Balade sonore - Découverte d'Uttwiller

La maison qui se tient devant vous est la plus ancienne du village, elle est datée de 1556. Son histoire est liée à celle d’une ancienne bergerie… Les seigneurs d’Uttwiller possédaient une bergerie depuis 1395. En 1734, ils cessent l’exploitation et louent pour six ans au plus offrant. C’est Jacques Reichshoffer, un juif de Bouxwiller, qui se voit attribuer les terres dans les bans d’Uttwiller, Neuiller-lès-Saverne et Menchhoffen, comme le possédaient les seigneurs jusqu’à ce jour, plus la maison du berger, les bergeries et le jardin. Le troupeau fut limité à 290 bêtes. Reichshoffer s’engagea à entretenir les bâtiments et à ne pas défavoriser l’un des trois bans. En contrepartie, les trois communes étaient tenues de veiller à ce que les jachères puissent toujours être utilisées comme pâturages. De 1740 à 1746, Caspar Horn d’Uttwiller est locataire de la bergerie. En parlant de bêtes...au village autrefois chaque maison avait des animaux, et savez-vous qu'il existait un gardien d'oies et de cochons? Pour en savoir plus, écoutez cette habitante :

Voici devant vous un bel exemple de maison « Schini », construite en 1839 pour les époux Iacob Baltzer et Margaretha Schnell, tous deux cultivateurs. C’est une exploitation à cour fermée. Le logis et les étables, à pignon sur rue, sont réunis par un corps de passage dans le respect de l’agencement classique des fermes des environs. A Uttwiller comme dans de nombreux villages des environs de Bouxwiller, l’influence des suisses, venus repeupler la région après la guerre de Trente Ans (1618-1648), se retrouve au niveau de l’architecture. Une dynastie de charpentiers suisses, les Schini, établie dans la région de Bouxwiller depuis 1522, a d’ailleurs donné son nom à la maison à colombages « type » de cette partie de l’Alsace. Sa caractéristique principale est la présence du type de loggia le plus spectaculaire, la loggia double ou plus précisément celle à deux niveaux de balustrades. Elle orne près d’une trentaine de logis dans les villages des environs de Bouxwiller, datés de 1776 à 1839. Revivez l'époque où le village vivait de l'agriculture en écoutant ce témoignage sur la moisson :

Le logis de cette exploitation a probablement été reconstruit au cours du 19e siècle à l’emplacement d’un logis antérieur, mais aucune inscription ne confirme cette hypothèse. En revanche, l’étable à portique sur rue est datée de l’année 1835, millésime qui accompagne une inscription commémorative pour les époux Jacques Jung et Marie Balzer (partie inférieure de la balustrade du portique). Quelques éléments à remarquer : - Ce type de dépendance est représentatif d’un nouveau genre d’étable qui va apparaître à la fin du 18e siècle et qui poursuit son essor jusqu’au début du 20e siècle. - Ces étables à portique ont généralement pignon sur rue car cette typologie particulière de dépendance permet de nombreuses activités à l’abri des intempéries, de remiser un véhicule protégé par le versant du toit et d’approcher les charrettes près des espaces de stockage pour leur déchargement. - La porte charretière est ici couronnée par une balustrade. Autrefois au village, on cultivait le tabac, écoutez le témoignage de cette habitante qui a connu cette période :

Découvrez l'histoire de cette maison et remontez à l'époque où elle était un restaurant et notamment un bureau de poste en écoutant ce témoignage :

Le logis de cette ferme est daté de 1810 d’après une inscription figurant sur la porte de la cave (non visible de l’extérieur). La dépendance à pignon sur rue comporte une autre cave datée de 1842. Le corps de passage central a été réalisé quelques années plus tard (la porte charretière avec inscription commémorative est datée de 1848 sur le linteau en bois). Quelques éléments à remarquer : - Le relief présentant une couronne tenue par deux animaux dressés au centre du linteau de la porte piétonne. - Les piliers de la porte piétonne, en grès rose, sculptés de saynètes présentant des fleurs variées, un cœur, un cerf et un cavalier, ainsi qu’une scène en rapport avec les inscriptions triviales, évoquant des propos humoristiques au sujet du métier de tailleur (d’habits). - Ce type de décor en bas-relief méplat est aujourd’hui exceptionnel en Alsace, contrairement au Pays de Hanau où on en trouve aussi à Menchhoffen, Ettendorf, Obermodern, Bosselshausen, Schillersdorf et Obersoultzbach. Cette moquerie envers les tailleurs n’est pas étonnante à une époque où les villages étaient peuplés de riches familles paysannes. Entre cette majorité de travailleurs de la terre (cultivateurs, laboureurs et journaliers) vivaient quelques autres corps de métier minoritaires : maréchaux-ferrants, tonneliers, cordonniers, tisserands, tailleurs (tous représentés à Uttwiller par une ou plusieurs familles aux alentours de 1850). Ce dernier métier faisait l’objet d’une satire populaire. Dans les villages du 19e siècle, les tailleurs étaient souvent des habitants très pauvres et leur activité était certainement jugée moins éprouvante que les travaux des champs d’où la moquerie des plus aisés. Les relations fréquentes avec la clientèle féminine n’arrangeaient rien à la situation. Par ailleurs, la pauvreté entraînait irrémédiablement une mauvaise condition physique. Les tailleurs qui passaient pour des gens maigres pouvaient être comparés à des chèvres ou boucs, animaux aux os saillants. Concernant les propriétaires du 13, rue principale, deux hypothèses peuvent expliquer les décorations de leur façade. La première, fréquemment évoquée dans la littérature, repose sur le fait que le propriétaire était tailleur de métier et qu’il avait fait orner son portail pour priver les autres du plaisir de le railler. Rien dans l’état civil ne montre la présence d’un tailleur à la ferme au 19e siècle. Peut-être un métier secondaire ? La seconde hypothèse pourrait être une provocation envers un autre habitant du village ? Ceci est possible puisque en 1851, Uttwiller comptait parmi ses 269 habitants deux tailleurs, Krieger George Père et Fils, dont l’habitation se situait au n°36 Hintergass (à proximité du croisement rue principale – rue d’Ingwiller). Une sculpture très proche de celle décrite est observable au 35 rue de Kirrwiller à Obermodern, probablement le travail du même sculpteur.

