






Au coin de la rue Bouquémont et de la rue Mauvinage, la famille Blondiau a marqué pendant un siècle la vie économique de Silly avec sa fabrique de chicorée.
Des débuts artisanauxTout commence avec Jean-Baptiste Blondiau, qui, à la fin du XIXᵉ siècle, fait sécher la chicorée dans une petite touraille à la rue Montagne Gambette. Pour moudre les cossettes, il utilise un simple moulin à bras, actionné par deux personnes.
Son fils Nestor reprend l’affaire et modernise peu à peu le procédé. D’abord, un cheval fait tourner le manège pour torréfier et moudre. Puis, en 1919, il achète un torréfacteur de 300 kg, utilisant le gaz pauvre dès 1921 : une petite révolution !
Le développement avec Henri et MauriceEn 1935, le fils de Nestor, Henri Blondiau, s’installe dans la ferme familiale de Mauvinage. Il transforme la grange en fabrique et dépôt, et développe la clientèle avec son fils Maurice. Ensemble, ils étendent la distribution locale et assurent la notoriété de la maison Blondiau.
Une production locale et ingénieuseAu départ, Nestor allait chercher les cossettes séchées chez les fermiers voisins en charrette. La chicorée était vendue en sacs de 50 kg, en paquets de 25 kg ou encore stockée dans des terrines en grès, ce qui permettait de la conserver plus d’un an sans perte de qualité.
Les ventes se faisaient surtout en vrac dans les fermes de Silly, Gibecq ou Soignies, transportées par chariot. Plus tard, la fabrique s’équipe d’un moteur combiné essence-diesel, d’un torréfacteur de 500 kg et même d’une automobile pour les livraisons.
Les marques et la publicitéLa chicorée Blondiau est commercialisée sous plusieurs marques : « Chicorée Nestor Blondiau », « Chicorée du Vieux Moulin » et « Chicorée Sylla ». Ces noms renforcent l’identité locale et la reconnaissance des produits.
Anecdotes de famillePendant la guerre 14-18, les chevaux étant réquisitionnés, c’est un bœuf, surnommé Guillaume, qui faisait tourner le manège pour moudre les cossettes.
Henri se souvient avoir lui-même tourné ce manège, deux heures d’affilée, six à sept fois par jour !
Plusieurs générations de la famille Blondiau reposent aujourd’hui au cimetière de Silly, témoins de cet enracinement profond.
Active pendant près d’un siècle, la Chicorée Blondiau est l’exemple d’un savoir-faire familial et artisanal. Avec ses innovations et sa proximité avec les habitants, elle a contribué à écrire une belle page de l’histoire de Silly et de sa chicorée.