Site archéologique Petra Castellana

La fortification qui entourait le site de Petra Castellana avait plusieurs portes qui permettaient d’accéder à la ville.Une archive du XVIIIe siècle mentionne l’existence de 3 portes : au sud, à l’est et à l’ouest. Seule la porte à l’ouest, par laquelle vous êtes probablement passés, a été conservée en partie et stabilisée en 2004. Les observations et relevés archéologiques montrent que cette porte était à deux vantaux et équipée d’une barre de fermeture. L’ensemble pouvait être complété d’une herse. Le chemin sur lequel vous vous trouvez est le sentier de randonnée du « Tour du Roc ». Il emprunte très probablement le tracé correspondant à l’axe principal de circulation et de vie urbaine hérité de l’agglomération médiévale de Petra Castellana. En 2019, des travaux ont été réalisés avec la reprise de murs en pierre sèche, la mise en place d’un escalier franchissant le mur de restanque et la création du sentier qui mène au rempart.

La construction de l’église Saint-André date de la fin du XII ou début du XIII siècle. C'était l’église paroissiale de Petra Castellana jusqu’en 1260.A cette date, la population est déjà plus nombreuse en bas dans le Bourg que perchée à Petra Castellana et demande que la paroisse soit transférée dans l’église Saint-Victor (située dans le centre ancien). L'église Saint-André est alors progressivement abandonnée. L'église Saint-André est un édifice à nef unique et abside semi-circulaire. Sur la façade sud, face à vous, on peut encore voir les deux portails d’entrée, un grand et un plus petit, accompagnés de trois fenêtres construites avec un arc en plein-cintre. Ces éléments sont comparables à ceux visibles sur la façade de l’église Saint-Victor. Sur la façade ouest, on remarque un oculus. Lors de la construction, une attention a été portée sur l’utilisation de pierres, calcaire et grès, de différentes couleurs. Aucun élément de toiture ne subsiste et l’église est très détériorée. En 2019, des travaux sur l’église Saint-André ont permis de stabiliser l’extérieur de l’édifice. L’arcade de la porte est désormais soutenue par un ouvrage métallique ajusté. Les restes des façades sud et ouest ont été profondément confortés tant à l’intérieur même des murs qu’au niveau des tous les parements et sommets de murs. L'intérieur de l'édifice reste très dangereux et l’accès y est strictement interdit.

On peut voir de nombreux boulets de pierre dans tout le site de Petra Castellana. Lors des fouilles, les archéologues en ont trouvé plusieurs dizaines.Tous les boulets sont taillés dans une pierre locale, un calcaire gris. Leur forme assez sphérique mais parfois en tonneau avait souvent une face plane facilitant l’empilement et le stockage. Le poids moyen d’un boulet est d’environ 40 kg. Les boulets ont été utilisés contre la ville de Petra Castellana et ne sont donc pas une réserve de munitions contre un assaillant. Ils ont été projetés depuis l’extérieur des remparts, probablement depuis un replat situé au nord à environ 70 m de la fortification et dominant légèrement le site. Parmi les armes utilisées au Moyen Âge, la bricole semble être la plus adaptée au lieu. C’est un engin léger, permettant un tir rapide et précis. D’après les archives, on sait que la ville de Petra Castellana a été assiégée deux fois, peut-être trois : en 1189 et en 1262, et possiblement en 1368. Le dernier siège a eu raison de l’occupation du site et les habitants qui avaient déjà commencé à quitter l’agglomération s’installent définitivement dans le Bourg, actuel emplacement de Castellane. De nombreux boulets ont été utilisés en réemploi dans les maçonneries, les murs de terrasses ou sur les sentiers. Amusez-vous à les retrouver !

Ce dessin est une perspective cavalière interprétative établie par Xavier Boutin, architecte, sur la base des observations de terrain et des échanges avec Vincent Buccio, responsable du service départemental d'Archéologie.

Ce dessin est une perspective cavalière interprétative établie par Xavier Boutin, architecte, sur la base des observations de terrain et des échanges avec Vincent Buccio, responsable du service départemental d'Archéologie.

La fortification de Petra Castellana est encore bien visible, notamment sur sa partie nord, face à vous. On pense que la fortification encerclait tout le site mais il n’y a plus de vestiges explicites au sud.Les archéologues ont repéré le tracé de l’enceinte sur 245 mètres de long qui était formé d’un ensemble de sept tours, en forme de demi-lune et reliées entre elles par un mur continu appelé courtine. Le rempart a été daté au carbone 14 et sa construction remonte à la fin du XIIe - début du XIIIe siècle. Les tours sont massives et pleines, sans pièces à l’intérieur, bâties avec des pierres et du mortier et couvertes de tuiles en terre cuite. Le rempart est percé de plusieurs ouvertures encore visibles. Toutefois, aucun élément ne permet de savoir s’il y avait des créneaux. Un chemin de ronde pouvait courir à l’intérieur de la fortification, au sommet du rempart.

La ville de Petra Castellana a été progressivement abandonnée au XIIIe siècle, suite à une attaque menée par le Comte de Provence en 1262 mais aussi parce qu’on lui avait préféré le Bourg, plus commode.Toutefois l’ensemble du site de Petra Castellana a ensuite été utilisé pour l’agriculture jusqu’au milieu du XXe siècle. En effet, la structuration de la ville en terrasses, l’exposition au sud et la grande quantité de pierres disponible ont rendu aisée la transformation en site agricole. En regardant le paysage, on voit que le site est organisé en terrasses c’est-à-dire en banquettes structurées, appelées en Provence « restanques ». Elles sont soutenues par des murs de pierres sèches (construction sans mortier), organisées de manière régulière et munies de dispositifs de circulation telles que des rampes d’accès. On distingue encore les ruines de cabanons en contrebas mais aussi les nombreux clapiers d’épierrage. Tous les ans, les pierres étaient extraites et amassées en tas afin de rendre plus facile le labour et la culture de la terre. Les hommes cultivaient très probablement de la vigne, des arbres fruitiers, peut-être des légumes secs (lentilles, pois chiches, …). Les terres étaient aussi pâturées par des moutons et des chèvres.

Comment étaient construites les maisons dans Petra Castellana ? De 2016 à 2019, des sondages archéologiques ont été réalisés à différents endroits, proches du rempart, dont un devant vous.Ils ont permis de mieux comprendre l’organisation du site et ont tous été rebouchés après la fouille pour protéger les vestiges. On sait que les bâtiments étaient souvent adossés au rempart, utilisant ce mur en appui arrière. Des fenêtres étaient aménagées dans le rempart. On suppose que les bâtiments faisaient environ 15m² au sol mais certains pouvaient être plus grands. Ils avaient un ou deux étages : au rez-de-chaussée, on pouvait loger les bêtes, ou installer un atelier ou une cave, le 1er et parfois le 2ème étage étaient destinés à l’habitation. Les maçonneries étaient en pierre calcaire locale liée au mortier de chaux et la toiture couverte de tuiles. Lors des fouilles, peu de mobilier en céramique a été retrouvé. Les réserves de grains pouvaient être stockées dans des silos creusés dont certains ont été découverts pendant les fouilles.