Improbable mélange

Nous sommes ici sur l’artère économique du Vieux-Molenbeek. Il y a trente ans, au cours des années 1980, cet axe commerçant est en plein marasme économique. Les propriétaires belges de magasins quittent les lieux du fait de la crise mais aussi parce que la population d’origine étrangère n’a pas suffisamment d’argent à dépenser. Dix ans plus tard, ce sont surtout les Marocains de la première génération qui remplacent les Belges. Ils s’installent comme boulangers, épiciers ou marchands de meubles. Leurs boutiques, souvent anarchiques, sont reprises à partir des années 2000 par la génération suivante qui y met un peu d’ordre. Le petit commerce, de part et d’autre de cette artère, est en perpétuelle mutation. Les produits exotiques d’importation côtoient de plus en plus fréquemment des produits plus neutres. Les magasins proposant des articles extrêmement bon marché voisinent avec des commerces qui ne dépareraient pas la Rue Neuve. Certains négociants ont même mis sur pied des réseaux internationaux pour assurer leurs importations. Cette renaissance spectaculaire a connu son couronnement avec le réaménagement de la Chaussée. Les deux voies ont fait place à un sens unique, des trottoirs pavés de granit bleu et une piste cyclable à double sens. Depuis, des voix s’élèvent pour réclamer un nouveau réaménagement pour enrayer encore davantage le trafic. De cette manière, les lieux pourraient accueillir des terrasses.