Les remparts de Dieusse

Elles étaient autrefois toutes plantées de vignes, qui n'ont pas survécu à une attaque de phylloxera en 1880, nom d'un puceron ravageur arrivé en France en même temps que des nouveaux cépages américains. Le seul moyen de reconstituer le vignoble était de greffer les cépages locaux sur des sujets américains qui eux seuls étaient résistants. C'est ainsi qu'apparurent le clinton, le jacquez ou l'isabelle, tous les trois originaires des Etats-Unis; même cépages qui plus tard seront interdits par la loi au bénéfice de variétés moins chargées en alcool éthylique et surtout méthylique. Souvent, le paysan découragé a préféré abandonner ses vignes.

Les chemins royaux ont un nom prestigieux, mais ils ont été bâtis dans la peur et la douleur. Par ordonnance du Roi Louis XIV, le 28 décembre 1689, ils doivent être améliorés ou crées "afin de pouvoir faire marcher des troupes pour dissiper les assemblées (protestantes) et maintenir dans leur devoir les personnes mal intentionnées". C'est donc un réseau de 24 routes royales et un grand nombre de chemins de traverse (dont celui-ci) qui est établi pour quadriller la région. Pendant 10 ans, c'est la population cévenole qui est obligée, sous la contrainte, de réaliser ces chemins. Les 10 familles les plus fortunées de chaque paroisse doivent fournir les fonds et la population moins riche doit payer ces routes sous forme de travail obligatoire. Les récalcitrants sont condamnés aux galères !

Cette maisonnette rustique à pièce unique avait une importance sociale insoupçonnée. Apparu au milieu du XIXe siècle, le mazet répondait à un besoin profond de l'ouvrier citadin nostalgique de la terre de ses pères, ou il venait pour travailler ses vignes et ses oliviers ou faire du bois. Il peut tenir au mazet quelques lapins et volailles, stocker quelques fagots et ses outils. Le mazet est son grand projet familial, son rêve, son retour à la terre d'origine, le moyen d'oublier sa modeste condition ouvrière. Ces constructions se sont multipliées dans les années 1930. Après-guerre, beaucoup sont devenus plus confortables, agrandis pour évoluer en un lieu où l'on vient pour se reposer et se détendre en famille ou entre amis.