Au temps des potiers

Bourg de La Poterie, parking de la Chapelle Saint-Yves.

Vous êtes face à l’église SaintYves (au pied de laquelle se trouve la fontaine Saint-Yves-de-Vérité. La légende prétend qu'en cas de désaccord profond entre deux personnes, si l'une d'entre elles, persuadée de son bon droit, jetait des pièces dans la fontaine, elle entraînait la mort de son rival. Mais le sort se serait retourné à maintes reprises contre le requérant, la prudence reste donc de mise...

L'imposante croix des Houssas vous indique que vous pénétrez dans le domaine des "Landes de la Poterie". Sa présence en ce lieu relève pourtant de l'anecdote. Erigée dans le bourg en 1888, en souvenir du passage d'une mission, elle fut purement et simplement déplacée lors de travaux de voirie...La croix est en revanche située à proximité des vestiges du moulin des Houssas, visibles de l'autre côté du sentier. Construit en 1711, cet édifice fut imposé comme limite de propriété par la noblesse locale qui avait tendance à s'emparer des landes, ce que refusèrent toujours les potiers.

Le plan du site, face auquel vous vous trouvez, invite le promeneur à parcourir les landes en suivant un balisage spécifique. N'hésitez pas, vous y découvrirez des paysages remarquables façonnés par la roche mère, le gabbro, qui après des millénaires de décomposition a fourni l'argile qui fut si précieuse pour les potiers. Les mares et trous d'eau, disposés çà et là, comme pour témoigner de l'intense activité des potiers, sont aujourd'hui les garants de la richesse de cet écosystème unique.

Sorti du domaine des landes, vous longez les murs du manoir des Portes-Bouilly, dont le nom est à rapprocher de Guillaume Bouilly, qui acquiert la seigneurie des Portes en 1537. Outre la réputation de l'hôtel-restaurant qui l'habite aujourd'hui, le manoir est également connu pour sa porte style Renaissance, peinte à l'aquarelle par Mathurin Méheut, célèbre artiste lamballais. (voir le circuit n°4: Le Tour de Lamballe). Sur votre gauche, vous apercevez de nouveau l'église Saint-Yves qui fut bâtie sur la chapelle des Bouilly, dont ne subsistent que les inscriptions sculptées de part et d'autre du porche actuel. L'influence de cette famille puissante explique très certainement la position de l'église située en marge du bourg, situation plutôt rare.

Vous arrivez à la «Croix d'en Hue». Le nom de ce lieu-dit ne vous évoque probablement rien de particulier, pourtant, jusqu'au 14e siècle, il indiquait qu'il valait mieux tourner à droite («hue» ), quand on venait du bourg de la Poterie. S'il s'engageait devant lui, l'étranger, inconscient du danger qui le guettait, échouait immanquablement à la «Maladrerie». On avait construit en ce lieu un véritable petit village, fait d'une chapelle et de maisons en genêts, où étaient placés les lépreux. Vivant en autarcie, parfois aidés de leurs familles quand elles parvenaient à leur fournir quelques vivres, les malheureux se limitaient à la pratique de petits métiers comme la corderie.

Après avoir cheminé au cœur du très agréable bois du domaine, vous vous trouvez face au château de la Moglais (privé), demeure des marquis de la Moussaye, bâti au 18è siècle. Cette autre grande famille, qui fournit deux maires à la commune, eut aussi de nombreux démêlés avec les potiers. Aujourd'hui, habité par les descendants de Louis de la Moussaye, député des Côtes-du-Nord pendant la Restauration et cousin des précédents, le château se distingue par l'architecture originale de son petit théâtre ou de son orangerie, par son esplanade ornée de statues mais aussi par ses jardins "à la française".

Encore quelques foulées sur le chemin ceinturant l'étang, vous observerez le moulin qui donna son nom à la retenue. Bâti en 1680 sur les restes d'un plus ancien, il fut successivement propriété des seigneurs de Penthièvre et de la Moglais, avant de cesser son activité en 1920 avec le départ des derniers meuniers.

Vous êtes face à l'étang de la Ville Gaudu, créé en 1974 pour écrêter les crues du Gouessant et limiter autant que possible l'inondation de la ville. Le site offre un cadre particulièrement apprécié des Lamballais pour la détente, la promenade familiale ou la pratique sportive.

Après vous êtes engagé sur le joli sentier épousant les méandres du Gouessant, vous arrivez très vite sur l'emplacement de ce qui était autrefois le gué du moulin de la Ville-Mainguy, aujourd'hui disparu, mais réparable grâce aux quelques rochers subsistants dans le cours d'eau. C'est ce passage que les Potiers devaient emprunter pour rejoindre Maroué, afin de pouvoir y enterrer leurs morts, la Poterie étant dépourvue de cimetière jusqu'en 1607. Traverser le Gouessant en crue relevait parfois de l'exploit, les péripéties rencontrées et les charrettes renversées furent hélas nombreuses.