Rando Train : les facettes du Mont Aiguille

Le cône de déjection est la partie basse d’un torrent où se déposent les sédiments. Devant vous, le cône est bien visible et les sédiments qui le composent viennent de la base nord du Mont Aiguille. Le ruisseau des Côtes, venant de Trézanne, a du mal à se frayer un chemin à travers tous les apports du torrent des Ruines.

Le toponyme « les Ruines » est fréquent dans les Alpes. Il désigne souvent des terrains instables en proie à de fortes érosions et crues torrentielles. Les crues torrentielles sont des laves, mélange d’eau, de terre et de blocs. Elles avancent rapidement (plusieurs dizaines de km/h) dans un chenal très droit et pentu, mais se comportent comme une pâte capable de transporter des blocs de plusieurs mètres cubes (l’équivalent d’une voiture, voire d’une camionnette), comme les laves volcaniques.

La base du Mont Aiguille est façonnée dans des marnes, une roche qui est sensible au ravinement et au décapage. Ces multiples ravins se voient très bien sur le versant sud-est. L’œil averti peut repérer, à la base de la paroi, des gros blocs qui proviennent de l’imposante muraille calcaire du Mont Aiguille. Un jour, un pan entier de cette muraille s’effondrera à cause du recul des ravines. C’est ainsi que disparait petit à petit le Mont Aiguille, par effondrements successifs.

En 1821, pour permettre l’irrigation d’une partie des terres et des jardins de Clelles, une poignée de paysans entreprend la construction du canal. Equipé de nombreuses prises d’eau, il suffisait d’être actionnaire du syndicat pour pouvoir en bénéficier. En ce début de XXe siècle, M. Corréard, meunier, loua une partie des droits pour une utilisation particulière : une usine hydroélectrique. Ainsi, il devient producteur d’électricité et approvisionne la commune de Clelles. Ce n’est que le 25 janvier 1948 que la commune de Clelles met fin à son contrat avec M. Corréard pour passer à l’électricité nationale ! Aujourd’hui, le canal sert toujours pour l’alimentation de la Minoterie du Trièves.

L’eau canalisée est une histoire de pente !C’est en maîtrisant la pente du canal de Corréard, aujourd’hui appelé Canal d’irrigation de Clelles, que l’on contrôle la régularité du débit. Altitude de départ du canal : 897 mAltitude d'arrivée : 880 mLongueur : 3 km

Le toponyme « Mont Aiguille » apparaît assez tard sur les cartes géographiques, pas avant le XVIIe siècle. Pourtant, il ne fait guère de doute que ce terme devait déjà être usité par les locaux. Est-ce à cause de sa forme ? Il n’est pas pointu pourtant. Le terme patois aguïo serait différent de la prononciation locale. Le plus probable serait que le terme « Aiguille » vient de l’occitan « Peiro Eyguèyo » qui voudrait dire la « Mont Aiguière » ou la « Montagne des Sources », rapport aux nombreuses émergences qui sourdent sur sa face nord (Francès, 1997).