




👑 Les 5 Vierges de la Bonne Mère
Ce que peu de visiteurs savent : il existe 5 statues majeures de la Vierge à Notre-Dame de la Garde, chacune avec sa propre histoire :
Notre-Dame la Brune
Au XIVe siècle, une statue de la Vierge sculptée dans un bois foncé, richement ornée de décorations en or et en argent, occupait une place d'honneur au fond de l’ancienne chapelle. Elle était affectueusement surnommée Notre-Dame la Brune.
Malheureusement, cette effigie fut détruite pendant la Révolution française.
L’historien et abbé Castellan, spécialiste de l’histoire du sanctuaire, avance qu’une petite statuette en marbre conservée par le couvent de la Visitation pourrait en être une réplique fidèle.
Aujourd’hui, une version en albâtre est visible dans l’une des chapelles latérales de la basilique actuelle, perpétuant le souvenir de cette première Vierge vénérée sur la colline.
La Vierge à l’ostensoir
Au milieu du XVIIe siècle, en 1651, les responsables du sanctuaire décident d’enrichir la chapelle d’une nouvelle statue de la Vierge en argent massif, destinée à trôner derrière le maître-autel.
L’ancienne Notre-Dame la Brune est alors déplacée vers une chapelle latérale.
Cette nouvelle effigie est particulière : elle ne porte pas l’enfant Jésus dans les bras, mais tient entre ses mains un ostensoir en forme de soleil, destiné à accueillir le Saint Sacrement.
Les orfèvres s’étaient engagés à réaliser une œuvre d’une finesse exceptionnelle, en suivant les canons liturgiques en vigueur.
Les jours où l’ostensoir n’était pas exposé, on le remplaçait par une petite statuette de l’Enfant Jésus, placée à ses pieds.
La statue fut livrée et installée dans le sanctuaire le 18 juin 1661.
Mais son destin sera tragique.
Pendant la tourmente révolutionnaire, dans la nuit du 29 au 30 avril 1790, des insurgés pénètrent par surprise dans le fort de la Garde.
Ils hissent le drapeau tricolore sur le donjon, symbole d’un nouvel ordre.
Peu après, la statue est profanée : on l’affuble d’une écharpe tricolore, et l’Enfant Jésus est coiffé d’un bonnet phrygien.
La Vierge devient malgré elle l’objet de la dérision révolutionnaire.
Le 18 août 1793, elle est descendue de son autel et transportée à la cathédrale de la Major.
Puis, en 1794, elle est envoyée à la Monnaie pour y être fondue, avec d'autres trésors du sanctuaire.
Une œuvre d’art exceptionnelle, symbole de ferveur et d’orfèvrerie baroque, est ainsi perdue à jamais.
La Vierge au bouquet
Après les destructions révolutionnaires, la colline de la Garde renaît peu à peu à la vie spirituelle. En 1807, alors que les statues précédentes ont disparu, un ancien capitaine de marine de 59 ans, Joseph Hélie Scaramagne, fait un geste fort :
il offre au sanctuaire une statue en bois, acquise aux enchères, qui provenait autrefois du couvent des Picpus.
La statue est d’abord exposée le 3 avril à la cathédrale de la Major, avant d’être conduite en procession jusqu’à la chapelle de la Garde le lendemain.
Ce moment marque la reprise des cérémonies et des pèlerinages, après des années de silence.
Plusieurs figures illustres viendront s’y recueillir :
Carlos IV, roi d’Espagne en exil, offre notamment deux diadèmes en argent à la Vierge,
Marie-Caroline de Naples et la duchesse d’Angoulême lui rendront également hommage.
Le peuple marseillais, lui, développe une belle habitude : placer un bouquet de fleurs dans la main tendue de la Vierge, comme pour recevoir sa bénédiction.
Ce geste, simple et poétique, lui vaudra le surnom affectueux de “Vierge au bouquet”.
Aujourd’hui encore, cette statue est visible, placée derrière l’autel de la crypte, dans un cadre discret mais profondément émouvant.
La Vierge de Chanuel
Dans les années 1820, la volonté de doter le sanctuaire d’une nouvelle grande statue de la Vierge se concrétise grâce à un premier don de 3 000 francs, offert par la duchesse d’Angoulême.
Très vite, d’autres fidèles suivent son exemple et une souscription publique est ouverte pour financer l’effigie.
En 1827, le projet est confié au sculpteur Jean-Pierre Cortot, qui imagine une œuvre raffinée, pleine de douceur et de majesté.
La réalisation est confiée à l’artiste Chanuel, statuaire, orfèvre et fondeur, qui applique un procédé complexe et prestigieux : le métal repoussé, inspiré des techniques de la Renaissance utilisées par Benvenuto Cellini.
La fabrication durera six ans. En 1834, la statue est exposée à Paris à l’Exposition de l’Industrie, où elle obtient une médaille de reconnaissance.
Mais le coût final dépasse les prévisions. Pour achever le paiement de l’œuvre, deux journaux lancent une collecte auprès des fidèles.
L’enthousiasme est tel que la statue est enfin bénie le 28 juillet 1837 par Monseigneur Fortuné de Mazenod, puis conduite en grande procession jusqu’au sommet de la colline.
Elle sera restaurée à Paris après avoir été endommagée par un incendie en 1884.
Le couronnement de la statue aura lieu en 1931, lors d’une cérémonie grandiose en présence du cardinal Louis-Joseph Maurin, légat du pape Pie XI, et de 49 évêques venus de toute la France.
Ces “Fêtes du Couronnement” rassemblent près de 500 000 fidèles, avec messes, défilés religieux et même processions maritimes escortant la Vierge entre la Major et la basilique.
➡️ C’est cette statue de Chanuel, solennelle et lumineuse, que tu peux admirer aujourd’hui au-dessus du maître-autel de la basilique Notre-Dame de la Garde.
La Vierge dorée du clocher
En 1867, avec l’achèvement du clocher de la basilique, il est décidé d’y ériger une statue monumentale de la Vierge.
Le modèle est dessiné par le sculpteur Eugène-Louis Lequesne, et sa réalisation est confiée à la prestigieuse maison Christofle.
La statue est fabriquée selon une technique novatrice pour l’époque : la galvanoplastie. Concrètement, il s’agit de former l’objet à partir de moules en latex, plongés dans un bain de cuivre, jusqu’à obtenir une enveloppe métallique fine mais solide.
La Vierge est constituée de quatre grands tronçons, plus la couronne, tous fabriqués à Paris. Ils sont ensuite transportés par train jusqu’à Marseille en décembre 1869, puis recouverts de feuilles d’or, une opération délicate à renouveler environ tous les 30 ans pour préserver son éclat.
L’ensemble est fixé sur une structure en fer forgé, imaginée par l’architecte Espérandieu lui-même, pour résister au vent et au temps.
➡️ À l’intérieur, un escalier en colimaçon permet de grimper jusqu’à la tête de la statue. Les rares privilégiés qui y accèdent peuvent, littéralement, voir Marseille à travers les yeux de la Bonne Mère.
Un symbole à la fois spirituel, artistique et profondément marseillais : la ville sous le regard bienveillant de sa gardienne d’or.
✨ Lieu de foi populaire et de mémoire collective
La basilique est tapissée de milliers d’ex-voto : plaques, béquilles, photos, maquettes de bateaux… Témoignages bouleversants de prières exaucées, de miracles attendus, de promesses tenues.
C’est aussi un lieu de grandes processions :