L’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert ou abbaye de Gellone est une abbaye bénédictine fondée en 804 par un aristocrate aquitain de l'époque carolingienne Guillaume de Gellone (v. 742-812), appelé Guilhèm en occitan.
L'abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.
La fondation de l'abbaye de Gellone s'inscrit dans le contexte de la conquête franque de l'Occitanie, arrivant après l'occupation par les Wisigoths suivie de celle des Musulmans. Pépin le Bref puis Charlemagne (742-814) s'efforcent de mettre en place une nouvelle structure administrative tandis que Benoît d'Aniane, un très haut noble d'origine germanique, et Guilhem, comte de Toulouse, se chargent de la reprise en main religieuse. Le premier fonde l'abbaye d'Aniane dans les années 780, et le second, Guilhem, fonde en 804, deux cellules de l'abbaye d'Aniane, Notre-Dame de Caseneuve à Goudargues (Gard) et Saint-Sauveur de Gellone, située actuellement dans l'Hérault, dans un lieu proche d'Aniane, mais encore un peu plus écarté.
Guillaume de Gellone (Guilhem en occitan) est à la fin du viiie siècle comte de Toulouse et duc d'Aquitaine. Il est, par sa mère, le cousin de Charlemagne. Il suivra le parcours de son ami, Benoît d'Aniane, en se retirant de la vie laïque, après une carrière militaire bien remplie et, en effectuant une donation à Gellone, le 14 décembre 804.
L'abbaye de Gellone est restée sous l'autorité d'Aniane jusqu'au début du xe siècle, avant d'être suffisamment prospère pour être indépendante. Le premier abbé de Gellone connu est Juliofred. Guillaume qui est simplement moine y passera la fin de sa vie. Il y meurt en 812 et y est enterré.
Plus de trois siècles plus tard, des chansons de gestes du xiie et xiiie siècles mettront en scène un personnage fougueux engagé dans des combats acharnés contre les Sarrazins. Le geste de Guillaume d'Orange s'inspire d'une légende épique autour de Guilhem et contribuera grandement à la renommée de Gellone.
Église abbatiale
Le porche de l'église date du xiie siècle et le clocher du xve siècle. La nef surprend par sa grande hauteur (18 mètres de haut) pour une largeur de seulement 6 mètres. Elle est composée de quatre travées, avec des arcs doubleaux. Le tout est soutenu par des pilastres. La nef et les deux collatéraux sont voûtés en berceau en plein-cintre. On peut observer des arcs de décharge sur les murs latéraux. L'abside quant à elle est à l'extérieur percée de 18 niches.
Autel de Guilhem
Dit l' autel du Sauveur. Cette pièce a échappé aux destructions. Il pourrait s'agir d'un autel en marbre blanc et calcaire noir, incrustés de pâte de verre de couleurs (bleu, jaune, rouge, vert, violet), que Guilhem aurait ramené d'Aix-la-Chapelle.
Le panneau de gauche représente le Christ en majesté dans une mandorle, entouré des symboles des évangélistes.
Le panneau de droite représente le Christ en croix, entouré de la Vierge et de Saint-Jean. À droite et à gauche de la croix, le soleil et la lune. Au bas de la croix, des morts sortent de leur tombeau.
C'est probablement l'ancien maître-autel, sous le vocable du Sauveur
Sacramentaire de Gellone
Il s'agit d'un livre de l'époque de Charlemagne (fin du viiie siècle) servant aux moines pour la célébration des cérémonies. Ce manuscrit est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. L'iconographie pré-romane est très riche et justifie l'importance de ce document.
Cloître
Sa construction comprend trois périodes;
La première qui est conservée, se situe au xie siècle pour l'aile Nord et Ouest avec un petit morceau sur la partie Est. Elle ne comprend que peu de sculpture.
La seconde période est la réalisation des galeries Est et Sud et à l'étage avec la construction le long des promenoirs Nord et Ouest. Cet ensemble est daté de 1205 par un texte parlant du nouveau cloître. Qui est doté de sculptures.
La troisième période se situe vers 1300 et concerne la fermeture du cloître dans ses parties hautes au Sud et à l'Est. Cette partie comporte les colonnettes octogonales à chapiteaux primatiques.
Dans ce cloître, la décoration sculpturale laisse entrevoir la trace de quatre ateliers: deux de style roman, avec des feuilles d'acanthe et des personnages longilignes, les visages sans expression et deux de style gothique avec des personnages très naturel.
Le cloître a été démantelé et ne possède plus que deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest). Le cloître à l'origine comportait un premier étage construit à la fin du xiie siècle. La galerie nord est percée par une série d'arcades géminées, en plein cintre, reposant sur une colonnette centrale. Les sculptures du cloître vendues à Barnard en 1906 se trouvent aujourd'hui au musée The Cloisters à New York. Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier.
Un dépôt lapidaire, abrité dans l'ancien réfectoire, présente des chapiteaux, des colonnes ondées, des statues. On y trouve le tombeau en marbre du fondateur de l'abbaye. Il s'agit d'un tombeau antique de l'école d'Arles, qui a été réutilisé. Autre sarcophage, celui des sœurs de Guilhem, Albane et Bertane.
Il subsistait deux fresques partielles dont peut être une annonciation avec une vierge à genou. Une restauration a eu lieu en 2007.