Sentier "Da piaghja a muntagna" à Aullène

Au début du XXème siècle, la société corse est profondément divisée par les lois de séparation de l'Église et de l'État. Le temple protestant d'Aullène constitue un témoignage des querelles qui ont opposé le maire républicain au curé bonapartiste. Souhaitant échapper aux velléités politico-religieuses de ce dernier, l'édile se convertit au protestantisme, suivi de quelques villageois partisans. Un pasteur venu du continent répondit à l'appel des nouveaux adeptes de Calvin. Le frère Reboul arriva le 20 septembre 1903 à Aullène, ouvrant ainsi une parenthèse religieuse qui dura dix ans avant de rapidement tomber en désuétude au début de la Grande Guerre. "Calchì volta, a vita pulitica di i paesi era scuzzulata da bischizzi. L'iniziu di u vintesimu seculu opponi tandu i partigiani d'una sucità laica à l'aghjenti di a Ghjesgia, a battaglia trà u merri è u curatu d'Auddè n'hè statu un asempiu."

Mise en situation des sommets et monts environnants et vue imprenable.

L’église paroissiale consacrée à Saint Nicolas a été construite au début du XIXe siècle, son architecture est similaire à celle d’autres villages du Haut-Taravo et de l’Alta-Rocca. Le monument recèle de nombreuses richesses mobilières de la même époque : les fonts baptismaux de marbre poli, les stalles et le tabernacle de bois. Élément plus que remarquable, la chaire à prêcher est supportée par quatre dauphins ailés et repose sur une console en forme de masque nègre. Ces sculptures conjureraient le péril des barbaresques qui envahissaient les côtes et l’intérieur des terres jusqu’au XVIIe siècle. À moins d’un kilomètre de l’Église, sur les hauteurs du village se trouve la chapelle consacrée au saint patron d’Aullène. Saint Antioche est fêté par la communauté villageoise chaque premier dimanche du mois d’août, journée durant laquelle sont organisées célébrations religieuses et festivités. La foire de Saint Antioche d’Aullène qui existe encore actuellement fut jusqu’à la Seconde Guerre mondiale l’une des plus importantes foires aux bestiaux de Corse. « Dopu à a fiera di u Niolu l’ottu di sittembri, quissa hè a siconda è a più bedda sicondi l’auddaninchi, chì duranti a Sant’Antioccu ci era monda ghjenti vinuti à cumprà l’animali, i vindiani i boii, i vacchi è dopu i cavadda, i muli, ci era tuttu ! »

Commandée par Vincent Santarelli qui était alors maire du village, cette statue de la liberté fût inaugurée le 14 juin 1882, un autre exemplaire se trouve sur la Place de Carme d’Olinda au Brésil. Surmontant la fontaine du village, cette statue est le symbole de la République légaliste conduite par Jules Ferry et Gambetta dans les années 1880, il s’agit d’une allégorie féminine qui incarne les valeurs modérées du courant républicain : la Loi, l’Ordre, la Justice. Ses attributs son ceux de la déesse Minerve : une femme calme et sereine vêtue d’un péplos grec, portant la lance et le casque. Sa couronne faite d’épis de blé est surmontée d’une étoile à cinq branches, signe d’intelligence et de sagesse. Cette coiffe vient ainsi remplacer le traditionnel bonnet phrygien qui est à l’époque associé aux courants socialistes révolutionnaires.