
C’était un hiver extrêmement froid et rigoureux. Les oiseaux d’Alsace ne trouvaient plus de nourriture et finirent par se rassembler tous dans une vallée vosgienne. Ils se serraient étroitement les uns contre les autres pour se réchauffer et ne chantaient point.
La nuit de Noël vint avec ses sons de cloches, ses chants de joie et d’allégresse. Après la messe de minuit au château de La Petite Pierre, une noble dame voulut regagner son château du Hunebourg, mais elle se demandait pourquoi une force impérieuse la poussait malgré elle à passer par la petite vallée de Johannisthal. Dans la lumière pâle de la lune elle vit les oiseaux entassés sur les branches et sous les sapins. Elle s’en émerveilla, mais en même temps une immense pitié s’empara d’elle pour ces petites créatures qui sûrement souffraient de la faim, car la neige couvrait d’un manteau épais la terre gelée.
Dès le point du jour la Dame revint avec plusieurs serviteurs. Ils balayèrent la neige et répandirent à profusion du grain et des miettes. Les petits oiseaux vinrent les uns après les autres, de plus en plus nombreux ; ils picorèrent le grain et se rassasièrent. Peu à peu aussi ils commencèrent à élever leur voix tandis que la noble Dame les regardait d’un air souriant :
« - Bonne fête de Noël mes petits amis ! »
Le soleil vint et illumina joyeusement la forêt blanche. Alors les oiseaux élevèrent ensemble leurs voix et entonnèrent une chanson de Noël si belle et mélodieuse que la dame crut mourir de ravissement. Chaque jour elle vint donner à manger aux oiseaux jusqu’à ce que l’hiver avec ses rigueurs eut disparu. Alors les petits chantres quittèrent la vallée et regagnèrent leur nid.
Écoutez Adeline de Schoenbourg vous raconter le froid dans les années 1950 (piste audio disponible sur l'application ou le site)