Histoire au Fil des rues - Huisseau-sur-Cosson

L’église, placée sous le vocable de Saint-Étienne, date du 12e siècle. Un bas-coté sur toute sa longueur, ouvert par un portail, lui a été ajouté au 16ème siècle. Elle se compose d’une nef et d’un chœur terminé par une abside semi-circulaire qui a retrouvé ses trois fenêtres d’origine. Les vitraux entièrement rénovés sont l’œuvre d’Henri Guérin, Maître verrier toulousain, de réputation mondiale. La voûte est garnie de lambris du 16e siècle. A l’ouest se trouve un portail simple, avec son caquetoire traditionnel de la Sologne, qui doit son nom au fait que les paroissiens aimaient à caqueter (bavarder) dessous. A proximité, la petite chapelle de Saint-My, qui évangélisa la région, date des 10e et 11e siècles, et s’élevait sur le lieu où il avait vécu, dans une grotte près d’une source d’eau vive. Il ne reste que des ruines.

Le rapport du 1er août 1838 de Charles-Victor PRAT, Inspecteur des écoles, soulignait : « Le voisinage de la Sologne se fait déjà sentir dans le canton de Bracieux, on dirait que l'air qui s'en élève est mortel aux établissements d'instruction »… Toutefois « L'école communale d'Huisseau […] est bien tenue, les élèves profitent. L'instituteur, le sieur Perrichon a du coeur, de la bonne volonté, un grand désir de s'instruire. Sa conduite et sa moralité ne laissent rien à désirer. […] Outre l'instituteur communal, la commune d'Huisseau a depuis peu une institutrice privée, Mme veuve Ferrari. Cette concurrence ne peut que tourner au profit de l'enseignement et des moeurs, puisqu'en séparant les sexes, elle permet de donner à chacun l'instruction et l'éducation qui lui est propre. » L’ensemble Mairie-Ecole actuel ne sera construit qu’en 1881.

Le village de Huisseau-sur-Cosson est scindé en trois parties : Le Chîteau, Le Bourg et La-Chaussée-le-Comte. La grande rue, ou rue principale, permet de relier ces trois parties, et plus largement de relier le Domaine de Chambord à Blois, en passant par Huisseau-sur-Cosson et Vineuil. C’est pourquoi elle est également appelée « Route de Chambord ». Sur la gauche de la photo, vous apercevrez des marches permettant l’accès aux boutiques. A l’époque déjà, plusieurs cafés et restaurants animaient le village. De nos jours, les marches ont disparu car la route fut rectifiée au 19ème siècle, afin de supprimer sa pente trop accentuée. Perpendiculaire à la Grand rue, empruntez la route du Pont pour découvrir les bords du Cosson.

La rivière « le Cosson » est un affluent du Beuvron. Elle le rejoint à Candé-sur Beuvron, dans le Loir-et-Cher. Ensemble, ils se jettent ensuite dans la Loire, fleuve royal : c’est ce qu’on appelle la confluence de Loire. La Cosson prend sa source à Vannes, dans la Sologne orléanaise. Il parcourt la totalité de la commune de Huisseau, sur 6 km. Sur les bords de la rivière se trouvent différents lavoirs, publics ou privés, dont certains sont encore visibles et nous rappellent le temps des lavandières, avant l’arrivée de l’eau courante. Ce lavoir, situé dans le bourg, fut construit en 1910-1911. Il était couvert et bien équipé comparé à ceux d’autres villages ! Il a de tout temps été entretenu et restauré par la commune.

La terre de Biou et son enclos de 6 hectares, rive droite du Cosson, furent achetés par le Comte Adrien de Calonne, promoteur de l’achat du Domaine de Chambord pour Henri de Bourbon, petit fils, futur Comte de Chambord. Il en sera le gouverneur jusqu’à sa mort. Le château a été construit vers 1850 par Eugène de Morgan, gendre d’Adrien de Calonne. Le 3 juin 1857 y naquit Jacques de Morgan, ingénieur de l’Ecole Nationale des Mines, qui devint Directeur général des Antiquités égyptiennes, Délégué général de la Délégation scientifique en Perse où il mit à jour le fameux code des lois de Hammourabi. Durant la guerre de 1870, le château servit d’ambulance militaire.

Le château a été construit au début du 17e siècle par Guillaume Ribier, Conseiller d’Etat, Président au présidial de Blois. Le bâtiment principal est de style Louis XIII. Des lucarnes, coupant la corniche et alternant avec des œils-de-bœuf, contribuent à lui donner un grand cachet de distinction. La façade est ornée de sentences d’Horace : près du cadran solaire « Carpe Diem » (Mets à profit le jour présent) ; au-dessus de la porte dominant le Cosson « Perrenet ut amnes » (Qu’il dure autant que la rivière) ; et au dessus de la porte d’entrée « Arbitrii hic jura tui » (Ici tu es libre de faire ce que tu veux). Au 19e siècle, le propriétaire Monsieur Bagieu, Régisseur général des vivres de la grande armée, planta dans le parc des arbres remarquables provenant de Louisiane. A proximité, le moulin date du 16e siècle.

Le hameau de Nanteuil, sur les bords du Cosson, tire son nom du mot NANT qui signifie « source sacrée ». C’est un lieu habité depuis la plus haute antiquité, dédié à Saint Blaise guérisseur. Le seigneur de Nanteuil au 16ème siècle est un certain Jean Courtin. Le domaine reste dans la famille jusqu’au 18ème siècle. La château passe ensuite de mains en mains jusqu’en 1921, où il est acheté par Monsieur Gardnor-Béard, d’origine anglaise. Son épouse prend une part active dans la Résistance lors de la seconde guerre mondiale. Elle épouse en secondes noces le Comte de Renard, qui est déporté à Buchenwald. Elle-même est déportée à Ravensbrück. Le Général de Gaulle vint leur rendre visite en 1958. Le domaine a été transformé par son petit fils en chambres d’hôtes.

La Chaussée-le-Comte borde les murs du Domaine de Chambord. Son nom vient d’une ancienne voie romaine. Le Comte Thibault le Tricheur, Comte de Blois, passait par ce bourg pour se rendre dans la forêt de Chambord où il avait deux châteaux : un château fortifié où se tenaient une garnison et sa meute de chiens de chasse, et le château de Montfraut, aujourd’hui détruit, résidence de plaisirs où il gardait ses chevaux. Au 16ème siècle sur cette chaussée se trouvaient plusieurs moulins. Les meuniers étaient assujettis à mener et conduire, ainsi qu’exécuter, les condamnés à mort. Guy Ier, Comte de Blois, les en exempta.

Le château fut construit au 16e siècle et reconstruit dans sa plus grande partie aux 17e et 18e siècles par la famille Johanne de La Carre, gouverneur de Chambord, bailli d’épée de Blois, président de la chambre des comptes de Blois, et gouverneur du roi Louis XV. Le dernier Marquis de Saumery meurt en 1869, Conseiller général et Maire de Huisseau. Le château est composé d’une aile renaissance qui se terminait naguère par une chapelle. La porte à trois arcades et les avant-corps latéraux de style classique sont insérés dans des constructions du 14e siècle. Le château offre un élégant cachet avec son avant cour mélangeant les styles et les époques. Il a été gravement endommagé par un incendie en 1980 et est actuellement converti en clinique psychiatrique.