

Le village de Rocquigny (274 habitants) est situé au sud du département du Pas-de-Calais (canton de Bapaume), à proximité immédiate d’une des importantes lignes de front de la Grande Guerre : la ligne Hindenburg. Ce qui explique que la quasi-totalité des villages de ce territoire ont été totalement détruits notamment lors des grandes offensives de 1917.
C’est ainsi que le village s’est retrouvé au cœur du vaste dispositif de la Reconstruction mis en œuvre dans les années 1920 par le ministère de la Reconstruction et le diocèse d’Arras. La reconstruction de l’église de Rocquigny a été décidée lors du conseil municipal du 7 février 1924.
À la suite d’un concours organisé dans le cadre de la société coopérative de reconstruction des églises du diocèse d’Arras, c’est le projet de Jean-Louis Sourdeau qui fut retenu par le Conseil municipal (mars 1924). Le projet se porte sur une reconstruction très différente qui se démarque des traditionnelles reconstructions mises en œuvre alors dans les régions touchées par la Grande guerre.
Sourdeau met toute l’audace de son projet dans le clocher dont il dénude toute la structure en la réduisant à un simple jeu géométrique. Il joue dans cette partie de l’édifice avec l’implantation à 45° qui dynamise l’ensemble, un peu à la manière des peintres et architectes du constructivisme. Il tempère toutefois cet élan par l’emploi de la brique pour tout le socle que forment la nef et le chœur de l’église.
L’église est construite entre 1929 et 1930 et présente un plan assez traditionnel centré avec un clocher particulièrement présent et élevé. L’intérieur reste simple avec quatre murs diaphragmes qui soutiennent le plafond en béton armé. Une tribune est installée à chaque angle de la nef.
Source : " L’église Notre-Dame de Rocquigny (Pas-de-Calais) : restauration, reconstruction ou abandon ? " Jacques Philippon - Philippe Merlier - Lionel Dubois