

L’origine de l’abbaye remonte au XVIIe siècle, avec l’établissement d’un ermitage de moines antonins.
En 1826, quelques moines cisterciens-trappistes venus de l’abbaye Notre-Dame du Gard s’installent sur le site qui est érigé en abbaye en 1847.
Pendant la Première Guerre mondiale, l’abbaye est réquisitionnée : elle sert de garnison et d’hôpital militaire.
Face à l’avancée allemande, plusieurs moines évacuent les lieux pour l’abbaye de la Trappe ou pour un refuge plus proche : Watou.
L’abbaye est entièrement détruite en 1918 comme en témoignent ces quelques lignes du 10 mai 1918 tirées de l’envoyé spécial du Petit Journal : « C’était l’offensive contre le bon Dieu. Les murs des cellules s’effondraient ; la terre ocre et molle du jardin potager des hommes du Seigneur bouillonnait chaque minute par de nouveaux cratères, la croix de la cour sautait, les statues tombaient de la façade et, choc central, un grand nuage de fumée rouge-brique s’éleva : la nef de la chapelle, en plein milieu, sous un obus sûr, s’effondrait. {…} En attendant, tournons-nous, regardons leurs ravages. {…} Le 9 mai 1918, par une belle journée de soleil, entre midi et six heures, les Allemands qui, en 1914, étaient venus goûter votre lait, ont massacré votre domaine. Votre chapelle a conservé ses trois clochetons, mais son toit, son abside sont sur les dalles, en tas. Votre saint Bernard, votre patron, qui accueillait les visiteurs à l’entrée, a perdu sa tête. {…} Votre grande horloge s’est arrêtée à 1 heure 12. {…}. Vos chaises, vos tables, vos chandeliers, vos autels, vos tableaux, vos lits, tout sort d’un tremblement de terre, cassé, enchevêtré, perdu. Et l’ange de votre jubé, qui est à peu près tout ce qui reste debout, au milieu de cette destruction, ses deux bras le long du corps, textuellement dit : « Voilà ! » »