Le patrimoine du CHU Charles Nicolle

Après une trop courte carrière dans les hôpitaux de Rouen, Charles Nicolle décide, en 1902, de partir pour Tunis afin d’y diriger l’Institut Pasteur. A la tête de cet Institut, il développe un important programme de recherches sur les maladies infectieuses et en particulier sur le typhus dont il élucide le mode de transmission par le pou, ce qui lui vaut le Prix Nobel de Médecine en 1928.          

La Tour du Colombier, aujourd’hui disparue, est érigée au 15e siècle pour compléter les fortifications de la ville de Rouen. Élément défensif et militaire, elle fait l’objet de plusieurs modifications architecturales jusqu’au 16e siècle.Elle détruite en 1812. L'actuel internat se situe sur ses fondations.

Construit au 19e siècle sur les fondations de la Tour du Colombier, ce bâtiment à pans de bois a servi successivement de grenier, de matelasserie, de loges pour les fous et a même abrité un pressoir. En 1963, il se transforme en résidence pour élèves-infirmières avant de devenir depuis 1977 l’internat de l'Hôpital Charles Nicolle hébergeantles étudiants en médecine.

Ce fragment de rempart et la tour voisine du Colombier sont les parties les plus anciennes de l’hôpital d’aujourd’hui. Ils sont construits au début du 14e siècle quand la ville s’étend largement vers l’est, suivant la rivière du Robec, et veut protéger ses nouveaux quartiers en élevant une nouvelle enceinte qui ceinture la ville jusqu’à la fin du 18e siècle.

Fondé vers 1430 par le duc de Bedford, régent de France sous le nom d’Henri VI, ce couvent a occupé entre le Robec et les remparts de la ville, un emplacement dont la plus grande partie délimitait le côté est de l’Hospice Général qui en fait l’acquisition vers 1820.Ayant abrité le service de dermatologie, puis l’internat, ce qu’il en restait est totalement détruit en 1970, lors de la construction du Pavillon Félix Dévé et de l’Anneau Central.

Au début du 20e siècle la syphilis est la deuxième cause de mortalité en France. A Rouen, dans l’enceinte de l’Hospice Général, l’office XII situé près de la rue Eau de Robecest réservé à l’hospitalisation, ou plutôt à l’enfermement, des prostituées.

Félix Dévé, médecin des hôpitaux de Rouen et professeur de clinique à l’école de médecine, se rend mondialement célèbre dès sa thèse (1901) pour ses travaux sur une maladie parasitaire potentiellement très grave pour l’homme : l’échinococcose.Pour honorer sa mémoire, son nom est donné à l’imposant pavillon inauguré en 1975 à l’hôpital Charles Nicolle.

En 1975, le pavillon "Félix Dévé" de l'Hôtel-Dieu rejoint Charles Nicolle sur son site pour moderniser l’hôpital devenu universitaire : en donnant son nom au 1erbâtiment construit, le plus grand (128 m de long, 8 étages, 570 lits), il prend la tête de la réorganisation de l’hôpital et s’empare des sciences du cerveau…

Jusqu’au milieu du 19e siècle, chaque localité a sa propre heure. Il est donc difficile aux voyageurs d’être ponctuels. C’est pourquoi lestrains partent systématiquement en retard, adoptant ainsi l’heure dite “de Rouen” décalée de 5 minutes par rapport à l’heure de référence qui est celle de Paris.Cette horloge, provenant de l’ancienne gare Martainville (point n°43), témoigne de cet imbroglio.

Dans le bâtiment central de l’Hôpital Charles Nicolle, on peut admirer deux cloches de l’ancien Hôtel-Dieu de Rouen.Toutes deux, contemporaines de Louis XIV occupaient le campanile surplombant le bâtiment dit « de l’horloge » à l’Hôtel-Dieu.

Entré en service en 1932, ce dispositif de radiothérapie pénétrante est acquis par l’Hospice Général en 1928.La faible pénétration des rayons dans les tissus (de l’ordre de 5 cm) a longtemps limité son usage au traitement des tumeurs cutanées, du sein, de certaines localisationsORL ou à des traitements palliatifs et antalgiques. De plus le ciblage est peu précis. Il faut attendre les années 1950 pour observer de véritables progrès dans le domaine.

