À la suite du concile de Reims de 1131, Odon, abbé de Saint-Rémi, fonde en 1132 une chartreuse au cœur des forêts d’Ardenne, où vivent les moines selon la règle de saint Bruno. Ce dernier, ancien écolâtre de la cathédrale de Reims, avait renoncé à devenir archevêque pour fonder, dans le Dauphiné, la Grande Chartreuse. La chartreuse du Mont-Dieu devient la première de France. Le pape Innocent II en confirme la fondation par une bulle en 1163. Guillaume de Saint-Thierry adresse alors aux premiers moines une célèbre épître, la Lettre aux frères du Mont-Dieu sur la vie solitaire, aussi appelée Lettre d’or. Ce texte, mystique et profond, décrit l’élévation de l’esprit humain vers la vie de l’esprit. Retirée mais vulnérable, la chartreuse est ravagée à plusieurs reprises, notamment durant les guerres de Religion. Elle est reconstruite en 1617 dans un style proche de celui de la place Ducale de Charleville. Confisquée à la Révolution, elle devient prison d’État, puis est transformée en filature. Les bâtiments tombent en ruine, avant d’être partiellement sauvés par André Poupart de Neuflize, un industriel sedanais, au début du XIXe siècle.