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🛶 Le Canal de la Douane & le Cours Estienne d’Orves
Dates : 1782 – 1927
Durée de lecture : 3 min
Localisation : Quartier du Vieux-Port, entre le quai de Rive Neuve et la place aux Huiles
Le Cours Estienne d’Orves : quand le canal refait surface dans l’histoire
Avant d’être l’une des places les plus animées du centre-ville, bordée de cafés et de restos ensoleillés, le Cours Estienne d’Orves cachait un secret bien plus humide : un canal !
Eh oui, à l’emplacement de cette vaste esplanade, coulait autrefois ce qu’on appelait le canal de la Douane. Certains anciens s’en souviennent encore comme d’un coin pittoresque, presque romantique, qui donnait au Vieux-Port des allures de Venise ou de Bruges, façon marseillaise bien sûr !
🌊 Le canal sous les pavés
Pour comprendre son origine, il faut remonter au XVIIe siècle, à l’époque où l’Arsenal des Galères dominait le Vieux-Port. Ce vaste complexe militaire, commandité par Colbert sous Louis XIV, servait à construire, entretenir et équiper les galères royales. Il a laissé derrière lui quelques traces, dont le canal est peut-être la plus méconnue.
À l’origine, il ne s’agissait pas d’un canal complet, mais d’une darse en L, simple bassin relié au port. Ce n’est qu’en 1782, longtemps après la fin de l’arsenal, que l’on prolonge ce bassin pour former une vraie voie d’eau : le canal de la Douane.
🛶 Des ponts en bois et une vie bien animée
Le canal ceinturait ce qu’on appelait l’îlot Thiars, aujourd’hui entre le cours Jean Ballard, la place aux Huiles et le cours Estienne d’Orves. Les quais, larges de 12 mètres côté terre et 8 mètres côté îlot, étaient reliés par six ponts en bois, tous mobiles :
Tout ce beau monde se manipulait à la main, à la force des bras. Pas de moteur, pas d’électricité, mais une vraie chorégraphie urbaine !
L’écrivain marseillais Edmond Jaloux était d’ailleurs fasciné par ce paysage, qu’il comparait aux plus grandes cités fluviales d’Europe.
🧱 Le canal disparaît… sous les gravats
À partir des années 1840, l'activité portuaire se déplace vers La Joliette. Le canal devient alors moins utile… et plus problématique. L’eau stagnante dégage des odeurs, les ponts sont pénibles à manœuvrer, et la ville moderne commence à s’impatienter.
Dès les années 1910, les débats s’enflamment dans la presse locale. Après quelques années de sursis dues à la guerre, le couperet tombe en 1926 : la Ville obtient le droit de combler le canal, officiellement pour des raisons d’hygiène.
Dès 1927, les travaux commencent. Des tonnes de gravats viennent remplir le canal. La zone est pavée deux ans plus tard. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait…
🚗 De canal charmant à parking bétonné
Dans les années 60, en pleine explosion de l’automobile, on décide de construire un parking aérien de 375 places à cet endroit. L'infrastructure voit le jour en 1965, sous le mandat de Gaston Defferre. Au départ bien accueillie, la structure finit par lasser les habitants : trop massive, trop voyante, trop grise.
Dès les années 70, des voix s’élèvent pour retrouver un usage plus agréable de l’espace. Un comité se monte, une idée émerge : démonter le parking et le remonter ailleurs. C’est audacieux, mais ça marche : en 1987, le mastodonte est déplacé à La Rose, où il devient un parking-relais pour la RTM.
🌿 Une renaissance pour le cœur de ville
Le Cours Estienne d’Orves, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est inauguré en 1989. L’urbaniste Charles Bové signe la transformation : une grande place piétonne, ouverte, vivante, propice aux balades, aux apéros et à la culture.
Le canal, lui, est toujours là. Caché, endormi sous tes pieds. Mais son souvenir, lui, continue de flotter dans l’air du Vieux-Port…