
Lieu du sacre de vingt-cinq rois de France, la Cathédrale de Reims a été construite à partir de mai 1211 et ses bâtisseurs ont innové, avec une fenêtre châssis élancée, répétée dans tout l’édifice et pris pour modèle dans l’Europe entière. Ils évidèrent au-dessus des trois portails de la façade les tympans de pierre remplacés par des vitraux pour la première fois dans l’histoire de l’architecture.
La voûte de la nef monte à 38 mètres, épaulée à l’extérieur par des arcs-boutants dont la technicité performante est métamorphosée en cortège d’anges. L’ornementation, le décor de la Cathédrale relèvent, comme l’architecture, d’un dynamisme novateur : les vitraux illustrent à l’intérieur les récits narrés par la statuaire à l’extérieur de l’édifice avec une prodigalité inégalée. La Cathédrale est le manifeste de la monarchie sacrée à Reims avec l’omniprésence de Marie « reine du ciel » à qui la Cathédrale est dédiée, et avec la représentation répétée de la filiation symbolique entre les rois de la Bible et les rois de France.
La construction de la Cathédrale, commencée par le chevet, s’étendit durant tout le XIIIe siècle pour le gros œuvre, les parties hautes des tours n’étant achevées qu’au XVe siècle quand un incendie détruisit la charpente en 1481 : la toiture refaite, les travaux s’arrêtèrent en 1516 sans élever les flèches prévues.
Edifice emblématique de l’histoire de France, la Cathédrale, incendiée en 1914 par l’artillerie allemande, fut prise pour cible jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Henri Deneux, architecte en Chef des Monuments Historiques, releva la Cathédrale de ses ruines et la dota, grâce à la générosité de John David Rockefeller Jr, d’une charpente en béton armé qui est aujourd’hui un atout attractif incontournable, soutenant la toiture en plomb rétablie.
Les maîtres-verriers rémois qui mirent leur art au service, entre autres réalisations, de Marc Chagall pour les fenêtres de la chapelle axiale en 1974, mais aussi les sculpteurs, les tailleurs de pierre et toutes les entreprises qui continuent aujourd’hui à restaurer la Cathédrale, oeuvrent à sauvegarder notre histoire et contribuent à la création artistique contemporaine.
La Cathédrale de Reims a une très riche statuaire, supérieure à celle de toutes les autres cathédrales européennes. 2.303 statues ornent l’édifice dont 211 de 3 à 4 m de hauteur et 788 animaux de toute grandeur. On peut observer notamment sur le portail gauche la statue de l’Ange au Sourire, emblème de la ville de Reims, et celle de la Reine de Saba restaurée en 2006-2007. A 50 mètres du sol, sur la face occidentale, se trouve la « galerie des rois » avec, au centre, le baptème de Clovis. Plus bas, on peut admirer le récit du combat de David contre Goliath et, juste au-dessus du grand portail, le couronnement de la Vierge. Notre-Dame de Reims se distingue par une rare unité de style, malgré une construction qui s’étendit sur plus de deux cents ans (principalement au XIIIe siècle).
Malgré les destructions successives entamées au XVIIIe siècle, la Cathédrale de Reims possède encore de nombreux vitraux du XIIIe siècle, regroupés dans les parties hautes de la nef, du chœur et du transept. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la Cathédrale reçoit à intervalles réguliers des vitraux contemporains. Les plus célèbres sont trois fenêtres de Marc Chagall de 1974, situés dans la chapelle axiale : l’arbre de Jessé, les deux testaments et les grandes heures de Reims. En 2011, année du 800e anniversaire de la Cathédrale, l’édifice accueille les vitraux de l’artiste allemand Imi Knoebel, qui prennent place dans les deux chapelles d’abside adjacentes à la chapelle Chagall.