C'est un homme noir qui brise des chaînes, enlacé par une femme de même couleur. La statue des deux sculpteurs et frères guadeloupéens, Jean et Christian Moisa, a d'abord été offerte au maire de l'île de Gorée (Sénégal). Son double trône désormais boulevard Paul-Vaillant-Couturier, sur la place près du stade nautique de la ville jumelée avec l'île africaine, centre de commerce d'esclaves du XVe au XIXesiècle.
« J'ai réalisé cette oeuvre, confie l'artiste, dans l'espoir qu'elle soit la statue de l'abolition de l'esclavage, pour laisser une trace et ne pas oublier cette tragédie. »
Plus de six cents personnes ont ainsi assisté à l'inauguration et aux discours des élus sur le devoir de mémoire de cette période qui a montré l'une des « pires bassesses de l'humanité », pour le député-maire UDF Jean-Christophe Lagarde. « Que cet acte nous invite à participer à cette entreprise qui consiste à faire de ce monde un monde meilleur», s'enflamme le maire de Gorée, Augustin Senghor. Cet acte, enfin, pour le député PS de Guadeloupe, Victorin Lurel, « ne doit pas seulement servir à commémorer les abolitionnistes. Il doit également permettre de ne pas oublier toutes celles et ceux qui sont morts victimes » et de marteler qu'il « n'y a pas de honte à descendre de ces victimes-là ».
"Le Parisien du 24 Mai 2006"