ONGLES - Plaine d’Ongles et colline de Piébroux

Les ruines visibles au sommet de la butte depuis les alentours sont celles de l’église romane, reconstruite après les guerres de religion et restaurée en 2020-21. Autour de cette église et d’un château entièrement disparu ont vécu, depuis le XIe s., les habitants d’Ongles sur le site d’un oppidum. Les temps devenant plus calmes, ils quittèrent les uns après les autres le vieux village, habité jusque vers 1860, pour s’installer dans la plaine où étaient cultivés céréales, vigne et arbres fruitiers.

Le blé Meunier du Luberon - ou d'Apt, a une drôle d’histoire. Quasiment disparu, il est retrouvé en 1983 à Buoux chez un agriculteur qui le donnait à ses poules. Ce blé est bien adapté aux sols et aux sécheresses. Donnant une farine d’une grande qualité et très digeste, son pain était autrefois renommé dans la région. Le PNR Luberon, Agribio 04, quelques agriculteurs, meuniers et boulangers ont décidé de remettre farine et pain au goût du jour en la certifiant marque Valeurs Parc. En vente chez les boulangers partenaires. Régalez-vous !

À 500 m à droite du croisement avec la D950, on peut voir, proche du Rocher d’Ongles, les deux hangars de « La Cabre du Rocher », une exploitation familiale d’élevage de chèvres. Celles-ci pâturent toute l’année dans les champs et les collines alentour. Fondée en 2013, cette ferme produit des fromages et produits laitiers bio. Il est possible d’y acheter les produits sur place ou à Forcalquier, dans le magasin de producteurs locaux « Unis Verts Paysans », favorisant les circuits courts.

En quittant la plaine cultivée, après le passage de deux petits ravins, le parcours entre dans un bois qui se prolonge vers l’ouest sur la colline de Piébroux. Le sol de tout ce secteur a la particularité d’être acide, dans une région où le calcaire domine. Ainsi, on peut y rencontrer des arbres et plantes peu visibles habituellement, parmi lesquels : le pin maritime, haut, aux longues aiguilles et grands cônes, la bruyère à balais, grande, aux fleurs verdâtres et la petite callune aux fleurs roses.

Le chêne pubescent est le plus répandu en Provence ; essence méditerranéenne, il apprécie les sols calcaires, la lumière et la chaleur. Pouvant être deux fois plus grand (45 m), le chêne sessile (ou rouvre), peut pousser, lui, sur sols acides et supporte moins bien les fortes chaleurs. On le trouve ici dans les bois où le sol est sableux. Tous deux ont un pédoncule quasi inexistant : leurs glands se rattachent aux rameaux. La face inférieure des feuilles les différencie : elle est poilue chez le premier.

Les versants ouest des collines et plateaux de la Brugière et du Pâty, sont en grande partie constitués d’argiles blanches sableuses invisibles depuis la vallée de la Laye à l'est. Le ravinement qui s’est opéré au cours du temps sur ces pentes, offre de superbes paysages inattendus...

Appelée aussi « grande bruyère », on la trouve beaucoup dans cette zone non calcaire. Ses petites fleurs verdâtres sortent de mai à juin. Si elle est moins visible par endroits ou à certaines saisons, on peut la retrouver dans le nom des lieux : « Brus » et « Brùgi », ses noms en provençal, ont donné Brugière, Brousses, Piébroux (colline aux bruyères). Son nom français fait référence à une époque où elle était très utilisée pour fabriquer des balais. Elle servait aussi à la fabrication de claies.

L’alliance, à quelques kilomètres de distance à vol d’oiseau, du Châtaignier, qui pousse dans les forêts voisine, et des garrigues sèches et dénudées, aux touffes de graminées et d’Aphyllanthe de Montpellier, a donné le somptueux fromage de Banon. Un petit fromage au lait cru et entier des chèvres paissant la garrigue. Après une première période d'affinage, le caillé doux est enveloppé dans des feuilles de châtaigniers brunes liées par un brin de raphia naturel. Un régal ! Visite, dégustation, vente auprès des formageries de Banon.

Cette chapelle qui semble perdue au milieu des champs, est celle du Rocher d’Ongles, distant d’environ 600 m plus au sud. Construite aux XIIe et XIIIe s., elle fut en partie détruite lors des guerres de religion. Elle fut reconstruite au XVIIe s., puis restaurée au XIXe s., époque à laquelle fut ajouté le clocher. C’est surtout son intérieur qui se distingue grâce aux magnifiques fresques murales de style baroque de son chœur, ainsi qu’aux 24 étonnants médaillons de sa voûte en berceau.

Ongles n’est pas un village mais un ensemble de hameaux, dont certains très petits. Le plus gros d’entre eux, La Fontaine, où se trouvent le château-église, la mairie et le bistrot, a aujourd’hui son nom. Le village d’origine de cette commune, Vière, a été abandonné au cours des XVIIIe et XIXe s. (ruines sur la butte). On dénombre également les hameaux des Verdets, de Curel, des Ganas et des Bisques puis le deuxième plus gros, le Rocher d’Ongles.