Circuit des trognes

Le circuit des Trognes Le charme têtard C’est quoi une trogne ? Une trogne, arbre têtard ou d’émonde est tout simplement un arbre taillé périodiquement pour concilier à la fois longévité et production de bois ou de feuilles. Comment créer une trogne ? Contrairement à un arbre en forme libre, l’arbre est coupé régulièrement. Si la dimension de la blessure est importante, l’arbre crée un tissu qui va recouvrir petit à petit la zone mise à nu : c’est le bourrelet cicatriciel (ou cal de cicatrisation). En hiver, coupez l’arbre à la hauteur désirée. La coupe doit être bien nette mais pas forcément en biseau. Au printemps, des rejets apparaissent au niveau de la coupe. Vous pouvez éliminer ceux qui se forment trop bas sur le tronc par rapport à la future tête. Après un certain nombre d’élagages, si l’arbre est étêté régulièrement, une tête boursouflée apparaît donc. Le renflement est aussi dû à l’accumulation de réserves et de nutriments mobilisés pour se protéger des agents pathogènes et pour développer de nouveaux rejets. Les caractéristiques du charme commun Le charme est dit marcescent c’est-à-dire que son feuillage brunit et sèche en automne mais reste accroché aux branches durant tout l’hiver. On reconnaît le charme à son tronc cannelé. Ses feuilles, fleurs et fruits Ses feuilles sont doublement dentées, ses fleurs sont des chatons et ses fruits, regroupés en grappes pendantes, sont des samares formées d’un akène côtelé muni d’une large bractée foliacée trilobée.

Le circuit des Trognes Le paysage bocager Qu’est-ce qu’un bocage ? Il s’agit d’un type de paysage où les champs ou prairies sont séparés par des haies (arbres, arbustes alignés), des arbres têtards, des vergers, des mares… qui constituent ainsi un maillage plus ou moins grand où les différents éléments fonctionnent comme des corridors biologiques (couloirs naturels nécessaires à la reproduction, à la croissance, au refuge… des espèces animales et au développement des espèces végétales). Le bocage permet : - Une meilleure rétention de l’eau (lutte contre les inondations) ; - Une forte limitation de l’érosion (diminution des coulées boueuses) ; - De structurer et d’embellir le paysage. • La haie protège du vent, tout en atténuant les chocs climatiques. Elle permet aussi un apport de bois de chauffage, de fourrage…et abrite des arbustes fruitiers (noisetiers, sureaux, etc) sources de nourriture... • Les vergers hautes tiges permettent la production de fruits (jus de fruits, cidre, compotes, confitures…) et une production de bois de qualité • Malheureusement, le bocage a tendance à disparaître de nos jours. Il est donc important de maintenir les longs couloirs boisés qui restent en place et de replanter afin de recréer du bocage ! C’est pourquoi chaque année, le Parc naturel des Hauts-Pays mène des opérations de restauration du bocage sur son territoire (à découvrir sur le site www.pnhp.be) et plante en moyenne 2,8 km de haies/an.

Le circuit des Trognes La haie bocagère Qu’est-ce qu’une haie bocagère ? Une haie bocagère est une haie composée de plusieurs essences d’arbres et arbustes disposés en strates (étages) différenciées. Elle est constituée de végétaux indigènes, et qui sont adaptés à la fois au climat et au sol de la région.. Quels arbustes planter pour une haie locale ? Vous avez le choix ! Par exemple : l’aubépine monogyne, le noisetier, le fusain d’Europe, la viorne obier, le prunellier, le cornouiller sanguin, l’églantier, le sureau noir, le troène, la bourdaine… Il est intéressant de planter un mélange de 3 à 5 plants par essence Quels arbres planter pour une haie locale? Pourquoi pas le charme, le sorbier des oiseleurs, le frêne, le saule, l’érable champêtre, l’aulne… Intérêts agricoles -La haie protège les animaux sauvages (hérissons…) et le bétail des intempéries (vent, pluie) mais aussi de la chaleur et du froid. -La haie protège les cultures en freinant le vent -Elle permet de lutter contre l’érosion des sols et les inondations grâce aux racines des arbres (absorption de l’eau). -Elle fournit du bois, des fruits et des plantes médicinales (utilisées jadis). -Elle abrite des espèces animales qui se nourrissent des ravageurs de cultures. Intérêts écologiques -Elle est importante pour la faune et la flore : elle fournit refuges, habitats, lieux de reproduction et nourriture à de nombreuses espèces (rougegorges, merles, grives…). -Elle permet aux animaux de circuler entre les différentes zones (corridors écologiques). Intérêts paysagers -Elle délimite les champs, les jardins (séparation du territoire). -Et elle embellit considérablement le paysage avec ses différentes couleurs de feuilles, de fleurs et de fruits !

