
L’église de Wirwignes est un exemple unique d’un art populaire qui s’inscrit dans le courant de ce que l’on a appelé l’Art naïf mis en évidence par le Douanier Rousseau après 1871 et surtout dans les années 1880. Du point de vue chronologique, l’œuvre de l’abbé Lecoutre (1830-1906) commencée en 1869 fait partie de la préhistoire de ce mouvement au même titre que les rochers sculptés à Rotheneuf de 1870 à 1895 par son exact contemporain, l’abbé Fouré (1839-1910). D’un point de vue artistique, elle participe pleinement de cet art libéré des schémas classiques de la perspective et de l’imitation de la nature et répétitif jusqu’à l’obsession une fois l’artiste figé dans sa formule.
A Wirwignes, l’abbé Lecoutre s’est souvenu de son séjour oriental où il avait pu admirer les basiliques chrétiennes d’Orient, mais aussi très certainement des mosquées. Il créa ainsi dans sa paroisse du Pas-de-Calais un édifice surprenant mêlant les couleurs et les accents orientaux avec les marbres et pierres occidentaux.
Bien qu’elle ne semble pas avoir eu de postérité, sous réserve d’un inventaire plus exhaustif de ce type d’ouvrages, cette bâtisse d’un genre particulier dont les éléments constitutifs sont si disparates et la décoration si imprégnée de la forte personnalité de son concepteur, est un jalon essentiel de la genèse de cet Art naïf qui explosera véritablement au XXème siècle.