Saint-Gérard est un village construit autour de son ancienne abbaye. Laïcisée depuis la fin de l’Ancien Régime, elle a été amputée de son église et d’une partie de son cloître pour les besoins d’une route, celle qui sépare l’abbaye de l’église paroissiale.
Du Xe siècle jusqu’à la Révolution française, des moines y perpétuent le culte de leur patron : saint Gérard de Brogne. Né à la fin du IXe siècle dans une famille noble de Stave (près de Mettet), il est destiné à une vie de chevalier. Mais une nuit, dans son sommeil, l’apôtre saint Pierre l’exhorte à restaurer l’ancien sanctuaire qui lui était consacré à Brogne – l’actuelle église paroissiale Saint-Pierre – et à fonder également une abbaye dédiée à saint Eugène. Pour ce faire, il se fait moine dans la célèbre abbaye de Saint-Denis à Paris, où il découvrira et se procurera les reliques du saint de Tolède. Sa formation accomplie, il ramène la précieuse relique du martyr à Brogne et l’installe dans la nouvelle abbatiale.
Par la suite, les miracles attribués à Gérard et l’eau aux vertus guérisseuses du puits Saint-Pierre, autrefois dans la nef de l’église abbatiale (aujourd’hui sous la route), ont éclipsé le culte de saint Eugène au profit de celui du désormais saint Gérard. Le village devient alors un centre de pèlerinage qui connaît un développement particulier au XVIIe siècle. A cette époque, la Contre-Réforme bat son plein, notamment avec l’aide des Jésuites. Pour remettre les fidèles catholiques dans le droit chemin, l’autorité ecclésiastique encourage les pèlerinages vers les lieux sacrés miraculeux.
Aujourd’hui, l’ancienne abbaye est propriété communale et est gérée par l’ASBL « Abbaye de Brogne, Tradition et Découverte » www.brogne.eu, +32 71 79 70 70. Elle comporte un restaurant, une hôtellerie, une micro-brasserie et un musée du vin.