André Derocque (1898-1940), mort au champ d’honneur le 13 juin 1940, laisse son nom à un grand pavillon du CHU de Rouen inauguré en 1991.Ce chirurgien, chef de service, dont le courage et l’engagement sont exemplaires, est fils, petit-fils et arrière petit-fils de médecins, tous liés à l’histoire des hôpitaux de Rouen.

La programmation du pavillon Derocque s’est heurtée au désaccord entre les ministères de la santé et celui des finances : Comment sortirde ce dilemme ?En mai 1986, lors d’une visite du Premier Ministre, Jacques Chirac, venu à Rouen pour les fêtes de Jeanne d’Arc, Jean Lecanuet lui a demandé son arbitrage. Le maire a « pensé tout fort à l’avenir des superbes bâtiments de l’Hôtel-Dieu où il verrait très bien s’installer des services administratifs de l’Etat »…..

Dans cette Cour d’Honneur, subsistent deux bâtiments du 17e siècle, très représentatifs de l’architecture hospitalière de cette époque, construits par Jacques Gravois, descendant d’une dynastie d’architectes rouennais.Le troisième édifice construit à cette période a été démoli puis reconstruit à la fin du 18e siècle. Il abrite depuis ce moment la Direction Générale de l’établissement.

De tous temps et dans la plupart des hospices depuis leurs origines jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, de nombreux bienfaiteurs grâce à leurs dons et à leurs legs ont permis de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de soin des malades hébergés aidant ainsi au fonctionnement de ces établissements de santé.

Ce bâtiment classique du 18e siècle, érigé en 1766 sur les plans de l’architecte rouennais Louis Gilbert, doit sa construction à un généreux don de l’abbé Jacques-Christophe de Germont et de sa belle-soeur comme l'explique les deux plaques de marbre noir aux lettres dorées apposées de chaque côté de l’édifice.

Le « tour d’abandon » permet à de jeunes mères en détresse d’abandonner anonymement leur enfant en le déposant dans un tourniquet qui se trouve à l’extérieur de l’hôpital.Il est alors réceptionné à l’intérieur, le plus souvent par des soeurs hospitalières. Parfois, il est réclamé plus tard par la maman grâce à un carré de tissu identique à celui déposé auprès de l’enfant.

Premier Président du Parlement de Normandie de 1585 à 1607, Claude Groulard est considéré comme le fondateur de l’HospiceGénéral de Rouen.On peut toujours voir dans la chapelle Saint-Etienne de la cathédrale de Rouen le mausolée de marbre blanc élevé en son honneur, le représentant avec son épouse.

Les religieuses de la congrégation Notre Dame de Charité ont été au service de l’Hôpital Général de Rouen de 1714 à 1970. Deux chapellesprivées ont été successivement construites pour elles, côté rue puis côté cour de la rue de Germont, avant qu’une troisième chapelle ne soit mise à leur disposition dans la nouvelle communauté qui leur sera construite en 1936 (aujourd’hui détruite) à côté de la chapelle Vauquelin.

L’abbé Jacques-Christophe de Germont (1684-1763), conseiller-clerc au Parlement de Rouen, est l’un des grands bienfaiteurs des hôpitaux de Rouen du 17e siècle.De substantiels dons d’argent à l’Hôtel-Dieu comme à l’Hospice Général et la fondation d’une crèche sont, entre autres, à mettre à son actif.

Ce bâtiment classique du 18e siècle, érigé en 1766 sur les plans de l’architecte rouennais Louis Gilbert, doit sa construction à un généreux don de l’abbé Jacques-Christophe de Germont et de sa belle-soeur. Ce que rappellent les deux plaques de marbre noir aux lettres dorées apposées de chaque côté de l’édifice.

