À la découverte du patrimoine - La Roche-Derrien

10, place du Martray 22450 La Roche-Derrien Tél. : 02 96 92 22 33   www.bretagne-cotedegranitrose.com

Au XIIIe siècle, Geoffroy de Kersaliou, de retour de croisade, fait construire la chapelle Sainte-Eutrope et un hôpital dans l’enceinte urbaine pour accueillir les malades. Charles de Blois y est soigné après sa capture par les Anglais. Le mur avec sa baie ogivale est l’un des derniers vestiges de cet ensemble. Aujourd'hui il laisse place à un espace contemporain récompensé par le prix d’Architecture de Bretagne en 2014.

Construite au XVIe siècle par la famille du Tertre et restaurée au XVIIIe siècle, la chapelle Notre-Dame de Pitié est bâtie à l’emplacement où Charles de Blois aurait été fait prisonnier par les Anglais, en 1347.

Au XIXe siècle, la principale activité du port est l’exportation des céréales entre les mois d’octobre et de mars et l’importation d’amendements marins, servant à enrichir les sols agricoles. Cela explique la construction d’un bâtiment imposant en 1897 afin de stocker les grains.

La rue de la Fontaine a été aménagée au XVe siècle sur le fossé de l’ancien rempart qui cernait la basse-cour du château. Elle devient un axe de communication privilégié entre Tréguier et Guingamp, favorisant l’implantation de commerces. Les façades des maisons des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, et ouvertes au rez-de-chaussée par de larges fenêtres témoignent encore de la vocation marchande de la rue. Derrière ces façades se dissimulent des éléments architecturaux remontant pour certains aux XVe et XVIe siècles. La rue tire son nom de la fontaine qui alimentait la cité jusqu'au début du XXe siècle, aujourd'hui dissimulée sous une plaque entre le n° 21 et le n° 23.

Au XIXe siècle, la population de ce quartier change radicalement . Les négociants laissent place à une population plus modeste : charpentiers, couvreurs, lavandières, ... C’est dans ce quartier que résident notamment les chiffonniers, des indigents parcourant les campagnes en quête de tissus destinés à la fabrication du papier. Ils ont développé leur propre langage , le « tunodo », que le poète local Narcisse Quellien s’est employé à recueillir en 1885.

À la fin du XIXe siècle, l’exploitation de carrières de schiste fournit la matière première aux couvreurs rochois reconnus pour leur savoir-faire. Les carrières assurent également la richesse de certains entrepreneurs comme la famille Toupin dont l’entreprise de bâtiment, créée en 1872, perdure encore aujourd'hui. Les carrières ont cessé leur activité au début du XXe siècle.

Le premier port est probablement établi au XIIe siècle en aval du vieux pont. Il s’agit de l’un des plus anciens ports des Côtes-d’Armor. Il doit son essor au trafic de sel et de vin. Au XVIIIe siècle, les bateaux transportent les ardoises locales jusqu’à Bordeaux, d’où ils reviennent avec du vin, du sel et des produits coloniaux. La construction en 1833 d’un pont à Tréguier et le développement d’un port en eaux profondes réduit significativement le trafic à La Roche-Derrien. L’activité perdure néanmoins : un nouveau quai est établi en 1850 dans le prolongement du vieux quai et une cale débarcadère est construite sur la rive opposée du Jaudy. En 1868, la construction du Pont Neuf à 500 mètres en aval du Vieux Pont stoppe le trafic et nécessite l’aménagement d’un nouveau quai en 1897 dans l’anse de Boured. L’arrivée du train en 1905 met un terme au commerce portuaire.

Ce bâtiment du XIXe siècle, construit à proximité du Jaudy, permet aux bateaux de décharger directement dans les caves les cargaisons de vin. Le commerce du vin est mentionné dès le XIIe siècle et perdure jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle.

La Roche-Derrien tient son surnom Kapital Stoup – capitale de l’étoupe – de l’intense activité linière et notamment du teillage du lin qui a fait la richesse de la région. L’ensemble de teillage situé rue Saint-Jean, datant de 1892, présente différents bâtiments : la maison du patron-teilleur, les dépendances pour stocker les fibres et un magasin à grains. L’activité a cessé dans les années 1930.

La construction de l’église commence au début du XIVe siècle. Après la bataille de 1347, l’édifice endommagé est partiellement reconstruit. Roland de Kersaliou, seigneur de La Roche-Derrien et capitaine du duc fait construire une grande chapelle à l’angle sud-est dans laquelle est visible un vitrail illustrant la reddition de Charles de Blois. À la suite de la destruction du château et des remparts en 1394, le connétable Olivier de Clisson décide de fortifier l’église. Ces travaux de défense modifient profondément l’édifice : percement de meurtrières, création d’un poste de garde... Au XIXe siècle, des interventions sur le pignon du porche sud et l’ajout d’une chapelle au nord achèvent de lui donner sa physionomie si particulière.

Au XIXe siècle, les négociants de vin se lancent dans une activité complémentaire : la production de cidre. Ainsi La Roche-Derrien a compté quatre cidreries. La cidrerie Cornic, fondée en 1876, s’installe dans un nouveau quartier, place du Pouliet tandis que la cidrerie Savidan est établie en 1920 dans la cour de la « maison rouge ».

Ce poste de garde est établi au XVIIe siècle, non pas dans un but militaire mais afin de surveiller le trafic des bateaux et de lever les taxes sur les marchandises débarquées sur les quais. Il est construit en contrebas du jardin de l’ancien presbytère.

Aux alentours de 1070, Derrien aurait fait bâtir un donjon en bois avec une palissade sur l’éminence rocheuse qui domine la rivière. Cet emplacement permet de surveiller le pont qui enjambe le Jaudy et de contrôler ainsi le territoire. Un premier château de pierre remplace le donjon dans la seconde moitié du XIIe siècle. La Roche-Derrien devient un lieu d’affrontements durant la guerre de Succession de Bretagne. Détruit une première fois par le duc Jean IV en 1394, puis reconstruit, le château est définitivement rasé en 1420 par l’armée ducale. Il subsiste quelques vestiges des fortifications comme une guérite aménagée dans la muraille et visible au sud de l’éperon rocheux. Malgré les destructions, le tracé de l’ancienne ville close apparaît encore dans le parcellaire de la cité. Aujourd'hui, la chapelle Notre-Dame du Calvaire se dresse à l’emplacement de l’ancien donjon. Construite à l’origine pour l’hôpital Sainte-Anne de Lannion, elle est démontée et vendue peu de temps après son édification, en 1866. Elle est remontée pierre par pierre à l’emplacement actuel.

La maison récemment restaurée, 2 place du Martray, une des plus anciennes maisons de La Roche-Derrien, a été construite par un riche marchand. Son architecture est caractéristique des maisons urbaines du XVe siècle. Sa façade reprend le style des maisons de Guingamp, caractérisé par de petites fenêtres rapprochées dont la partie supérieure est découpée en accolade dans deux pièces de bois assemblées en croix de Saint-André. L’influence de l’atelier guingampais est également visible sur la façade de la maison située 8, place du Martray. Les ouvertures d’origine ont été bouchées au XIXe siècle pour échapper à l’impôt sur les portes et fenêtres et remplacées par six grandes fenêtres apportant davantage de lumière. Dès le XVe siècle, la ville se densifie et certains notables quittent le cœur de la cité pour s’installer aux portes de la ville. Des faubourgs se développent alors, tel le quartier de Chef-du-Pont, de l’autre côté du Vieux Pont.