
La maison qui se tient devant vous abritait autrefois une épicerie, celle de Marie Kremer, « Chez Kremers ». Celle-ci ferma ses portes en 1977.
Une habitante du village, Christiane Osswald nous confie ses souvenirs liés à l’épicerie :
« Dans la petite vitrine en verre, des piles de tablettes de chocolat... Sur le dessus, bonbons, caramels, Malakoff, « tue-la-toux », malabars, réglisses...tentations sous toutes les formes, toutes les couleurs... dans leurs bonbonnes sagement alignées... Sur le comptoir, la balance pour peser café en grains, sucre, sel, farine...
Les pompes pour aspirer et mesurer l'huile, la moutarde, le vinaigre, le pétrole... Disposés devant la fenêtre, les cageots de fruits et légumes... Sur la droite, un espace pour ranger les cigarettes et les cigares...
Et tout le long du mur du fond, une grande étagère sur laquelle se côtoient riz, pâtes, biscuits, biscottes, bocaux, conserves, épices...
Ni chèque, ni carte bancaire, l'argent va tout droit dans le tiroir sous le comptoir.
Dès qu'on poussait la porte, l'odeur âcre du tabac se mêlait à celle du fromage, surprenant les narines...
Et puis avec l'arrivée du congélateur, la glace détrône les desserts "maison" de nos parents.
Parfois, sur le chemin de l'école, nous prenions un malin plaisir " à faire marcher la Marie" (Kremer). À tour de rôle, on poussait la porte, la sonnette annonçait notre venue...l'appartement se trouvant à l'étage, la Marie était obligée de descendre à chaque fois le grand escalier en bois pour vendre une minuscule friandise... Après plusieurs tours de piste, elle déboule dans la cour en criant que nous sommes de vilains garnements.
Que ce soit chez La Lüwis ou La Marie, les habitants de Frohmuhl aimaient se retrouver dans ces lieux familiers, pour y faire le plein d'emplettes, mais aussi le plein de nouvelles fraîches. Le journal « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » est livré à domicile par des porteurs, mais chaque semaine le magazine "Paris-Match" est attendu avec impatience chez la Marie.
Après l'ouverture des supermarchés dans les années 70, les épiceries doivent fermer car elles ne sont plus rentables et il n'y a pas de repreneurs pour celles-ci. »
C'est dans cette ancienne épicerie que les premières glaces ont fait leur apparition au village dans les années 1960, Christiane vous parle de cette belle découverte gourmande :