Le circuit des Trognes L’arbre mort C’est le printemps, et la nature reprend vie, sauf pour un de vos arbres… Alors que toutes les autres plantes autour produisent des bourgeons qui enflent et qui éclatent en feuilles ou en fleurs, ce spécimen ne montre pas encore signe de vie. Est-il mort ? Avant de paniquer, pensez que c’est peut-être normal pour l’espèce en question ! Chaque espèce a son propre horaire de feuillaison. Aussi, il peut y avoir eu un contretemps (un hiver exceptionnellement froid, par exemple). Mais si l’arbre est bien mort, sachez qu’il est important de le conserver ! De grandes cavités s’y formeront, indispensables au développement de certaines espèces d’oiseaux (pigeons colombins, pics…), d’insectes ou crustacés décomposeurs de bois mort (larves de carabes, cloportes…). L’arbre mort sera donc source de nourriture et de logement. De plus, le tronc servira de support à des plantes grimpantes (comme le lierre) et champignons lignivores et toute une vie pourra s’y développer !

Le circuit des Trognes Le saule têtard et la biodiversité Quelles sont les caractéristiques du saule têtard ? Le saule têtard n’est pas une espèce particulière de saule mais un mode de taille : l’homme a modifié sa morphologie par un étêtage et par des coupes successives des rejets à intervalles réguliers ; c’est un arbre à croissance rapide et un écosystème à lui tout seul. Les coupes régulières entraînent la formation de cavités ainsi formées offrent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces animales et végétales. Elles serviront aussi bien aux mammifères (chauves-souris, lérots…), qu’aux oiseaux cavernicoles (chouettes chevêches, mésanges…). Son tronc sera occupé par les amphibiens, hérissons, insectes… Bref, un vrai hôtel 4 étoiles pour la faune. Remarques : - L’absence d’entretien des saules entraîne la mort des arbres prématurément car les branches grossissent et deviennent tellement lourdes qu’elles finissent par fendre les arbres en deux. - Le broyat de saules améliore la qualité et les propriétés du sol (amendement naturel). - Les saules stabilisent les berges des ruisseaux et rivières grâce l’enracinement, permettent d’absorber l’excédent d’eau dans les zones humides, fournissent ombrage et fourrage pour le bétail. - Les saules contiennent de l’acide salicylique, une molécule qui a des propriétés anti-inflammatoires et qui est à la base de la création de l’aspirine.

Le circuit des Trognes Le frêne têtard Quelles sont les caractéristiques du frêne commun ? On le reconnaît souvent grâce à ses gros bourgeons noirs qui poussent en sens opposé sur les rameaux. C’est un arbre élancé qui aime les sols frais et humides. On le retrouve généralement le long des cours d’eau. Ses feuilles, fleurs et fruits Utilités - Le frêne est un arbre très résistant à l’eau et est planté en bordure de terrain agricole ou sur les berges des cours d’eau où il limite l’érosion et les inondations - Son écorce et ses feuilles ont des vertus diurétiques et anti-inflammatoires contre la goutte et les rhumatismes. - Ses feuilles sont aussi utilisées comme fourrage de qualité Remarque Le frêne commun est actuellement déconseillé à la plantation à cause de l’épidémie de chalarose due à un champignon. Par conséquent, le frêne à fleurs (ou orne) peut être une alternative.

Le circuit des Trognes Les utilisations de l’arbre têtard La feuille de saule : un fourrage de qualité… Si l’exploitation systématique annuelle ou bisannuelle des frênes pour la feuille pratiquée il y a quelques décennies peut s’avérer fastidieuse, garder des Frênes têtards sur leur exploitation permet de générer un fourrage d’appoint en cas de sécheresse. C’est en effet un très bon complément alimentaire pour le bétail qui peut éviter à l’éleveur d’entamer ses réserves de foin pour l’hiver. Produire du bois à des fins variées Se chauffer  Le fait d’exploiter un arbre têtard cycliquement permet d’obtenir un volume de bois total important sur l’ensemble de la vie de l’arbre. Cependant, il est nécessaire d’en faire une consommation raisonnée, de le maintenir en vie longtemps pour qu’il continue à stocker du carbone (lutte contre les changements climatiques) et de planter de nouveaux spécimens régulièrement. Très accessible car situé en bord de parcelle, la forme des branches de l’arbre têtard se prête bien au passage dans un broyeur si l’on souhaite obtenir des plaquettes. Autres usages  Les copeaux de bois obtenus par broyage (BRF) peuvent servir à pailler une stabulation pour des bovins, assainir les sorties de bâtiment ou les passages trop boueux, fertiliser et pailler le potager. Dans le cas des saules têtards une taille annuelle permet d’obtenir des rameaux longs et flexibles utilisés pour la vannerie (une animation pédagogique spécifique a eu lieu à l’école communale dans le cadre du projet) et en architecture végétale. Enfin, le bois obtenu peut servir pour la réalisation de châssis, de poteaux, de jeux en bois…