Au 16e siècle, le Grand Bureau des Pauvres Valides est un organisme de gestion chargé de l’économie et de l’administration des personnes démunies non malades : vieillards, enfants trouvés; infirmes, etc. dont l’activité est dispersée dans différents lieux de la ville.C’est en 1602 qu’il s’installe dans le faubourg Martainville devenant Hôpital Général en 1681 par édit du Roi Louis XIV.In

Avec l’arrivée à Rouen en 1799, d’un jeune chirurgien originaire de l’Orne, débute l’histoire d’une grande dynastie médicale liée aux hôpitaux de Rouen et d’une clinique pouraliénés à Montmartre et Passy.D'autres membres de la famille s'illustrent dans l'art dont Jacques-Emile Blanche, peintre.

Un chirurgien enterré dans son hôpital Issu d’une longue lignée de chirurgiens et élève du célèbre Claude-Nicolas Lecat, Leschevin consacre sa vie à soigner les pauvres de l’Hôpital Général de Rouen.Mort prématurément à l’âge de 55 ans, il est enterré dans le cimetière de son hôpital dont la chapelle a longtemps conservé une dalle sur laquelle était gravée son épitaphe.

De 1823, date de sa construction, à 1936, ce bâtiment abrite la communauté des religieuses de la congrégation Notre Dame de Charité avant d’accueillir un service de pneumologie, puis la Commission Médicale d’Etablissement(CME) en 1990.

A sa mort, Marie Jean Henry Pillore (1807-1855), fils et petit-fils de médecins, chef de service à l’Hôtel-Dieu de Rouen et professeur à l’Ecole de médecine, lègue aux hôpitaux de Rouen une somme de 200 000 francs pour la création d’une nouvelle maternité devant porter son nom.Le bâtiment Pillore en perpétue le souvenir.

Construit grâce à un legs de 200 000 francs-or du Docteur Marie Jean Henry Pillore, ce bâtiment est de 1864 à 1946 la maternité de l’Hospice Général, dénommée « Gésine Pillore », puis abrite jusqu’en 1992 le service des maladies digestives avant d’être affecté à des services administratifs.

Jacques Delarue (1901-1971), membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris est pendant 20 ans (1951-1971), le maître incontesté de l'Anatomie Pathologique Française.Il est professeur titulaire de la chaire d’Anatomie Pathologie à Rouen de 1936 à 1951 Afin de lui rendre hommage, son nom est donné au pavillon d’Anatomie Pathologie, inauguré en 1972.

Un bâtiment aujourd’hui détruit et accolé à cette chapelle abrite de 1936 à 1979, la communauté des Soeurs hospitalières Notre-Dame-de-Charité de Rouen qui occupaitauparavant un autre édifice dans la Cour de Germont (voir point d’intérêt N° 25).Cette communauté, dans l’hôpital depuis 1714,n'est plus présente depuis 2021 après le départ de la maison de retraite Boucicaut de la dernière religieuse de cette congrégation.

Terriblement dur et dangereux est le travail des blanchisseuses et lavandières qui ont en charge l’entretien du linge de l’hôpital.La succession de tâches à accomplir entraîne gerçures, callosités, panaris, tuberculose, etc.C’est en 1905 qu’apparaîssent les toutes premières mesures d’hygiène à mettre en place pour protéger ces femmes.

Commencée en 1785 d’après les plans de l’architecte rouennais Bernard Vauquelin,admirateur de l’architecture antique, cette chapelle est inaugurée en 1790. Bâtie en pierre et brique, sur un plan carré, elle présente l’austérité dépouillée d’un temple romain. A l’intérieur, la superposition de deux ordres de colonnes ionique et dorique en font sa particularité.

Classé monument historique en 1976 pour la partie instrumentale et en 1977 pour les buffets, l’orgue de la chapelle de l’hôpital Charles Nicolle est construit au 17e siècle parGuillaume Lesellier et profondément remanié au 18e siècle par Charles Lefebvre. L'orgue provient de l'ancienne église Saint-Nicolas de Rouen, située dans la rue de ce nom et détruite vers 1840. C'est le seul orgue classique authentique de la ville de Rouen datant d’avant la Révolution.

