantes posées aux angles). Elle jouxte une tour quadrangulaire avec horloge, surmontée d'un élégant campanile en fer forgé. Troisième élément de cette ouverture dans les remparts : la Cabanette, bâtiment de 1728 de même largeur que la tour. Ses arches servaient d’abri aux voyageurs lorsque les portes de la ville étaient closes, et elle est devenue au fil du temps un lieu de sociabilité incontournable d’Aubignan.

Une première église Saint-Victor fut consacrée vers l'an 1090. Mais cette église s’écroule en 1729.Elle est reconstruite en 1732 et l’édifice est consacré sous le vocable de Notre-Dame de l’Annonciation et Saint-Victor martyr. La particularité de cette église est de ne pas être orientée (traditionnellement, le choeur des édifices chrétiens est tourné vers la Terre Sainte). En effet, la construction est adossée au rempart et seule sa façade nord, donnant sur la place, permettait de ménager la porte d’entrée. Le château des de Seguins-Pazzi occupait jusqu’à la Révolution une partie de la place.

L’oratoire de Saint-Marc a été érigé en 1870, à l’occasion du concile Vatican I, au cours duquel a été proclamée l’infaillibilité du pape. Dans la niche au fronton trilobé, entouré de quatre colonnettes, Saint-Marc est représenté tenant son évangile en main gauche et un lion à ses pieds. Le lion est son emblème, repris par Venise qui abrite les reliques du Saint. Le toit de forme carrée est plat. Ses angles sont constitués par quatre tours crénelées. L’ensemble est en pierre de taille. Dans l’histoire d’Aubignan, un prieuré de Saint-Marc est mentionné dès l’an 1334, que l’on ne peut pas situer exactement.

Surmontant les difficultés, Louis Giraud, conseiller général de Vaucluse, achève la construction du canal en 1869 sur 66 km de Mérindol jusqu’à la rivière de l’Aygues, au nord d’Orange. Cela permet alors de doubler les terres cultivables. L'écoulement est gravitaire (pente 25 cm par km). Le canal a révolutionné l’agriculture du Comtat Venaissin : il permit aux cultivateurs de surmonter les crises du XIXe siècle (phylloxéra, ruine des commerces de la garance et de la soie) par une spécialisation dans des cultures nécessitant à la fois la chaleur et une eau abondante : fruits, légumes et fleurs.

Le chemin de retour vers Aubignan traverse une zone cultivée où les vignes et oliveraies se répartissent harmonieusement. Selon la saison, vous pourrez découvrir les gestes ancestraux liés à la taille, à l’entretien et à la récolte du raisin ou des olives. Vous aurez peut-être la chance de voir une plantation de greffés, ces jeunes plants de vigne obtenus à partir d’un porte-greffe (résistant aux maladies) et d’un greffon (qui donnera la variété de raisin souhaitée). L’industrie du greffage a fortement contribué à la prospérité et à l’accroissement urbain d’Aubignan durant la première moitié du XXe siècle.