Fondée en 910 par le Duc d’Aquitaine, l'abbaye est très importante en Europe durant tout le Moyen Âge avec son église abbatiale aux proportions hors du commun (la “Maïor Ecclesia”) disposant des plus hautes voûtes du monde roman. Elle est labellisée patrimoine européen.
L'abbaye bénédictine de Cluny était un centre intellectuel important ayant mis en place une école et une bibliothèque. L'ensemble que compose l'abbaye de Cluny a été édifié à travers le temps, selon différentes étapes.
Le professeur K-J. Conant a numéroté les différents stades de construction : Cluny I est la première abbaye dont l'édification a eu lieu entre 910 et 927 qui n’existe plus aujourd’hui, la construction de Cluny II commence en 963 et a pour but d'agrandir le bâtiment déjà présent, avec les caractéristiques d’une architecture romane. Cette partie se situait au niveau du cloitre. Cluny III, lui débute en 1080 : le nombre de moins ne cessant de croitre, il a fallu faire des modifications. Cette partie a été construite grâce à des dons des princes et rois de Castille. Ce bâtiment roman avait une grandeur exceptionnelle de près de 200 m de longueur pour une largeur de 90 m au niveau du transept. Elle était tellement grande qu’elle était gardée par des tours nommées Tours de Barabans hautes de 50 mètres. Elle disposait également de 5 chapelles rayonnante se situant proche des clochers. Après les travaux de Cluny III, l'église de cet ensemble est le plus grand édifice religieux chrétien. Elle gardera son titre jusqu'en 1506, au moment de la reconstruction de la célèbre basilique Saint Pierre de Rome.
À la fin du 11e siècle, elle était à la tête d’un réseau d’environ 10 000 moines dans toute l’Europe. De par sa situation géographique centrale et son foyer intellectuel, Cluny était au Moyen Âge la maison mère d'environ un millier de monastères en France et dans toute l'Europe.
Au fil des siècles, le pouvoir de l'abbaye de Cluny décline à cause d'une mauvaise gestion, de difficultés financières et de l'essor de certains autres ordres religieux. Lors de la Révolution française, le monastère est vendu, la bibliothèque brûlée, les reliques pillées et l’abbaye devient la cible d’un entrepreneur qui la démolit avec des explosifs pour revendre les pierres comme matériaux de construction.
Il faudra attendre les années 1920 pour que l’abbaye soit redécouverte : un archéologue américain va décider de s’intéresser à l’architecture de Cluny et consacre 40 ans de sa vie à la fouille des sites. Il trouvera des morceaux : un aigle, symbole de Saint Jean l’évangéliste conservé au Musée du Louvre, un Saint Pierre conservé dans un musée aux USA. Le rayonnement est mondial.
C’est lui qui a trouvé les fameuses phases de la construction du monastère. Il a ensuite procédé à une reconstitution graphique de l’abbatiale.
De nos jours seuls il en reste seulement 10 %. Les bâtiments construits entre le 17 et 18e siècles sont encore visibles avec le cloître et une partie de l'abbaye Cluny III dont une église et un couvent mais aussi le farinier construit au 13e siècle qui a conservé sa charpente d’origine. Le Cellier, en partie basse, est aussi accessible au public. Un seul clocher se dresse encore au cœur de la petite cité. Les bâtiments restants font l'objet de protections au titre des Monuments historiques et sont gérés par le Centre des monuments nationaux. On peut trouver des fragments de l’abbaye dans le musée du Palais Jean de Bourbon.
N'hésitez pas à faire la visite de l'abbaye si vous en avez l'occasion. Lors de la visite, on peut voir des maquettes, des écrans de réalité augmentée et un film 3D.
Un jardin, le jardin des simples crée lors du 1100 ème anniversaire de la fondation de l’abbaye spécialement pour habitants et les touristes. La création de cet espace s’appuie sur la tradition médiévale de la culture et mais aussi sur l’utilisation des simples, qui, au Moyen-âge définissaient les plantes médicinales aux vertus curatives. Le terme de simple est d’ailleurs toujours utilisé aujourd’hui. A l’époque chaque monastère possédait son jardin des simples qui était géré par le moine herboriste.
Avez-vous remarqué ces clous en bronze sur le sol ? Ils représentent l’agneau pascal (symbole religieux) et sa flèche qui indiquent un sens du parcours de visite guidée.