Histoire au Fil des rues - Thoury

L'église, datant du XIe siècle, a été remaniée au cours du XVIe siècle. D’abord baptisée Saint-Pierre, elle fut rebaptisée Saint-Roch au XVIIe siècle. Elle se compose d'une nef, dans laquelle sont enterrés depuis le XVIIIe siècle le Marquis et la Marquise de Thoury, Louis-Joseph et Françoise de Clermont. Elle dispose également d'un chœur terminé par une abside à trois pans, et deux chapelles latérales. La particularité de cette église réside dans l'emploi de contreforts cylindriques maçonnés sur les façades, rares en Sologne. Située au cœur du village, sur la rue principale, fêtes, foires et marchés se tenaient à ses pieds. On dit que c’est en l’église de Thoury que Thibault le Tricheur, sanguinaire Comte de Blois, tua le prêtre pendant la messe parce que celui-ci ne l’avait pas attendu pour commencer l’office. Pour son crime, il aurait été condamné à poursuivre toutes les nuits de pleine lune un grand cerf qu’il ne pourrait jamais rattraper !

Autour du bourg et de l’ensemble Mairie-Ecole se groupent une série de maisons basses et longues. Les habitations ne comportent ni cave ni sous-sol, car l’eau est à fleur de sol. La commune est traversée par le Cosson, petite rivière qui n’est pas extrêmement abondante. Mais ses crues ont pu être impressionnantes, en témoigne cette carte postale de 1910, année d’une crue centennale de la Loire ! La présence de l’eau a permis le développement d’un habitat dispersé, puisqu’il était relativement aisé de creuser son puits. Il aurait existé dans ce village deux châteaux : le vieux château en bordure du cosson, détruit sans doute pendant la guerre de Cent Ans par les Anglais, et le « Château neuf », érigé en 1540 par Julien de Clermont, dont il ne reste rien aujourd’hui. Julien Clermont fut l’époux en secondes noces de la Comtesse de Thoury. On raconte que François 1er, séduit par la comtesse, aurait construit le Château de Chambord pour se rapprocher de sa belle dame…

À l’entrée du village, Route de Muides, la fontaine récemment restaurée est d’une architecture humble, surmontée d'une sculpture en fer forgé représentant un serpent enroulé autour de branches d'arbres. Sa niche est ornée d'une statue à l'effigie de Saint-Roch, muni de son bâton de pèlerin et accompagné de son chien. Saint-Roch, né vers 1340 à Montpellier, perd ses parents très jeune. Il étudia la médecine, et décida après sa majorité de devenir pèlerin. Il distribua tous ses biens aux pauvres et partit en pèlerinage pour Rome. Il s'arrêta alors en plusieurs villes atteintes par la peste. Ce bon Saint, censé guérir des maladies épidémiques, était prié à Thoury lors des processions organisées pour vaincre les épidémies touchant à la fois les hommes et le bétail, en particulier le paludisme très fréquent en Sologne. Le jour de sa fête, le dimanche après le 15 aout, il était de coutume d'aller à la messe ! On faisait alors brûler un cierge, on emportait une poignée d'herbes bénites, puis on allait à la fontaine boire de l'eau.