Ailleurs appelé soule, ici, la pelote, ce terrible jeu est interdit par un arrêt du Parlement de Normandie en 1776. La presqu’île de Jumièges, par son côté presque insulaire, n’applique que tardivement cette interdiction. Elle est l’un des derniers terrains de jeu de la pelote. Et la toute dernière est lancée au Mesnil, le mardi 25 décembre 1866.
Le but du jeu est de récupérer une petite balle renfermant une prime.
Les solides jeunes gens du Mesnil se partagent en deux camps : ceux des Hauts, les villageois de la côte et ceux des Marais, les gars du Conihout. Dans ce jeu violent, la vitesse est primordiale. Aussi peut-il durer cinq minutes comme plusieurs jours.
La pelote est lancée et se trouve emportée par l’un des concurrents qui traverse fossés plein d’eau, haies, étangs, … jusqu’à ce qu’enfin il soit rentré chez lui, escorté de quelques amis de son camp. La pelote n’est gagnée que lorsque le coureur, rentré dans sa maison et n’ayant été atteint par aucun concurrent du camp opposé, l’a accrochée au manteau de la cheminée.
On s’attrape, on se bat, on s’enfuit, on s’injurie, on se cache, on se pourchasse. Outre la gloire personnelle de garder la pelote, on s’acharnait encore à l’enlever par désir d’honorer son hameau. Une sorte de superstition s’en mêlait aussi ; la pelote portait bonheur au hameau qui la possédait et lui donnait une bonne récolte dont les autres étaient privés.