Au Moyen Âge, Juseret abritait une seigneurie foncière, une seigneurie ne disposant que d’une juridiction contentieuse civile, la cour foncière. En 1629, les droits sur cette seigneurie sont acquis par Robert du Monceau, également détenteur des seigneuries de Bercheux et Lescheret et membre de la famille propriétaire du château du même nom depuis le XVIe siècle au moins. De la période féodale, nous est parvenue une des merveilles patrimoniales de l’entité : le château-ferme du Monceau. Située en bordure orientale du village, cette exploitation agricole en quadrilatère a sans doute été édifiée à la toute fin du XVIIe siècle en plusieurs campagnes, puis remaniée au cours du siècle suivant. Implantée à mi-pente, la ferme se compose de volumes étirés, disposés en carré et était autrefois entourée de fossés que l’on devine encore timidement aujourd’hui. Trois ailes complètes, ainsi que l’aile sud, incomplète, enserrent une cour partiellement pavée. Le front nord de l’ensemble est doté de deux tours quadrangulaires, situées aux angles. L’ensemble possède de remarquables caves voûtées en berceau, découvertes sous une aile disparue. L’aile ouest de la ferme abritait le logis, une étable et l’accès à la cour. On y trouve un porche ouvert par deux portails et modifié. Au sud, en retour d’équerre, se situe une ancienne chapelle surmontée d’un niveau d’habitation. L’aile orientale regroupait quatre étables sous fenil, desservies par autant de portes. L’aile nord abritait les granges et la bergerie ; elle conserve également une façade bien structurée typique des fermes ardennaises : trois portails, plusieurs fenêtres et une longue bâtière d’ardoises. Sur les angles, les deux tours défensives de plan carré rappellent elles aussi l’histoire seigneuriale de la ferme. Comportant trois niveaux, elles sont percées de petites meurtrières à l’étage et sont coiffées de toitures pyramidales d’ardoises, piquées de girouettes.
Si le site fut consacré exclusivement à l’exploitation rurale dans le courant du XVIIIe siècle, il conserve son appellation de « château-ferme », dû à son statut précédent de siège d’une seigneurie foncière. Il est caractéristique des grands domaines agricoles ardennais d’Ancien Régime, dont les propriétaires se situaient au sommet de la hiérarchie sociale. Isolées au milieu de leurs terres, ces fermes tranchent encore de nos jours avec le reste de l’habitat rural de l’Ardenne centrale. Elles émergent dans le paysage en gros volumes, souvent fermés autour d’une cour contrôlée par un porche. La ferme du Monceau, atypique en ce qui concerne la typologie architecturale des fermes ardennaises, est également un des vestiges monumentaux les plus anciens conservés dans la région. Restaurée récemment, la ferme abrite depuis 1990 une asbl qui fait revivre les lieux qui ont été réaffectés pour y abriter diverses activités (dortoirs, réfectoire, classes…). Une ferme pédagogique y accueille aussi bien des valides que des personnes à besoins spécifiques.
Classement comme monument (façades et toitures) et comme site le 17 novembre 1989
Classement comme monument (caves découvertes sous l’aile disparue) le 1er septembre 1997