Le circuit des Trognes Les différents types de trognes Selon la taille de formation choisie par l’Homme, on peut obtenir un type de trogne particulier : Le têtard Ses autres petits noms : tronche, têteu, têtiau… Il doit son nom à sa grosse tête : les branches sont coupées au même niveau du tronc et les cicatrisations successives provoquent un gonflement du tronc au niveau de la coupe. La hauteur varie de un à quelques mètres et dépend de la présence d’animaux herbivores pâturant aux alentours. Généralement, la tête de l’arbre est coupée à une hauteur supérieure à celle du garrot du bétail, pour protéger les rejets. La tonnelle Les branches sont menées à l’horizontale et fixées solidement entre elles pour se rejoindre. Il est même courant de voir les branches s’auto-greffer. La tonnelle permet de créer une zone ombragée très appréciée en été. Le chandelier ou candélabre Lors de cette taille, on conserve quelques têtes sur l’arbre. Les rejets, naturellement verticaux donnent alors à l’arbre une forme très rigolote de chandelier ! L’entonnoir Si la trogne est située sur une parcelle cultivée, l’agriculteur coupe parfois les branches basses qui pourraient gêner le passage des engins agricoles, ce qui donne à l’arbre une forme d’entonnoir à l’envers. Le tire-sève Il s’agit de tailler, la première année, toutes les branches à leur niveau de coupe initial, sauf une branche alors appelée « tire-sève ». Cela maintient une circulation de sève et une activité de photosynthèse la première année pour diminuer le stress imposé à l’arbre. Si l’arbre retrouve sa vigueur au printemps, le tire-sève est éliminé après trois ans. La méthode est parfois contestée car elle amoindrirait la vigueur des jeunes rejets. La cépée La cépée est l’ensemble des rejets issus d’une même souche. Ce n’est pas vraiment une trogne (taillée en hauteur avec un tronc) vu qu’elle se situe au ras du sol et ne possède qu’une touffe de branches. Mais, comme la trogne, la cépée peut être taillée à intervalles réguliers. L’arbre est alors taillé très bas (15 cm) près du sol de telle façon que la souche produise de nouvelles et nombreuses pousses. La tête de chat Pour obtenir au fil des ans plusieurs petites boules hérissées, la coupe est effectuée, non pas au ras du tronc, mais au niveau des branches maitresses. Les tailles suivantes sont ensuite répétées aux mêmes endroits. L’émonde ou ragosse Drôle de forme pour un arbre ! L’émonde ressemble à une immense chenille plantée la tête en bas ! Si l’arbre possède cette forme inhabituelle, c’est pour concilier production agricole et production de bois sur la même parcelle ! La taille des branches latérales se fait au ras du tronc.

Le circuit des Trognes L’entretien des arbres têtards et leur sauvegarde Comment entretenir un arbre têtard ? Une fois la tête formée, l’arbre têtard doit être minutieusement et régulièrement entretenu : en moyenne, les tailles sont espacées de 5 à 8 ans selon les essences, le terrain et l’utilisation du bois (fourrage ou bois de chauffage). Ces opérations sont appelées « le bûchage ». Quelques conseils : • Un rythme d’intervention plus important favorise la vitalité de l’arbre, mais elle décourage la formation de creux, utiles à la biodiversité. • L’entretien d’une taille en trogne se fait en hiver, lorsque la sève et les réserves sont descendues dans les racines. Sans compter que cela évite aussi de perturber la nidification des oiseaux. • À chaque intervention, il faut veiller à ne pas enlever des morceaux de la tête qui causeraient des plaies trop importantes. Par contre, il faut retirer les chicots, ces morceaux de bois morts susceptibles d’empêcher la cicatrisation et la repousse. • Il faut impérativement prendre quelques précautions au moment de couper les branches : idéalement, il faut les tronçonner en plusieurs fois à partir du sommet (une première coupe à minimum 50 cm de la tête et une seconde coupe propre et nette en toute sécurité). • Attention, la taille d’entretien d’un arbre têtard est une opération délicate qui peut s’avérer dangereuse. Il est primordial de maîtriser l’usage de la tronçonneuse et de tous les outils utilisés. L’usage d’équipements de protection est obligatoire ; il ne faut pas travailler avec une échelle car celle-ci peut basculer suite à la chute d’une branche. Sauvegarde des arbres têtards Les arbres têtards constituent des composants caractéristiques du paysage et jouent un rôle important dans la régulation climatique et la préservation de la biodiversité. Il est donc très important de les conserver. En Région wallonne, des subventions existent pour leur entretien et s'inscrivent entre autres dans le cadre de la campagne Yes We Plant. Cette campagne a pour objectif ambitieux de planter 4000 km de haies et/ou un million d'arbres en Wallonie. Le projet Et nos (Hainaut) Saules têtards du Parc naturel des Hauts-Pays (PNHP) Le Parc naturel du Pays des Collines, des Plaines de l’Escaut, des Hauts-Pays et la Haute Ecole Condorcet se sont associés pour planter 5000 perches, tailler 500 saules têtards et étudier les pistes de valorisation du broyat grâce au projet « Et nos (Hainaut) Saules têtards ? ». Le PNHP a par exemple taillé deux saules pour récupérer des perches qui ont été distribuées lors des Journées de l’arbre 2021.