Située en plein centre de la ville, cette maison à colombage très bien conservée représente depuis sa création un bâtiment de pouvoir. Si la présence d'un Sénéchal, officier de justice du roi, dans ce bâtiment n'est pas certifiée, ses décorations, sa taille et surtout son emplacement au carrefour de deux axes principaux de la ville font de lui une maison de notable à n'en pas douter. Elle a même été restaurée en 1606 avec l’aide financière du roi Henri IV, qui remerciait ainsi les Carhaisiens d’avoir pris son parti après les guerres de Religion. On sait également qu'à cette époque (XVème et XVIème s.), Carhaix est au cœur d'une sénéchaussée comprenant une soixantaine de paroisses et que ses rues étaient remplies d'avocats et autres magistrats. Son plan rectangulaire, simple en profondeur, présente une petite façade à pans de bois sur la rue Brizeux (classée Monument Historique en 1922) et une grande façade latérale maçonnée sur la rue Félix Faure (classée en 1976).
Cette maison abrite aujourd'hui et depuis 1920 l'Office de Tourisme de la ville de Carhaix.
Admirez ce travail de l'ébéniste. Il avait été décidé de représenter les principaux corps de métiers sur la façade, car c’est sur eux que s’appuyait l’autorité du Sénéchal. Y sont ainsi représentés le paysan en semeur, le tanneur avec son tablier, le gentilhomme avec l’épée au côté, le soldat de garnison avec sa lance et enfin un membre du clergé. Au deuxième étage on aperçoit également deux cariatides et deux atlantes.
Si les façades de la Maison du Sénéchal représentent fièrement des corps de métiers, c'est qu'au sortir du Moyen-Âge, les corporations sont importantes à Carhaix et même très spécialisées. Ainsi on diffère clairement le cloutier du quincailler, n'allez pas les confondre ! Mais de manière assez contradictoire, ces corporations étaient parfaitement organisées entre elles en "Chapitre des chapeaux". Ces confréries formées en général de 5,6 artisans et de métiers plus ou moins liés, se regroupaient à des fins économiques certes, mais surtout religieuses. Un saint patron était choisi et plusieurs fois dans l'année on organisait pardons et autres prières.
En entrant dans la confrérie, on s'engage à payer une somme de 20 livres et à aider lorsqu'un confrère est malade, ou s'il subit un vol. Il est aussi affirmé que ces dernières payaient les inhumations pour les familles les plus pauvres. Tout une organisation donc, difficile à imaginer aujourd'hui mais qui à cette époque de développement économique à Carhaix était de coutume.