Le cimetière franco-allemand de Luchy

Après les combats ayant eu lieu autour des positions fortifiées de Liège et Namur, la bataille des frontières est le premier grand affrontement de la Première Guerre mondiale. De l’Alsace à la Flandre, le front ouest est le théâtre de violents combats à partir de la seconde quinzaine du mois d’août 1914. Plusieurs villages d’Ardenne et de Lorraine sont malheureusement les témoins de ces affrontements entre le 20 et le 22 août. Ceux-ci ont causé la mort de dizaines de milliers de soldats et plusieurs milliers d’autres ont été blessés ou faits prisonniers. Aujourd’hui, le patrimoine mémoriel dans la province du Luxembourg est conséquent : cimetières militaires, monuments aux morts et monuments commémoratifs rappellent cette période douloureuse de notre histoire.

La forêt et le village de Luchy, dans la commune de Bertrix, en est un des exemples. Le matin du 22 août, la 33e division d’infanterie du 17e corps d’armée traverse les lieux dans le but d’atteindre le village d’Ochamps (Libin). La colonne française se trouve toutefois piégée dans la forêt de Luchy dans laquelle s’est infiltrée l’armée allemande. Le combat se solde par la mort de 4 500 Français et 1 800 Allemands. Un cimetière militaire a depuis pris place à cet endroit. Cette nécropole mixte rassemble depuis 1958, date de la fusion de plusieurs petits cimetières, les sépultures de 263 soldats français et 244 soldats allemands. Les tombes allemandes sont placées au centre alors que les sépultures françaises sont réparties dans trois secteurs disposés autour du carré central. Les tombes françaises sont marquées par de fines croix peintes en blanc tandis que les sépultures allemandes sont marquées par des croix basses taillées dans le granit. Cet enclos situé dans la forêt paraît modeste au regard du nombre de victimes de ces combats. Comme dans d’autres nécropoles, des soldats furent rapatriés dans leurs villages après la guerre et, bien d’autres, non identifiés, se trouvent dans des ossuaires situés dans plusieurs cimetières de la région. Le site abrite également une stèle rendant hommage à des cavaliers abattus au début de la guerre.

Classement comme monument et comme site le 12 février 1981