Derrière la zone commerciale, l'histoire

Les zones commerciales sont nées d'une utopie, celle de Victor Gruen, architecte autrichien réfugié aux USA pour fuir le nazisme. Il voulait réaliser des places de village pour structurer les grandes banlieues pavillonnnaires et permettre d'aérer les centres-villes en les piétonnisant. Son rêve lui échappa et il rejeta, à la fin de sa vie, les zones commerciales telles qu'elles se sont développées. La déprise agricole de l'après-guerre, en faisant baisser la valeur du foncier rural, a permis l'essor anarchique de ces magasins étendus et peu élevés qui se présentent, d'un point de vue architectural, comme de grandes façades-logos collées sur des entrepôts utilitaires.

Une alternative à la première étape du circuit. Ce ruisseau qui prenait sa source dans les prés Josse, là où se situe la première zone commerciale de Plérin, de l'autre côté de la quatre voies, se jette au port du Légué près du pont tournant. Cette vallée verdoyante et inattendue est un petit miracle de nature préservée.

En 2004, la création de la zone d'activités du Chêne Vert conduit à transférer ici les jardins installés en 1999 rue du Pont à l'Anglais. Héritiers des jardins ouvriers et familiaux, ils sont loués à des amateurs d'horticulture qui s'engagent à travailler la terre de façon écologique.

Ces deux portes d'entrée en plein cintre, pietonnière et charretière, qui s'ouvrent dans l'enceinte témoignent de la présence d'un manoir du 17e siècle, construit vers 1670. Le manoir du Grand-Couvran, édifié en granit et schiste, comporte une porte architecturée, de style Renaissance, et quatre grandes fenêtres rectangulaires verticales, à l'encadrement simple de granit jaune. La porte est surmontée d'un bas-relief portant les armoirires de la seigneurie qui avait droit de moyenne justice. Jean de Couvran, compagnon d'armes de Bertrand Duguesclin fut récompensé par ce dernier. S'étant marié à Louise Budes du Plessis-Budes, en Saint Carreuc, il fonda à Plérin le château et la propriété qui porte aujourd'hui son nom et qui a été, pendant plus de 300 ans, le principal fief de la paroisse de Plérin. Avant la Révolution française, le château de Couvran avait des dépendances beaucoup plus considérables que celles d'aujourd'hui. Dans le champ de droite, quand on regarde vers la bâtisse, s'élevait un colombier, démoli en 1885.  Entre le manoir et la vallée, s'élevait la chapelle Notre-Dame de Couvran près d'une fontaine dédiée à Sainte-Elisabeth.  La grande allée bordée de chênes qui conduit à l'entrée témoigne de la majesté du domaine.

Ca bâtiment tout en longueur évoque le passé du port, tout proche. Il s'agit dune corderie, industrie nécessaire pour équiper les navires à voile. Il y avait beaucoup de corderies à l'époque moderne et au 19e siècle, comme l'indiquent les nombreux toponymes qui rappellent cette activité. La corderie de Plérin est la seule qui ait conservé ses bâtiments de production. Elle existait au moins depuis les années 1810 et fournissait des cordages pour l'armement des morutiers. Vers 1910, elle ne produit quasiment plus et n'occupe que deux ouvriers et un tourneur. Le bâtiment est actuellement occupé par des dépendances agricoles. Bâtie en schiste, ses fenêtres ont été ouvertes pour les besoins de l'exploitation agricole

Le fond de baie et l'entrée du port, dominés par la ruine de la tour de Cesson, se dévoile ici. Profondément enfoncée dans les terres, cette baie, 5e du monde en terme de marnage, permettait une mise à l'abri sûre pour les navires de cette autoroute maritime qu'est la Manche. L'estuaire qui se découvre à marée basse était également une ressource vitale pour les populations riveraines.

A la fin des années 1970, la Nationale 12 trace sa Quatre Voies. L'axe Paris Brest prend ainsi de la vitesse. Des zones activités éclosent sur ses bords. A Plérin c'est le centre commercial situé à l'emplacement des Prés Josse, entre le bourg et la Quatre Voies qui inaugure ce développement. Il faut remonter à l'époque médiévale et moderne pour trouver un essor linéraire le long d'axes de circulation, le 19e et le début du 20e siècle nous ayant plutôt habitué à des développements centralisés autour des gares.

