Christian Lapie, en dressant ces troncs d’arbres, fait apparaître d’imposantes figures. Présentées
en groupe ou en couple, ces figures s’imposent tout à coup au spectateur dans des lieux que l’artiste
prend beaucoup en compte. A Mulhouse, on retrouve ces colosses de chaque côté de la rue, il y a cinq
figures en tout qui dialoguent face à face. Ces sculptures sont positionnées là, telles des figures totémiques,
monumentales. Une figure humaine apparaît grâce à la petite tête située au sommet. Cependant,
quand on s’approche, on voit qu’il s’agit d’une sculpture sans âge, sans visage, sans membres, de toutes
nations, toutes cultures, sans race. On retrouve ici la volonté de construire un dialogue universel, s’adressant
à tout le monde. Les âmes que crée l’artiste peuvent évoquer quelque chose de différent à tout un
chacun, tout en gardant à l’esprit la figure métaphorique de l’être. Certains parlent de brutalité manifeste
face à ces colosses muets, lointains, tels des fantômes ; d’autres y voient davantage des gardiens, des
figures de protection qui gardent et veillent le lieu. Le lien avec la nature est dans cette oeuvre très
présent avec l’utilisation du bois mais aussi par cette idée à la fois d’enracinement du tronc dans la terre
et l’élévation vers le ciel, comme les arbres alentours.