BOUYON - Gorges de l'Estéron

La piste, qui croise à deux reprises le sentier de randonnée, suit le tracé du canal acheminant les eaux captées aux sources du Végay, sur la commune d’Aiglun, jusqu’à l’usine de potabilisation de Bouyon, sur 19 km. D’un débit moyen de 160 L/s, ce canal complète l’apport des sources de la Gravière, captées à Bézaudun-les-Alpes. Mis en service à partir de 1933, l’ensemble de ce dispositif contribue encore aujourd’hui à l’alimentation en eau potable de plusieurs communes des Préalpes.

En contrebas apparaît le village des Ferres, dominé par le Mont Saint-Michel. À sa droite, en arrière-plan, se détache le village de Pierrefeu, perché sur sa crête. À l’horizon, le Mont Brune s’élève, flanqué à droite par la crête du Mont Vial, sous laquelle s’étendent les villages de Toudon, Tourette-du-Château et Revest-les-Roches. Plus à l’ouest, sur les contreforts de la montagne du Cheiron, se distingue le village de Conségudes, dominé par le Mont Saint-Paul. Lorsque le ciel est dégagé, le massif du Mercantour se dessine majestueusement en toile de fond.

Les Ferres est un village fortifié d’origine médiévale, perché à plus de 600 m d’altitude sur les flancs du mont Saint-Michel. Il apparaît dès le XIIe s. sous le nom de "castrum de Ferris", dérivé du latin "ferrum", signifiant "lieu isolé". Le premier établissement se situait plus au sud, dans le secteur de la Vallière, mais fut abandonné vers la fin du Moyen Âge (XIVe s.). Le village fut alors reconstruit à son emplacement actuel, au pied de l’ancien château. L’église paroissiale Saint-Jacques, quant à elle, a été édifiée au XVIe s.

Le terme de "roubines" désigne un paysage entaillé de petits vallons ou ravines, sculptés dans une roche sédimentaire tendre, particulièrement sensible à l’érosion. Ces formations géologiques se sont déposées au fond de la mer durant le Crétacé, il y a environ 100 Ma. Sur les flancs du vallon, on distingue nettement la structure en "mille-feuilles" des couches de marne noire. Au-dessus, une barre rocheuse plus claire, composée de marno-calcaires, domine l’ensemble. Sur sa partie orientale, on observe encore les marques spectaculaires d’un éboulement survenu en 2018.

Un oratoire est un petit monument dédié à un saint, au Christ ou à la Vierge, généralement représenté par une statuette, une plaque ou une croix. On les trouve souvent à des carrefours, des cols ou des passages jugés dangereux, où ils étaient érigés pour demander la protection divine. Ici, l’oratoire en pierre de taille domine les gorges. Dans une niche située à plus de deux mètres de hauteur, on distingue une Vierge à l’Enfant. Les plus anciens oratoires de Provence remontent au XIVe s., mais celui-ci est de facture plus récente.

Pendant plusieurs millions d’années, les eaux de l’Estéron ont sculpté les couches calcaires du Jurassique (datant de -170 à -135 Ma), creusant peu à peu un canyon impressionnant. Par endroits, ce dernier atteint plus de 200 m de profondeur, témoignant de la puissance de l’érosion fluviale sur le long terme.

Le village cache, au détour de ses ruelles, un joli patrimoine chargé d’histoire. Entre le XIIe et le XIXe s., il a appartenu successivement à la Provence, aux États de Savoie, puis au comté de Nice. Il fut durement touché par le tremblement de terre du 23 février 1887, dont l’épicentre se situait au large des côtes ligures. Pas moins de 80 bâtiments furent endommagés, dont l’ancien château et l’église, cette dernière ayant été entièrement reconstruite par la suite.