


À la rue Boucquémont, Zénon Delaunois, fils d’ouvrier agricole et petit-fils de tisserand, a marqué son époque avec une activité à la fois agricole et artisanale : la torréfaction de chicorée.
Une petite ferme et une grande idéeAvant 1900, Zénon gère une ferme traditionnelle avec quelques vaches, des porcs et une dizaine d’hectares de terres. Très vite, il développe une activité complémentaire : la fabrication de chicorée. Au départ, il fait sécher lui-même ses racines dans une petite touraille, puis, comme beaucoup d’autres, il se met à acheter des cossettes séchées auprès de producteurs.
Un travail artisanal mais bien organiséLa torréfaction se faisait dans un tambour de 125 kg, utilisé sept à huit fois par mois. Après la cuisson, deux hommes devaient soulever la lourde boule pour la vider dans un bac en bois, où la chicorée refroidissait lentement.
Un système ingénieux de barres aidait à déplacer le tambour, et un moteur à essence servait à moudre la chicorée.
Conditionnée en sachets de 1 ou 5 kg, elle était vendue sous le nom « Chicorée Zénon Delaunois ».
Une clientèle locale… et plus loinLa chicorée Delaunois trouvait surtout ses acheteurs à Silly, mais Zénon élargissait aussi son horizon : deux fois par an, il livrait Lens, Montignies et Soignies, et par train, il envoyait même jusqu’à Herchies et Boussu. En charrette, il allait jusque Binche, preuve de la réputation de son produit.
Anecdotes savoureusesLe travail de torréfaction était rude, notamment à cause de la fumée bleue qui envahissait le local.
Les enfants raffolaient des cossettes fraîchement grillées, croquées comme une friandise.
À l’époque des tickets de ravitaillement, les fabricants se passaient des messages secrets pour échapper aux contrôles de la police.
Zénon continua son métier jusqu’à environ 70 ans, vers 1940. Son fils ne souhaita pas reprendre l’entreprise, et l’activité s’éteignit doucement.
Héritage
La Chicorée Delaunois incarne la mémoire d’une production familiale et artisanale. Elle rappelle une époque où le savoir-faire, la débrouillardise et la proximité avec les habitants faisaient battre le cœur de Silly.