Jusqu’à l’ouverture officielle de l’asile Saint-Yon à Sotteville-lès-Rouen, actuel Centre Hospitalier spécialisé du Rouvray, les « fols et insensés » comme on les appelle sous l’Ancien Régime, sont détenus à l’Hospice Général de Rouen, dans des conditions déplorables au sein de loges qui leur sont dédiées.

Si le Dr Ernest Conseil n’a été qu’étudiant dans les hôpitaux de Rouen, son nom reste étroitement lié à celui de Charles Nicolle, car il est, en Tunisie, son ami et son collaborateur et contribue ainsi à la découverte du rôle du pou dans la transmission du typhus, récompensée par le Prix Nobel de Médecine en 1928.Un monument est élevé à sa mémoire à l’entrée de l’actuel hôpital de la Rabta auquel il a donné son nom par le passé.

Le pavillon Payenneville inauguré en 1927 et détruit en 1988 a abrité le service de dermatovénérologie avant le transfert de ce dernier dans la Cour Leschevin.C’est en l’honneur du Docteur Joseph Payenneville (1877-1949) pionnier de la lutte antivénérienne qu’il avait été nommé ainsi.

Ce pressoir à cidre et à poiré provient du bâtiment du Colombier (point d’intérêt N° 3) d’où il est extrait en 1960 pour être installé d’abord près de l'ancien bâtiment Payenneville (point n° 35) puis ici-même.Il est le témoin de l’époque où les hôpitaux vivaient en totale autarcie grâce aux produits de leurs fermes et de leurs jardins.

Les plus anciens salariés du CHU vous diront qu’avant la construction, à la fin des années 1970, de l’anneau central jouxtant le pavillon Félix Dévé il y avait à cet emplacement un bâtiment moderne appelé le PLM, nommé ainsi en hommage à Louis Martin (1864-1946) directeur de l'Institut Pasteur de Paris et spécialiste d'hygiène hospitalière.

Les hôpitaux ont fonctionné en autarcie jusqu'au milieu du 20e siècle. Propriétaires de fermes, moulins, terres agricoles et bois, ils assurent ainsi la subsistance de leurs pensionnaires et « convalescents ». Les jardins, souvent situés dans l’enceinte même des établissements, contribuent à fournir fruits, légumes et plantes nécessaires à l’alimentation de tous.

En 1959, la décision de construire un pavillon de pédiatrie sur le site de Charles Nicolle marque l’entrée de l’hôpital dans une phase de modernisation et de médicalisation accélérées.Ce bâtiment est prêt lorsque, après 8 ans d’un conflit qui n’a pas dit son nom, la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 marque la fin de la guerre d’Algérie et bouleverse les plans de l’administration du CHU.

La construction du Pavillon Martainville, commencée le 15 janvier 1980, s’est achevée, pour son 2ème retour sur le site de Charles Nicolle, en mars 1982.C’est le lundi 22 mars 1982 que la Maternité est mise en service et le 1er bébé y naît le soir même à 22h35.Quelques semaines plus tard, le service de Médecine néonatale rejoint ce bâtiment.

Le croup, ou diphtérie laryngée, fait 300 morts à Rouen en 1882-1883 alors qu’il n’existe ni sérum ni vaccin, et revient en 1893. Le Journal de Rouen lance une souscription pour construire un pavillon répondant à l’afflux de patients et aux nouvelles règles d’hygiène et d’isolement.Une généreuse donatrice laissera son nom au pavillon situé entre la Chapelle et le Boulevard Gambetta.

Construit à la fin du 18e siècle, sur le tracé d’une partie des anciens remparts de la ville de Rouen, le boulevard Gambetta a été témoin de toute l’extension de ce quartier situé près de la Seine, entre le quai de Paris et la place Saint-Hilaire.Le 37, boulevard Gambetta est devenu l’entrée principale de l’hôpital Charles Nicolle.

Mise en service en 1867, la gare Martainville est le terminus de la ligne Amiens Rouen. Le trafic voyageur, trop faible est supprimé dès 1935.La gare et une partie du terrain y attenant sont incluses dans le périmètre du Chu, lors de son extension pendant les années 1980-1990.Après plusieurs phases de déconstruction, elle est définitivement détruite en 1985.Son horloge est visible au point n°9.