

Nous partons de l'angle du Boulevard de la Fraternité et de la rue Nicolas Appert.
Descendons la RUE NICOLAS APPERT:
Au 86 bis, sur la gauche, le 'Café le Lorrain' propose encore 'la Boule nantaise'. Au 26 de la rue se trouve aujourd'hui 'L' Antenne', qui d'une scierie au début du siècle, deviendra dans les années 1970 un magasin de quincaillerie , puis une voilerie, puis une radio...
Au N° 9 de la rue Appert, se trouve une ancienne conserverie.
A gauche, prenons la RUE DE LA VILLE EN BOIS.
La Ville-en-Bois fut d'abord un lieu de détente apprécié des citadins. Puis au fur et à mesure de l'urbanisation, il devient un quartier industriel et ouvrier
À partir des années 1830, l’implantation des premières conserveries de Nantes et celle des usines de fabrication de boîtes métalliques dans le même quartier, entraînent l’augmentation de la population dans cette partie de la commune.
Notons au 18 rue de la Ville en Bois que subsistent encore deux vitrines de commerces présentant de très belles mosaïques en façade.
Au N° 23 se trouve l’hôtel particulier de Firmin Colas,(maire de Chantenay de 1882 à 1886) qui possède une usine de ferblanterie au 10-12 de la rue de la Ville-en-bois. En 1918, la maison est achetée par Eugène Jost qui recherche un terrain plus grand pour ses ateliers « Entremets Plaisance », fondés en 1913 rue Mellier.
Nous croisons la rue Richer où la première usine de fabrication de boites en métal est fondée en 1834. La Conserverie offre un nouveau débouché à la métallurgie, mais engendre aussi de nouveaux développements dont le « vernis de Chantenay » pour protéger les boîtes de fer-blanc, ou encore l’étiquetage sur métal.
Nous arrivons place Canclaux.
Prenons la rue Alfred RIOM ,(maire de Nantes de 1892 à 1896) riche ferblantier nantais et le plus gros fabriquant de boites métalliques de Nantes! Il fabriquait les boites de conserves rue Richer près de la place Launay, aujourd'hui place Mellinet.
Laissons à gauche l'ancienne usine électrique devenue aujourd'hui un supermarché, pour rejoindre le Quai de la Fosse.
Prenons à droite, la direction des Salorges.A l'angle de la rue Bisson et du Quai Ernest Renaud nous trouvons sur le mur, une plaque qui mentionne l'emplacement de l'ancien Musée des Salorges (dans l'ancienne conserverie COLIN). Le Musée sera détruit lors des bombardements de 1943 et se trouve aujourd'hui au Château de Nantes.
A la fin du 18eme siècle, les méthodes de conservation des aliments n’ont guère évolué depuis la nuit des temps : On sèche le poisson, on sale la viande.
Le scorbut, maladie provoquée par le manque de vitamine C, décime les équipages des navires au long court.
C’est Nicolas APPERT, né à Chalons-sur-Marne en 1749, confiseur de son état, qui a l’idée de chauffer les aliments dans un récipient hermétique et donc de les stériliser. Il utilise pour cela des bouteilles de champagne de sa région natale.
Colin a rencontré Nicolas Appert et le journal de Nantes et de la Loire inférieure rapporte en juin 1822 les conserves de Colin ont résisté à 30 mois de navigation.
Dopées par la découverte de l’or en Californie et en Australie, favorisées par le développement des chemins de fer qui ouvre le marché intérieur, et assurées de la ressource en sardines, abondantes sur les côtes bretonnes, les conserveries se multiplient.
En 1860, Nantes en compte une douzaine: La conserverie Cassegrain; La conserverie Amieux; La conserverie Saupiquet;
Et les autres:La conserverie Lebeaupin à Nantes; La conserverie Tertrais à Vertou; La conserverie l’Angevin-Tirot à Nantes; La conserverie Péneau à Chantenay; La conserverie Bouvais-Flon à Chantenay; La conserverie Chancerelle à Nantes.
Dans l’ouest de la France, 120 usines sur 180 sont sous l’influence de Nantes.
En1883 on compte à Nantes 24 conserveurs, 6 fabriquants de boites, 3 imprimeurs sur métaux, 2 fabricants de caisses.
En 1900:
Amieux passe de 2500 employés à 4000 et produit 6 millions de boites dans 8 usines, quand
Saupiquet en produit 10 millions de boites dans 9 usines.
1900 marque l’apogée de la production française de sardines et 1902 le début de la fin : les sardines désertent les côtes bretonnes et c’est la concurrence espagnole et portugaise qui prend la tête du marché. La production locale se tourne vers le thon, maquereau ou vers les légumes.
Pendant la première guerre mondiale Cassegrain et Bouvais-Flon ravitaillent en conserves de bœuf (boîtes de singe) et Carnaud fournit l’armée en quarts et en bidon.
Les conditions de travail sont très difficiles. En 1905, une sardinière travaille jusqu’à 18heures par jour. Les années 20 sont marquées par les conflits sociaux. Chez Amieux, dans les années 50, les hommes travaillent 300 heures.
De nombreuses usines ferment leurs portes. En 1960, le mouvement de concentration s’accélère, les gros (Saupiquet) absorbent les plus petits. En 1970, Saupiquet représente toute l’industrie des conserves à Nantes.
De toute cette industrie il ne reste que le patrimoine : des lieux, des noms, des savoirs-faire industriel et publicitaire que vous pouvez découvrir au musée d’histoire de Nantes.
(Source : Dictionnaire de Nantes. Conserveries. Article de Yves Rochcongar.)