

Formant un des versants masculins de l’ordre du Mont Carmel, les Carmes déchaussés (ou déchaux) s’installent à Liège au début du 17e siècle. Comme leur nom l’indique, ils marchaient les pieds nus dans leurs sandales. La construction de la vaste église est entreprise dès leur arrivée. Son style baroque éclatant constitue le plus bel exemple d’architecture de la contre-réforme visible de nos jours à Liège. La façade accumule les pilastres, colonnes, moulures et autres décors sculptés dans une composition à la fois monumentale et très ornementale. Les volutes surmontées de pots-à-feu et les niches ornées de statues sont caractéristiques de la quête d’éblouissement du style baroque. Nous pouvons y reconnaître saint Roch avec son chien et saint Hubert avec le cerf. Le blason au-dessus de la porte est celui du Prince-Evêque Maximilien-Henri de Bavière, souverain au moment de la construction. En 1797, le couvent est vendu par l’Etat français au citoyen Georges-Alexande-Joseph Kessels, qui n’est autre qu’un ex-carme déchaussé : les « bons de retraite » qui lui avaient été octroyés suffisent à payer le montant des enchères. C’est ainsi que les anciens Carmes peuvent terminer paisiblement leur existence dans leur couvent, tandis que l’église est reconvertie à un usage militaire. A la mort des derniers frères, la famille de Sélys-Lonchamps hérite de la propriété. Elle projette l’établissement d’un nouvel hôtel particulier à l’emplacement de l’église, mais le site est finalement cédé à la congrégation des Pères Rédemptoristes et redevient un couvent. Rouverte au culte, l’église se voit alors attribuée une nouvelle dédicace à Saint-Gérard, en remplacement de son ancienne attribution à Notre-Dame de l’Immaculée Conception. A la fin du 20e siècle, le site est désacralisé.