

La vaste église que nous découvrons ne constituait autrefois qu’une partie d’un complexe abbatial beaucoup plus vaste, qui s’étendait tout autour de l’espace aujourd’hui occupé par la place Emile Dupont. Dédiée à Saint-Jacques-le-Mineur, l’abbaye bénédictine a été fondée en 1015 par le Prince-Evêque Baldéric II. Particulièrement prospère et riche, elle a pu entreprendre des travaux de reconstruction et d’embellissement à de nombreuses reprises. L’immense église de plus de 90 mètres de long combine ainsi des parties d’âges différents. Le massif occidental et son clocher octogonal témoignent d’une architecture de style roman (11e – 12e siècles), avec les décors d’arc en plein cintre réalisés dans le grès houiller. La plus grande partie de l’édifice, correspondant au vaisseau central, a été reconstruite au début du 16e siècle en style gothique tardif, notamment caractérisé par les formes flamboyantes des découpes de fenêtres. Attribué à l’architecte Lambert Lombard, le portail nord, légèrement plus tardif, adopte par contre le nouveau style à l’antique de la Renaissance. Véritable joyau de l’architecture gothique tardive, le somptueux intérieur comporte de nombreux trésors et mérite à lui seul une ample visite : peintures des voûtes, verrières du choeur et grandes orgues de style renaissant, stalles, statues baroques de Jean Delcour… Juste avant la révolution, en 1785, le pape change le statut du complexe et l’église devient pour quelques années la huitième collégiale de Liège. Ce chapitre est évidemment démantelé après la révolution. A l’instar des autres collégiales, l’église est rouverte au culte au début du 19e siècle, au rang de simple église paroissiale et sera restaurée dans un esprit néogothique. Les anciens bâtiments du cloître sont quant à eux démolis pour faire place à un lotissement autour du nouveau square. Ce n’est qu’au début des années 2000 que le bâtiment de l’ancienne infirmerie, qu’on croyait disparu, a été redécouvert derrière des façades du 19e siècle la place Emile Dupont. Sauvé in extremis d’une démolition programmée, il accueille aujourd’hui les experts en archéologie du bâti de la Région wallonne.