Vous ne vous en doutez sûrement pas mais tout laisse à penser qu’un château était présent autrefois à Uttwiller. Dans l’ouvrage Alsatia Munita, Répertoire critique des sites fortifiés de l’Ancienne Alsace du 10e siècle à la Guerre de Trente Ans, il est dit ceci : « La Régence de Bouxwiller, au 18e siècle note qu’il reste à Uttwiller, en aval du pont sur la Moder, quelques ruines de l’ancien château des nobles d’Uttwiller ». Voici un premier indice sur les traces de l’existence de château… Ajoutons également que ces « nobles d’Uttwiller », qui étaient des chevaliers, ont bel et bien existé. Cette famille est attestée de 1246 à 1501, période à laquelle de nombreux châteaux furent édifiés. Il est donc fort probable que cette famille a pu contribuer à l’existence d’un château à Uttwiller. Par rapport à l’information de l’ouvrage cité plus haut, qui place le château « en aval du pont sur la Moder », il est important de préciser que la Moder ne passe pas sur le ban communal ; le château était donc sûrement situé en aval du pont sur le Soultzbach. Un indice supplémentaire appuie la présence d’un château dans la commune, un ouvrage de la fin du XIVe siècle témoigne « d’un pré situé à Uttwiller derrière une tour ». Mais à quoi pouvait bien ressembler cet édifice ? Ce n’était certainement pas une forteresse d’envergure, la position du village dans le comté n’aurait pas justifié un château défensif. Ce devait être une bâtisse servant majoritairement au logis, entourée d’un mur d’enceinte en moellons de grès avec une tour servant plutôt de pigeonnier que de tour de garde. L’édifice était sûrement ce qu’on appelle une ferme fortifiée. Ces fermes permettaient au propriétaire qui était souvent le noble des lieux de mettre à l’abri les récoltes représentant l’impôt collecté et accessoirement d’abriter ses sujets en cas d’extrême urgence. Les exemples de fermes fortifiées conservées se font rares, vous pouvez en observer une à Romécourt en Lorraine. Mais, aucune trace de ce château n’a été retrouvé, il a sûrement été dévasté durant la guerre de Trente ans ; mais ses pierres ont pu servir à la construction des plus anciennes maisons du village.

A Uttwiller, comme dans de nombreux villages, se trouvait un lavoir. Aujourd'hui, le bâtiment n'existe plus mais vous pouvez revivre l'époque où les villageois s'y rendaient pour laver leur linge en écoutant le témoignage de cette habitante :

Les origines de cette église remontent au début du 13e siècle. En 1233, les revenus de l’église d’Uttwiller reviennent pour moitié à l’abbaye de Neuwiller. Les chevaliers Anselm de Batzendorf et Cregelinus confirment avoir construit l’église à leurs frais et reçoivent donc la moitié des revenus. A côté de l’église se trouvait un ermitage pour le frère chargé du culte. Le 6 mai 1253 l’église devient une filiale de Bouxwiller. Cette église est dédiée à Saint Nicolas. La réforme est introduite en 1545. En 1563, un diacre est nommé à Bouxwiller, pour les villages d’Uttwiller et de Neuwiller-lès-Saverne. En 1655, ce poste est occupé par un vicaire. Bien après la réforme le presbytère est encore occupé par un ermite. L’église que vous découvrez aujourd’hui a été construite en 1683 suite à la destruction de la précédente lors d’un incendie en 1673. La nef actuelle (19x11m) fut construite en 1785 pour 8277 livres. Le terrier de 1739 nous livre une description de l’église : un clocher à trois étages avec une cloche et une horloge, un chœur d’un étage ½ et une nef, le long de laquelle est construite la maison d’école avec étable, le tout entouré d’un cimetière. L’actuelle école a été édifiée en 1831 comme nous l’indique sa première pierre, remise à nue en 1960 lors de travaux, qui porte la date du 31 mai 1831. En entrant dans l’église, remarquez une plaque commémorative sur laquelle est gravée la liste des victimes des deux grandes guerres. Découvrez également l’orgue Stihr daté du 19e siècle ainsi qu’un autel de 1968. Si vous souhaitez découvrir comment on fêtait Noël autrefois à Uttwiller, écoutez le témoignage de cette habitante :