Hellequin – Herlaking – Arlechino
Des Enfers aux feux de la rampe, parcours d’un masque démoniaque
Diabolique est l’adjectif qui correspond le mieux au personnage d’Arlequin ; dans la famille des figures classiques de la Commedia dell’Arte, celui-ci semble être le plus proche de ce qu’ont dû être les costumes des fêtes agraires et des carnavals de la fin du Moyen Age, voire de ceux des célébrations dionysiaques antiques.
Ses origines antiques
En qualité de serviteur ou de « porteur d’eau », il est possible de faire naître le personnage d’Arlequin à l’époque où, en Grèce, on organisait les Grandes Dionysies – une succession de rites orgiaques et extatiques, entre chants et danses endiablés. Chez les Latins, où l’usage des masques trouve son origine dans la religion des Etrusques (de fait, le mot persona – masque – correspond à l’étrusque phersu), il apparaît sous les traits d’un personnage ailé, associé au dieu Pan.
Dans les fabulae Atellanae, longtemps représentées en osque (langue d’Italie du Nord aujourd’hui disparue), c’est le personnage récurrent de Maccus qui incarnait jusqu’au 4ème siècle après Jésus-Christ ce serviteur un peu sot. Ce dernier apparut de nouveau dans les farces cavaioles (relatives à la commune campanienne de Cava).
L’Arlequin médiéval
Hellequin, prototype d’une divinité païenne, fut d’abord cristallisé sous un masque « comico-démoniaque », avant d’être diabolisé par l’Eglise catholique.
Hellequin apparaît pour la première fois sous la plume du moine français Orderic Vital, dans son Historia ecclesiastica, en 1091. Il y est question d’un géant diabolique, à la tête d’une mesnade sauvage de créatures démoniaques et masquées qui, chevauchant de noirs destriers, traversent les ciels du Nord. Les costumes rappellent ceux que l’on rencontre dans tous les carnavals d’Europe ; le fait est historié par quantité d’illustrations et par l’iconographie et nous conduit à une évidente relation entre Arlequin et le panthéon le celtique.
Et, à travers cet Hellequin, connu aussi sous la forme Herlekin, Herlaquin ou la famille Herlequin, ne peut-on voir en outre le fameux diablotin de l’Enfer de Dante, Alichino ?
Vieux de 1500 ans et fermement ancrés dans l’imaginaire populaire, ces mythes, cycles et légendes qui peuplent la fantaisie et le folklore de communautés entières posent un doute raisonnable sur les origines italiennes du personnage le plus représentatif de la Commedia dell’Arte : l’Arlequin aux mille visages.
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