L’exploitation industrielle de la vallée du Glain remonte au 16e siècle lorsque le comte de Salm autorise l’implantation d’un moulin banal à Cierreux. Une foulerie, édifiée vers 1762 tout à côté, a disparu dans les années 1930. En 1808, Mathieu Beaupain devient propriétaire du moulin puis maître de la ferme toute proche trois ans plus tard. Entre 1809 et 1819, il édifie une tannerie qui, encore de nos jours, est le bâtiment le plus emblématique du site. Sa signature, via les initiales « MBP », se trouve sur un linteau d’une entrée aujourd’hui obturée située du côté du bief. Cette haute bâtisse couverte de cherbin est atypique. Les deux premiers niveaux sont construits en moellons alors que les trois supérieurs, réservés au stockage et au séchage des peaux, sont édifiés en pans-de-bois sur trois faces. La force utile à l’activité industrielle était puisée sur le bief du moulin, quelque peu en amont ; le site est en effet caractérisé par la présence de trois petits cours d’eau et d’une chute d’eau séparant les deux usines. Entre la tannerie et cette chute sont visibles les vestiges d’anciennes cuves à tan, poudre végétale utilisée pour la séparation des cuirs. Mathieu Beaupain poursuit l’exploitation des autres bâtiments et transforme la foulerie en moulin à huile. Riches et influents, l’industriel et ses fils occupent même des fonctions maïorales dans la région. Bâtiment emblématique du patrimoine industriel rural de Wallonie, la tannerie a été restaurée dans les années 1980.
Classement comme monument et comme site le 22 septembre 1982