D'origine inconnue, elle fut édifiée à la fin du 15ème siècle, et restaurée à plusieurs reprises. Son nom proviendrait du repit qu'elle propose dans la montée de cette côte ardue. Construite en granit et schiste, elle présente des contreforts angulaires au sud. Les deux portes en arc brisé sont richement ornementées. La porte ouest est sumontée de l'inscription suivante : Messire Mathurin Moro, Recteur, François Sylvestre, Trésorier, 1864. Le chevet plat présente un vitrail muré.  Le clocher-mur surmonte le pignon ouest. Cette chapelle était le siège d'une confrérie créée par le recteur Symon en 1664. Vendu sous la Révolution, l'édifice fut à nouveau restauré en 1864 par le recteur Mathurin Moro. La chapelle abrite des statues en terre cuite de saint Guillaume, de saint Symphorien et de la Vierge. Elle est ouverte ponctuellement pour des cérémonies occasionnelles.

Tout le quartier est organisé en fonction de l'axe de la RN 12. Les rues sont parallèles ou perpendiculaires à cet axe, pourtant invisible. Cela indique que ce lotissement est postérieur à l'ouverture de la RN 12 et date des années 1980-1990. Les noms des rues, quant à eux rapellent le destin de héros résistants : Marcel Paul : Résistant né à Paris en 1900, il était membre du parti communiste. Dénoncé, il est arrêté en novembre 1941.  Il est déporté en 1944 à Auschwitz , puis transféré à Buchenwald. Il joua un rôle essentiel dans l’insurrection et la libération de ce camp. Il devint ministre de la Production industrielle de novembre 1945 à novembre 1946. Lycéens martyrs : Georges Geffroy, Pierre Le Cornec, et Yves Salaün étaient 3 élèves du lycée Le Braz de Saint-Brieuc. Résistants, ils furent fusillés le 21 février 1944, au Mont-Valérien avec le groupe Manouchian.  Pierre Sémard : Syndicaliste , secrétaire général de la CGT-cheminots et dirigeant du parti communiste, il mourut fusillé par les allemands en 1942. Mireille Chrisostome : Elève du collège Marcellin Berthelot de Saint-Brieuc, elle entra dans la Résistance où elle devint agent de liaison. Arrêtée le 11 juillet 1944, elle fut incarcérée à Uzel, torturée par la milice puis exécutée sans avoir parlé.

Les zones commerciales sont des miroirs de notre civilisation. Le foncier à bas prix permet l'installation de magasins low cost dont le développement doit tout à une recherche continuelle, de la part des consommateurs, d'augmentation de leur pouvoir d'achat.  Jardinage, bricolage... Dans un monde où l'on peut tout s'acheter manufacturé, le "faire soi-même", qui peut aussi paraître avantageux économiquement, n'a jamais été aussi à la mode. Une aternative à la société de consommation... dont la société de consommation s'est emparée. 

La 2e moitié du 19e siècle est une période de prospérité pour la région, grâce à l'arrivée du chemin de fer et au développement industriel. Les hameaux ruraux, centres d'exploitation agricole, en profitent également. Maisons en pierres de granit et schiste s'ornent de briques produites probablement par les usines locales. Un lavoir et abreuvoir équipe cet écart à partir de 1932, dans une politique de modernisation des campagnes.

Puits en granit de la fin 19e siècle début 20e siècle couvert en pierre. Sur ce plateau littoral, l'accès à l'eau potable était primordial.

Les chemins creux furent, pendant des siècles, des marqueurs des paysages bocagers. Les talus et haies, souvent plantés de chênes, empêchaient les troupeaux de divaguer. Le remembrement des années 1970 a fait disparaître la majeure partie de ce maillage, pour permettre une exploitation plus rationnelle et efficace des grandes parcelles regroupées par le matériel agricole moderne. Mais on s'aperçoit aujourd'hui que ces chemins creux jouaient un rôle fondamental dans la préservation de la biodiversité et la gestion de l'écoulement de l'eau. Au bout de ce chemin creux, se trouvait, au 19e siècle, un verger.