Sommet du Castelas

De l'ancienne forteresse, il ne reste plus rien depuis belle lurette. Hors le site : ce rocher du Castelas, marqué aujourd'hui par Vierge et croix, semble veiller sur le bourg.
Le roc monumental à l’ombre duquel s’étend, frileusement blottie, la veille cité murataise et vers qui s’élève dans une tendre mélopée les murmures des sources et du chant du grillon, servait autrefois de piédestal à un imposant château-fort dont les tours dominaient le pays avoisinant et en commandait les accès. C’était moins une demeure seigneuriale qu’une forteresse tenant garnison et son destin eut été sans doute celui de toutes les bastides moyenâgeuses sans les péripéties d’une guerre qui devait durer cent ans et provoquer l’occupation du Languedoc par les troupes ennemies.

La légende, cette enfant gatée de l’histoire, veut que des patriotes du pays castrais se soient retirés au cœur de nos montagnes dans l’enceinte fortifiée du Murasson pour lutter contre l’envahisseur. Il est certain que cette localité soutint longtemps un siècle héroïque et il est raisonnable de penser qu’à sa chute nos ancêtres résistant cherchèrent refuge dans les places fortes des environs et en particulier dans la citadelle de Murat où ils furent accueillis à pont-levis ouvert. Poursuivis par les troupes de Montgomery, l’aïeul de Monty, la garnison Griffoulède les Anglais tirèrent à boulets rouges sur le Castelas et le château fut entièrement démoli. Nos vaillants maquisards n’eurent plus qu’à se rendre ou à mourir. Il est remarquable que la municipalité de Murat ait édifié une magnifique salle des fêtes à l’endroit même où fut hissé l’artillerie britannique rendant ainsi peut être sans le savoir un pieux hommage à nos premiers résistants.

Le temps qui efface toute chose devait consommer la ruine de la majestueuse citadelle et peu à peu l’oubli s’est fait sur le sort tragique du monument qui avait eu son heure de gloire quand le roi de France, Philippe de Valois, vint en personne, le 21 juillet 1345, visiter son en enceinte et sa courageuse garnison. Il fallut la grande aventure de 1789 pour faire tressaillir à nouveau les lourdes murailles dont les pans calcinés se dressaient encore dans le ciel. À ce moment de ferveur populaire, les habitants de Murat, soulevés d’une immense espérance, se tournèrent vers la croix qui brillait sur le vestige du puissant édifice et leur action de grâce monta comme un chant d’allégresse vers la forteresse mutilée. Aujourd’hui les murs ne sont plus qu’un amoncellement de pierres couvertes de mousse mais la croix veille toujours radieuse et défile, au sommet du Castelas et c’est son image qui attire les premiers regards de ceux qui viennent tous les ans éprouver le charme du pays muratais.